Doux cauchemars

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3 : 55.
Plus que 3 : 05 heures de sommeil avant que mon réveil ne sonne et me rappelle que je dois aller en cours. Et évidemment, au lieu de profiter de ce temps pour me reposer, je suis réveillée à cause de ce cauchemar. Encore et toujours le même rêve terrifiant où des dizaines de personnes gisent à mes pieds, sans vie, tandis que je me retrouve seule tapie dans un coin, un sang rouge de vice tapissant mes vêtements. Pourtant, je suis persuadée de ne rien avoir fait de mal et les larmes roulent sur mes joues quand mon regard parcours tous ces corps à terre. Puis je me réveille, encore toute tremblante et les joues mouillées par mes récents pleurs.
Et c'est comme ça toutes les nuits. Ensuite, impossible de me rendormir avant au moins une bonne heure. C'est pourquoi cette nuit, malgré le règlement stricte qu'est celui du lycée Lutwidge, je décidais d'aller me changer les idées en parcourant un peu les couloirs de l'école.
Je commençais par l'étage des chambres des filles, puis descendais l'escalier principal qui menait aux salles de classes des secondes avant de totalement me laisser guider par mes pas et me perdre dans ce dédale de couloirs. Après un petit quart d'heure de marche, je me décidais à regagner ma chambre. Seule ombre au tableau : j'étais à l'opposé de ma destination. A force de marcher sans but, j'étais désormais dans le dortoir des garçons, et de légers ronflements me confirmaient cette hypothèse.
Bravo (t/p), c'est bien toi tout craché ! Je m'apprêtais donc à repartir à la recherche de ma chambre quand j'entendis, parmis le silence (et les quelques ronflements) une respiration étouffée, comme si quelqu'un essayait de camoufler des sanglots. Je parvins rapidement à identifier la chambre d'où provenait ce bruit et toquais doucement à la porte. Quitte à ne pas pouvoir me rendormir en revenant à ma chambre, autant profiter de mon temps pour réconforter cette âme en peine.

- " Excuse-moi, j'ai cru entendre que tu n'allais pas bien... Je peux t'aider ? " Chuchotais-je.

J'attendis donc quelques secondes devant la porte avant que quelqu'un ne vienne m'ouvrir le plus discrètement possible. Qu'elle ne fût pas ma surprise quand je me rendis compte que l'auteur de ces pleurs n'était autre que mon meilleur ami, Elliot Nightray. Lui qui paraissait d'habitude si confiant essayait maintenant de contenir ses tremblements, avait les yeux totalement rouges et les traces sur ses joues témoignaient du passage de nombreuses larmes.

- " Elly ? ! Demandais-je, incrédule. Mais qu'est-ce que tu as ? "

Il detourna le regard sans me répondre avant de tenter de fermer la porte. Mais c'était sans compter sur mon pied qui vint bloquer cette dernière.

- " Arrête de faire le fier et dis moi plutôt ce qui ne va pas. "

Ma remarque lui fit relever les yeux à ma hauteur, puis il me fit doucement signe de rentrer. Quelque peu hésitante, je fini tout de même par me glisser à l'intérieur de la chambre du Nightray.
Je pu alors remarquer que son lit était totalement défait, mais pas comme si quelqu'un y avait dormi. Là, ça ressemblait plus aux ruines d'un vaillant affrontement contre la couette... Mais je décidais de passer outre ce détail, m'asseyais sur ce fameux lit et l'invitait à faire de même en tapotant délicatement le matelas à côté de moi. Il referma la porte sans bruit avant de s'exécuter, prenant soin de mettre de la distance entre nous.
Je vis bien qu'il était gêné de la situation. Depuis que l'on se connaissait, (c'est-à-dire depuis près de 10 ans maintenant ) c'était la première fois que je le voyais si fragile. On aurait dit un enfant ayant uniquement besoin d'être rassuré. Chose que je n'avais jamais faite auparavant, je me levais et il me suivit du regard le temps que je vienne me mettre en face de lui. Puis, je me penchais à sa hauteur afin de placer une main dans son dos et l'autre derrière sa tête, appuyant légèrement dessus pour quelle vienne reposer dans le creux de mon cou. Il se laissa faire et je sentit alors les secousses qui agitaient encore légèrement ses épaules se calmer, jusqu'à disparaître entièrement. Puis, je lui murmurais :

- " Tu sais Elliot, tout le monde à besoin d'une épaule sur laquelle se reposer. Toi aussi tu y as le droit, alors si jamais quelque chose ne va pas, n'hésite surtout pas à venir me voir. Que tu veuille me parler ou simplement que je t'enlace comme à l'instant, je serai toujours là pour toi. C'est compris ? "

J'obtins pour unique réponse qu'il passe ses bras à son tour autour de moi avant de me rendre mon étreinte. Je prendrais ça comme un " oui ".
Ah vrai dire, ça me faisait plutôt plaisir qu'il ne m'ait pas rejetée. Elliot n'avait jamais été un simple meilleur ami pour moi. Il était...Beaucoup plus. Mais je n'avais jamais eu le courage de le lui dire, de peur de briser le lien qui nous unissait.

- " Dis (t/s)... "

Sa voix était encore un peu faible mais on sentait qu'il se reprenait. Je m'écartais un peu de lui puis pris ses mains dans les miennes avant de lui répondre :

- " Oui ?
-Si je te dis que je suis dans cet état là à cause d'un... Rêve... Tu me crois ? "

Alors lui aussi faisait des cauchemars aussi dérangeant que les miens ? Même si c'est un peu méchant de dire ça, j'étais heureuse de ne pas être la seule dans ce cas. Mais voir Elly dans un tel état me faisait vraiment de la peine.

- " Oui, je te crois totalement. Je dirais même que je te comprends, j'étais dans la même situation il y a à peine 20 minutes...                                                                                                               -....C'est vrai ? Tu ne dis pas ça pour te moquer de moi ?..."

En disant cela, il avait fait glisser son regard au niveau de nos mains avec une pointe de tristesse.

- " Tu pense vraiment qu'à cet instant précis j'ai envie de me moquer de toi ? "

Il releva alors ses iris bleues et vint les planter dans les miennes sans rien dire. C'était comme si l'on se comprenait simplement à travers notre regard, sans avoir besoin de nous parler. Je lui faisais comprendre qu'il pouvait tout me dire sans crainte et il acquiesçait silencieusement.

- " Alors, tu me le raconte ce cauchemar ? "  Finis-je par lui demander, un léger sourire aux lèvres.

Il m'expliqua alors quelque chose que j'eu beaucoup de mal à croire. Son rêve était en tout point similaire au mien. Les corps au sol, le sentiment d'impuissance, les habits couverts de sang et pourtant cette foi d'être innocent. Tout correspondait. C'était comme si nous avions fait ce rêve ensemble, que nous l'avions partagé.
A l'évocation de ces passages, je me mis à frémir involontairement et ma vue se troubla petit à petit. Je revivais ces moments en même temps qu'il les racontait. Lorsqu'il s'aperçut qu'une larme s'était échappée pour venir rouler sur ma joue, il se stoppa net dans son récit.                                

- " (t/p), tu... Pleure ? " 

Je m'essuyais rapidement l'oeil du revers de la manche en lui assurant que ce n'était rien et qu'il pouvait continuer. Mais à la place, il m'attira soudainement contre lui avant de m'enlacer fortement.

- " Si ça vaut pour moi alors c'est valable pour toi aussi."

Je fus d'abord surprise par cette réaction, puis me laissais aller et lâchais un sanglot dans ses bras, lui expliquant la raison de ce dernier.

- " Alors toi et moi on est vraiment connectés...         
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?  Lui demandais-je sans comprendre
-Et bien depuis tout petit, je pense qu'il y a une sorte de lien spécial entre nous. Si l'un de nous deux est malheureux, alors l'autre l'est aussi, même sans nous consulter. Il en va de même pour la joie. Et maintenant on fait les mêmes rêves... Je pense que c'est un signe du destin, on est fait pour être tous les deux réunis. "

Je ne savais que dire. Je pensais exactement la même chose et le dire à haute voix n'aurai servit à rien. Je me contentais donc de resserrer mon étreinte autour de lui comme signe d'approbation. Puis je lui posais la question qui me brûlait désormais les lèvres.

- "  Dis Elly... Je peux dormir avec toi ce soir ? Je n'ai vraiment pas envie de me retrouver seule dans ma chambre, j'ai trop peur de refaire cet horrible... Cauchemar...
-Bien sûr que tu peux mais à une condition ! Me retorqua-t-il, une pointe de malice dans la voix
-Tout ce que tu voudras ! 
-Que tu me serves de doudou !  Moi non plus je n'ai pas envie d'être seul ce soir... "

Il s'allongea alors sur le lit en  me faisant signe de venir dans ses bras, ce que je me hâtais de faire. Blottie ainsi, j'étais certaine de passer une nuit bercée de rêves plus doux les uns que les autres...

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 20, 2018 ⏰

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Elliot Nightray x reader {one-shot }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant