Année : 2040, quelques semaines après la disparition de son fils
Fou de chagrin, le scientifique abandonna toute prétention de rationalité.
Lui, l'homme qui avait toujours défié les limites de la science, sombrait dans une spirale d'autodestruction. Ses mains, autrefois précises et méthodiques, tremblaient désormais sous le poids d'une colère qu'il ne pouvait diriger contre personne.
« Si je ne peux pas voir mon fils, alors mes yeux ne servent plus à rien. »C'est dans cet état second qu'il prit la décision irrévocable et dans un acte de désespoir brutal,
il s'arracha les yeux.
Le processus ne fut ni rapide ni précis.
Il endura une douleur insoutenable, ses cris résonnant dans le vide de la maison.
Ce n'était pas seulement un sacrifice, c'était une punition, un châtiment qu'il s'infligeait pour avoir échoué. Son visage, désormais marqué par des cicatrices irrégulières, était une vision de chaos, reflet parfait de son état intérieur.Aveugle, défiguré, et à moitié fou, les jours qui suivirent furent un mélange de délire et de lucidité instable.
Dans un éclair de cette dernière, il eut un semblant d'idée pour retrouver son fils ; mais la perte de ses yeux composait un trop grand obstacle.
Il conçut alors un plan pour se "réparer".
Il n'était pas chirurgien certes, mais il était ingénieur. Alors, il mobilisa ses compétences pour concevoir des machines capables de l'assister à cet effet.Pendant des semaines, il travailla à tâtons, s'appuyant sur des systèmes de commande vocale et des interfaces qu'il programmait lui-même.
Anaïka utilisa ces machines pour fixer un prototype rudimentaire de lunettes technologiques directement sur ses nerfs optiques. Ce système, bien que grossier, était capable de convertir des impulsions nerveuses en signaux visuels, lui offrant une vision synthétique.
Il programma les lunettes pour projeter une ligne bleue oscillante, simulant l'activité de son cerveau, comme une signature numérique de son être.Mais le chagrin ne s'était pas tu. Sa bouche, selon lui, n'avait plus de rôle à jouer. Il ne pouvait plus crier, plus expliquer l'inexplicable, plus appeler son fils.
Pour Doc Anaïka, parler n'avait plus de sens.
Dans une nouvelle crise de lucidité délirante, il décida de "sceller" sa bouche comme on scelle un coffre contenant des secrets trop sombres. Il cousut une fermeture éclair à même le tissu d'une cagoule qu'il créa. Cet artefact incarnerait son silence volontaire.Cette fermeture éclair avait une fonction utilitaire : elle lui permettait de cacher la partie inférieure de son visage, mutilée et marquée par son auto-opération. Mais plus profondément, elle symbolisait son renoncement à toute communication verbale, comme une forme de pénitence.
Avec son visage dissimulé derrière cette cagoule, ses yeux artificiels illuminés, et sa bouche scellée par une fermeture éclair, Doc Anaïka n'était plus un homme.
Il était devenu une créature façonnée par la douleur, la science et la folie. Cette transformation, loin d'être une simple métamorphose physique, était une déclaration de guerre contre le monde qui lui avait pris son fils.Anaïka ne se voyait plus comme un humain. Il se percevait comme une machine, une extension de ses créations. Et il savait que pour mener à bien son ultime projet il devait transcender tout ce qui le rattachait à son ancienne vie.

VOUS LISEZ
Azkøfen - The storyline
Science FictionAnnée : 2040 Dans une maison isolée, loin des villes et des foules, vit Negen Anaïka, un génie de l'ingénierie et des technologies avancées. C'est en ce même lieu qu'il poursuit des recherches personnelles, dans son laboratoire où il pousse les li...