À chaque fin son début

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Il faisait un froid de canard. Caroline s'en souvient encore, bien qu'elle n'ait jamais été frileuse. Elle avait passé une grosse partie de la journée dans les vagues méditerranéennes de son petit coin de paradis: la mer. C'est en se frictionnant méthodiquement les mains, qu'elle attendait le bus qui la ramènerait chez elle où de nombreux calculs interminables l'attendaient. Elle ne voulait pas faire attendre ses chères mathématiques. La température extrême commençait à lui piquer les joues. Elle s'inquiéta. De moins en moins de voitures circulaient sur la nationale face à elle.

Son caractère mature lui souffla qu'elle se faisait des idées, mais son coeur lui intima qu'il devait se passer quelque chose de terrible. Puis pourquoi ce froid glacial en septembre ? Il était vrai que la mer avait été très agitée dans la matinée. Une alerte tempête avait-elle été lancée ? Peu probable.

Caroline à cette époque s'intéressait très peu à la politique. Elle préférait se plonger dans ses nombreux cours de sciences. Ce n'était pas pour rien qu'elle était depuis peu détentrice du fameux «bac S » depuis quelques mois. Elle n'en était pas peu fière.

Son avenir se profilait peu à peu dans les ténèbres que lui avaient laissé ses ancêtres, une terre dévastée, des générations anéanties. Caroline avait la conviction qu'il y avait moyen de changer tout cela.

«Caro !»

Elle se retourna et son coeur fit un bond lorsqu'un grand châtain lui attrapa précipitamment la main pour la tirer vers la plage.
«Tu es folle ou quoi ?!
-Qu..'
-Ton portable... Tu n'as pas vu les message de tes parents ?!»
Il ne lui laissa pas le temps de vérifier ses dires et l'entraîna derrière un vieux 4x4 rouge.

Caroline hésita entre s'enfuir et se réfugier contre lui. Elle se concentra sur le regard pâle de son ami. Il cherchait désespérément quelque chose dans son sac à dos.

«Ils ont réussi à prendre un train pour la Russie.
-Paul...
-Je suis sérieux Caro. On est dans le pétrin.»

Le coeur de la brune s'emballa à nouveau et elle baissa le regard vers les mains tremblantes du jeune homme. Il était âgé de 21 ans, tout juste trois ans de plus qu'elle.

«Il y a eu une alerte. Toute la région a été évacuée. En fait, une grande partie du pays a été évacuée et l'Espagne, l'Italie, aussi.
-Une tempête ?
-Non. Une attaque.
- Une attaque ? C'est de la folie.»

Elle se leva et s'apprêta à s'éloigner, persuadée qu'il se moquait d'elle. Il la rattrapa précipitamment et une détonation se fit entendre.
«C'était quoi ça ?! s'exclama-t-elle au bord de la panique.
-Le début de nos problèmes.»

OoOoOoO

Lison dansait énergiquement sur sa musique préférée. De l'énergie, elle en avait à revendre. Elle imite les paroles, sans vraiment se soucier du sens et elle gesticule de manière pas si harmonieuse que cela. Elle est hyperactive. Ce n'est pas de sa faute.

À sa droite, sa meilleure amie fait mine de ne pas la connaitre, malgré leur dix ans de déboires communs.
Aglaë a 19 ans, c'est une jolie brune à la peau pâle, parsemée de tâches de rousseurs. Plongée dans son téléphone, elle cherche désespérément à se connecter à internet. Elle n'a plus de réseau depuis plusieurs minutes, et impossible de savoir ce qu'il se passe dans le monde. Cette situation l'angoisse à un plus haut point.

«Mais lâches ton téléphone un peu Aggie !!!»
La châtain saisit l'objet en question et fit mine de lui confisquer. Aglae se retint à grand peine de lui bondir dessus. Elle se demandait comment une telle énergumène pouvait être le génie de la physique qu'elle était.

Peu de monde supportait Lison, et bien qu'Aglaë pouvait se révéler être aussi exubérante que son amie, elle était aussi bien plus jolie et mature que cette dernière. Les garçons hésitaient moins avant de lui adresser la parole.

