Elle peut pas m'aimer.
On n'm'aimait pas quand j'étais belle. Pourquoi est-ce qu'on m'aimerait maintenant qu'j'suis laide ?
J'vais la briser.
J'l'embrasse.
Froidement.
J'écrase mes lèvres abimées par la vie sur les siennes. Pures et innocentes.
Elle me repousse.
Se débat. Puis s'abandonne.
Quand j'la relâche. Elle me gifle.
Décidément. Elle cogne plus vite qu'elle ne parle cette fille.
« Tout d'suite, la fiancée de Frankenstein, elle te fait vachement moins rire ! »
Elle ne crie pas. Ne m'insulte pas. Ne pars pas en courant.
Elle se contente de m'regarder droit dans les yeux.
Avec son p'tit regard prétentieux.
« Il ne faut pas s'y prendre ainsi. »
Elle essaie d'glisser ses doigts dans les miens.
J'recule.
J'veux pas d'sa pitié. Ni d'son amitié.
Elle veut juste s'donner bonne conscience.
Cette petite pute ne m'aurait jamais tendu la main dans d'autres circonstances.
« Ce n'est pas en repoussant le monde entier que ton cœur cessera de saigner. »
J'sais pas quoi lui dire. J'voudrais juste fuir.
« Tu comprends rien, ils me jugent. Ils se moquent. Et toi, t'es sans doute pas différente des autres. »
J'voulais lui faire peur. Lui faire regretter d'm'avoir approchée.
Mais j'suis tombée dans mon propre piège. J'suis la mouche et elle, l'araignée.
« Quand tu auras compris que ta vie n'est pas si pourrie, appelle-moi. Je serai ravie de devenir ton éclaircie sous la pluie. »
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Écor-Chérie
Short StoryPlus personne ne regarde Ophélia depuis son accident. De toute façon, elle n'en a rien à foutre des autres et de leur pitié d'merde.