. 3rd Beat .

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Lola Davis

J'entrais sans même prendre la peine de sonner

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J'entrais sans même prendre la peine de sonner. Il avait la mauvaise habitude de ne jamais fermer sa porte mais aujourd'hui c'était un avantage. Mes pas rapides martelaient le sol et en entendant la porte d'entrée frapper le mur, il tourna vivement sa tête vers moi, quittant ses papiers des yeux. Assis à table, une centaine de papiers étaient éparpillés autour de lui. Il agissait normalement, comme si de rien n'était, alors que moi, j'étais dans tous mes états.

Lo' ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Seule sa voix éraillée contrastait avec son air trop serein.

Tu le savais hein ! je hurlais.

De quoi tu parles ? il fronça ses sourcils.

Qu'elle allait mourir ! Tu le savais et tu m'as rien dis !

Il ferma ses yeux un moment qui me parut durer une éternité.

Ca regardait qu'elle, si elle te l'a pas dis c'est pour une raison qui ne regarde qu'elle, il finit par dire.

Mais merde ! Elle m'a accueilli chez elle pendant des semaines ! Et personne a été foutu de me dire qu'elle allait mourir !

Les larmes dévalaient mes joues alors que j'étais assaillis par la tristesse. La première personne à m'avoir donné envie de me battre dans la vie pour obtenir ce que je voulais venais de crever il y a quelques jours et je n'étais au courant que maintenant. Je m'attendais à la voir reprendre les cours dans un mois, nous crier dessus parce que nous ne pointions pas assez nos pieds. Au lieu de ça, j'avais reçu un message qui disait seulement que la prof de danse était décédé il y a une semaine.

Il contourna la table et ses bras entourèrent mon corps secoué de spasmes.

Je sais que t'es triste, mais ça va aller, il chuchota.

J'entourais sa taille pour poser ma tête sur son torse et on resta dans cette position un long moment. Aucun de nous ne semblait vouloir briser le silence qui s'était installé. Je reniflais et m'écartais de quelques pas.

Je vais rentrer, je dis.

J'essuyais mon visage et lui fit un pauvre sourire.

Non.

Je fronçais mes sourcils.

Non ?

Non tu rentres pas. Pas dans cet état là.

Il tira la chaise face à la sienne et me força à m'asseoir.

T'as faim ?

J'hochais la tête et il partit dans la cuisine. Je l'entendais s'affairer aux fourneaux et mon regard se perdit dans le vide. Une vingtaine de minutes plus tard, il rangea ses affaires pour poser nos assiettes.

Tu sais que tu peux venir quand tu veux ici, il déclara.

Pourquoi ?

Il ne sembla pas comprendre.

Pourquoi t'es aussi sympas avec moi ? je précisais.

Parce que je t'aime bien, il haussa les épaules.

Il se remit à manger sans rien ajouter de plus, me laissant perplexe devant mon assiette.


...


Cinq ans c'étaient écoulées depuis la fois où j'avais débarqué en furie chez le brun. Je soupirais en repensant à ce moment et je fus encore plus abattue en réalisant que j'allais récupérer mon diplôme aujourd'hui et que la danseuse n'était pas là pour me voir réussir.

Tu peux fermer ma robe ? je demandais.

Son regard dévia légèrement sur mon postérieur avant de remonter vers mon visage.

T'es superbe.

Merci, je souris.

Ses yeux bleus, que j'avais finis par apprivoiser avec le temps, plongèrent dans les miens et il embrassa ma joue.

On va être en retard, il dit en m'entraînant à sa suite.

Je récupérais rapidement mon sac et mon téléphone et il referma la porte de l'appartement derrière nous. Mes yeux passèrent sur l'étiquette collée à la sonnette. Nos deux noms étaient accolés. On avait finit par se prendre un appartement ensemble, à force de passer notre temps ensemble. Pourtant, quand j'y réfléchissais, je savais qu'il ne me voyait que comme une petite sœur, une enfant, comparé à lui. Alors je prenais mon rôle au sérieux.

Alpha et 2zer nous attendent en bas, je dis en regardant mes messages.

On prit l'ascenseur et je souris en le voyant m'observer.

J'espère que t'es fière de toi, il me dit.

Oui, plus que fière.

T'as regardé le contrat que t'as reçu y a deux jours ?

Pas encore, j'ai même pas vu celui pour TF1 encore.

La star, il se moqua. T'as plus le temps pour nous presque.

Bien sûr que si !

C'est l'anniversaire du fils à Deen demain d'ailleurs, il me prévint.

Je sais, je l'ai noté sur le calendrier.

Il hocha la tête et on quitta l'immeuble pour rejoindre les rappeurs.

Elle s'est mise sur son trente-et-un la petite ! s'amusa 2zer.

C'est pas tous les jours qu'on reçoit un diplôme, je ris.

Alpha démarra et on se rendit dans la bonne humeur jusqu'à l'académie. Les autres nous attendaient devant. Ils m'avaient adopté dans leur famille et à chaque moment important de ma vie, ils avaient été présents. Leurs traits étaient tendus, devant l'immense devanture de l'école. Deen semblait le plus mal à l'aise à l'idée de revenir là.

Vous êtes pas obligés de rentrer, je leur dis.

Si, répliqua le barbu. On doit le faire, pour toi, et pour elle.

Il me sourit tendrement et j'hochais la tête. Aucun d'eux n'avait remis les pieds ici après la mort de la danseuse. J'avais parfois l'impression de prendre sa place, ce qui me mettait mal à l'aise.

Aller, on va vraiment être en retard sinon.

Doums posa ses mains sur mes épaules et me poussa vers l'intérieur.

Saturne | Histoire Courte |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant