Défigurée.
Plus d'paroles joliment tournées pour vanter ma splendeur.
Plus d'poèmes. Plus d'vers.
Plus d'regards enjôleurs. Timides. Dévorants.
Plus d'baiser mouillé. Ni de baise enragée.
Elle n'existe plus, celle que j'étais.
Envolée dans les flammes d'ma Porsche Cabriolet toute cabossée.
J'y peux rien si toute ma vie est partie en fumée.
À cause d'cette connasse qui avait un coup dans l'nez.
J'vous vois détourner les yeux quand vous m'croisez sur le trottoir. Dans un café. Au boulot.
Vous vous d'mandez c'qui a bien pu s'passer.
Vous vous dites « elle devait être bien jolie, avant. » puis vous vous félicitez d'votre petite vie de merde. Finalement, ça pourrait être pire. Vous pourriez m'ressembler.
J'vous hais. Vous et vos regards plein d'pitié. Comme si l'monde s'arrêtait d'tourner parce que j'rentre plus dans vos critères de beauté.
J'vous hais. Vous, votre existence et vos bébés parfaits.
J'étais la définition même d'la Magnificence avant qu'votre réalité n'vienne fracasser la mienne sur le pavé.
J'avais une vie. Un monde. Des amis.
J'étais heureuse. Brillante. Lumineuse. Emprisonnée dans cette jeunesse dorée.
J'vivais dans le luxe. La poudre dans les narines. L'alcool dans les veines.
J'n'avais pas à demander, je prenais. Et je prenais tout.
J'étais vivante. Plus que vous ne l'serez jamais. Bande de moutons, enfermés dans votre routine. Métro, boulot, dodo. Moi j'baisais. J'me donnais. J'criais. J'riais.
Vivez, mais pas trop. Prenez du plaisir, mais pas trop. Aimez, mais pas trop. Et surtout fermez vos putains de gueule. C'est comme ça qu'on vous a éduqués.
Moi, j'étais libre.
Jusqu'à c'que j'croise votre route.
Jusqu'à c'que j'm'éclate sur cette route.
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Écor-Chérie
Historia CortaPlus personne ne regarde Ophélia depuis son accident. De toute façon, elle n'en a rien à foutre des autres et de leur pitié d'merde.