«Merde Lis'! Arrêtes ça ! Tu vois pas qu'il y a un soucis ?!»
La brunette balaya le parc du regard. Le parc vide, habituellement bondé, même dans ce coin perdu de paradis.

«Tu ... C'est juste que les gens sont trop fatigués pour venir, voilà tout !
-Ne fais pas l'idiote.
-Dis donc tu n'as pas pensé à une épidémie massive quand même ? Non pire ! Une invasion de zombies !»

Aglaë secoua la tête, blasée. Lison soupira et finit par retirer ses écouteurs.
L'air était plutôt frais, mais les deux amies avaient profité de ce matin de décembre afin de se promener tranquillement après les cours. Les facultés de science politique et l'école de sciences physiques n'étaient pas loin.

«En parlant de zombies, tu sors toujours avec cet abruti de Lukas ? Lança la brune Aglaë, le plus naturellement du monde.
- C'est.... Oublies.» souffla la châtain dont le sourire se fana instantanément. Sa meilleure amie connaissait les manières les plus efficaces de la blesser, et ne s'en privait pas.

Bien vite, Lison retrouva sa joie de vivre et chassa les idées noires qui l'assaillaient sans cesse.

Mais le revirement ne fut pas de longue durée : quelques kilomètres plus loin, une explosion retentit, secouant la terre sur tout le département. Les deux amies chutèrent au sol. Lison lâcha un juron quand Aglaë perdit connaissance.

Le mur de pierre qui délimitait le parc s'écroula, le ciel devint progressivement noir. Il faisait une nuit sans étoiles, à 17h ce jour là.

OoOoOoO

«Andrew ! Bouges tes fesses!» Hurlait sa mère à travers la fenêtre du train. Mais il ne l'entendait pas. Elle aurait voulu aller le chercher elle-même, mais il était impossible de sortir.
Elle paniqua intérieurement. Et s'il ne parvenait pas ? Réussirait-il à survivre en pleine nature, malgré les bombes et l'hiver ?

Impossible. Elle connaissait bien son fils. Il n'avait aucune chance, livré à lui même. La débrouillardise lui faisait défaut, tout comme le courage et tout ce qui fait d'un héros, un héros.

«Laissez-moi passer, ordonna l'adolescent en tendant au contrôleur son ticket qui accessoirement, valait une fortune.
-Impossible.
-Pardon ?
-Le train est complet.
-Mais ... et moi ?!
-Débrouillez vous pour rester en vie jusqu'au prochain train.
-C'est le dernier !
-Tant pis.»

Le contrôleur verrouilla les porte, délaissant le châtain, penaud à l'extérieur. Andrew aurait eu envie de pleurer, de rentrer de force, mais les mots lui échappaient. Sa famille était à l'intérieur. Ses dernières chances de bonheur, aussi.

Il regarda s'éloigner le train, la mort à l'âme...

OoOoOoO

Aaron détestait les sociabilités. Il détestait les filles qui lui couraient derrière pour ses muscles et son côté «mystérieux» . Il détestait aussi celles qui le fixaient comme bête de foire. Il détestait ceux qui s'en moquaient, de lui et ceux qui le considéraient comme proche. Il n'était proche de personne. À part de Andrew.

Mais c'était différent.

Andrew, c'était sa victime universelle, sa chose, son délire, mais aussi le seul qui parvenait à refouler ses pulsions meurtrières.

Aaron n'était pas un homme calme. À 18 ans il avait déjà un casier judiciaire qui ferait frissonner plus d'un. Pourtant, grace aux connaissances de son père, il avait réussi à intégrer la faculté de droit.

L'idée de devenir avocat lui plaisait. Ce n'était pas un moyen de se repentir... Mais plutôt un moyen d'aider les gens comme lui : les criminels.

Un bruit puissant le sortit de ses pensées, et un sourire immense recouvrit ses lèvres. Que la fête commence.

Les Étoiles Avaient RaisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant