Avant l'heure

Chapitre 3

    Je rassemblais grossièrement mes cheveux en chignon et attrapais mon sac en glissant mon téléphone dedans.

« Je t'accompagne ? me demanda Jennyfer.
— Oui s'il te plaît ! »

  Je jetais un coup d'œil à ma montre.

« Vite, il est déjà treize heures cinquante !
— Ne t'embarrasse pas, c'est à côté. »

  Nous montèrent en voiture et roulâmes une quinzaine de minutes.

« Tu as cinq minutes de retard, désolée !
— Pas grave, tu repars ?
— Non je serais dans la salle d'attente ! »

  Nous nous précipitâmes dans le bâtiment en verre face à nous et montèrent trois étages. Je sonnais à la porte du cabinet médical et une femme d'environ une cinquantaine d'années vint nous ouvrir.

« Mesdemoiselles Donovann et Lanvoix ?
— C'est bien nous !
— Entrez ! Le Docteur Blackwolf vous attendait. Suivez-moi, dit-elle à mon intention. »

  J'hochais la tête et fis un petit signe de main à Jennyfer.

« Le Docteur a été mit au courant de votre particularité et de ce pourquoi vous êtes là, me dit-elle en ouvrant une porte. C'est ici, je vous laisse.
— Merci. »

  J'entrais dans la pièce vitrée et fermais la porte. J'avançais jusqu'au bureau face à moi et attendis.

« Mademoiselle Mya Donovann ! s'exclama une voix étrangement.. Sexy.
— Bonjour Docteur ! dis-je à l'homme venant d'apparaitre devant moi. »

  Il était à peine plus âgé que moi, les cheveux noirs en bataille, les yeux gris, une aura charismatique et un corp tout aussi attrayant.. pourquoi diable dois-je le rencontrer dans de telle circonstance ?!

« Je suis le docteur Zéro Blackwolf, enchanté !
— Moi de même.
— Donc, vous êtes ici pour une grossesse non-désirée ? demanda-t-il en s'essayant derrière son bureau.
— C'est exacte. »

  Il sembla réfléchir quelques secondes, puis dit :

« Vous avez l'air d'en être sûr. Je peux donc vous proposer ces cachets : Mifepristone et Misoprostol.
— Qu'est-ce ?
— Des pilules abortives.
— Et quels sont les effets ?
— Vous commencerais à saigner quatre heures après la prise du Misiprostol, environ et vous aurez des crampes.
— Cela dure combien de temps ?
— Certaines femmes saignent abondamment jusqu'à quarante-huit heures et des caillots peuvent sortir encore des semaines après la prise du Misoprostol.
— N'est-ce pas dangereux ?
— C'est habituel et ce n'est pas dangereux, sauf si vous utilisez plus de 2 serviettes maximum par heure pendant plus de 2 heures.
— Pourquoi ?
— Il est normal que votre corps prenne du temps pour vider complètement l'utérus, dit-il en me tendant deux pilules.
— Bien ! Merci beaucoup. »

  Il me sourit et j'attrapais les deux merveilles qui libéreraient mon corp de cette intrusion.

« Sachez que si ces médicaments ne fonctionnent pas, nous opterons pour une opération sous anesthésie ambulatoire, afin de vider votre utérus.
— C'est compris ! »

  Je me relevais et lui tendis la main, qu'il serra.

« Vous pouvez prendre la pilule Mifepristone devant moi, ou ailleurs ! Mais si vous la prenez, vous devez prendre la Misoprostol dans l'heure qui suit, car vous enclencherez l'avortement !
— Je l'a prendrais plus tard. Merci pour tout monsieur !
— Au revoir. »

  Nous nous souriâmes et je quittais le bureau.
  J'allais à l'accueille et réglais les cachets et la consultation par chèque.

« Bonne fin d'après-midi ! me dit la femme de tout à l'heure.
— À vous aussi, au revoir. »

  J'allais chercher mon amie dans la salle d'attente et nous sortâmes du bâtiment, direction la voiture.

« Alors ?
— Il m'a donné deux cachets et m'a expliqué comme cela se passait. J'ai pus poser toutes mes questions et il m'a énormément rassuré !
— Arnaud est adorable quand on le connait ! Enfaite, c'est très rare qu'il le soit sans connaître les personnes, d'habitude il est froid. Du moins aux premiers abords ! C'est aussi mon gényco.
— C'est étonnant car il n'a pas du tout été comme ça, il a tout de suite été très agréable et accueillant.
— Tu lui as peut-être tapé dans l'œil, qui sait ? me taquina-t-elle.
— Ne dis pas de bêtise ! Il a dût avoir pitié de moi, voilà tout.
— Mais n'est-il pas bel homme ?
— Il est tout à fait charmant, certes, mais je viens à peine de quitter.. Kris... »

  Elle se reconcentra sur la route et claxonna une voiture nous ayant fait une queue de poisson.

« Tu n'as pas l'air très triste... Bien que cela semble normal vu le message qu'il t'a envoyé, mais ça ne te ressemble pas. »

  Et c'était entièrement vrai, je n'étais pas triste. Je l'avais aimée, c'était sûr, mais je crois qu'au fond de moi, je l'aurais quitté avec ou sans la grossesse...

« Je ne l'aimais plus. »

  Elle acquiesça sans commenter, comme si elle s'en doutait.
  Elle gara la voiture et j'en descendis. Je récupérais mon sac à main et les deux cachets avant de me précipiter dans la salle de bain. Je laissais tomber mon sac et fermais à clef.

  Je me mis face au miroir et je réfléchis.
  Mes yeux allaient du Mifepristone, au creux de ma main droite, à mon ventre.

  En regardant le médicament je voyais le grimoire de ma vie passé se continuer. Alors qu'en regardant mon ventre, le grimoire se fermait et se désintégrait pour laisser place à un livre neuf, sans trace de vie passé.

  Si je gardais mon bébé, j'écrivais le tome deux de ma vie.. si je le tuais, le grimoire usé continuerait d'être remplit.

  La vie ou la mort ?

  " Ce n'est qu'un fœtus, un petit haricot sans cerveau.. il ne souffrira pas ! " essayai-je d'imprégner dans mon esprit.
  " Mais ne serait-ce pas magique un petit bébé ? À pouponner ? À allaiter ? À voir grandir ? " me soufflait une petite voix au fond de moi.

  De grosses gouttes d'eaux ravagèrent mon visage. Serai-je capable de le tuer ?!

  Je fixais​ une dernière fois la pilule et fermai les yeux. J'apportais​ ma main à ma bouche et avalai rapidement le médicament.

  Mes larmes redoublèrent et je me sentis sale. J'étais un monstre de tuer cet enfant !

  Je laissais passé quelques secondes, puis je pris conscience de mon geste et j'entrai deux doigts dans ma bouche puis les enfonçaient profondément dans ma gorge en serrant très fortement mes paupières.

  Je récupérais mon téléphone et bloquais mon ex.

  Je vis le grimoire de mon passé se fermer et laisser place à un nouveau livre, neuf, où les premières lignes s'écrivirent.

NOTE TRÈS IMPORTANTE :

  Bien que Mya pense être un monstre en avortant, ce n'est absolument pas mes pensées. Si vous êtes enceinte et que vous ne désirée pas le garder, avortée, vous n'êtes en aucun cas une monstruosité en faisant ça ! MAIS PROTÉGEZ-VOUS : L'AVORTEMENT N'EST PAS UN MOYEN DE CONTRACEPTION !