J'ai vécu les dix sept premières années de ma vie tranquillement, j'étais assez douée au lycée, assez belle d'après ma famille même si au lycée, je n'étais pas aimé, je suis une adolescente de dix sept ans, blonde aux yeux verts, je mesure 1m65 et je pèse 55 kg. J'étais assez mature pour mon âge, je ne m'entendais avec personne dans ma classe et ne cherchais pas à avoir des amis. En seconde, je suis sortie avec un garçon qui me menait par le bout du nez, il m'a humilié après seulement une semaine, après avoir découvert ma vie. Tout a commencé le 17 juillet 2004, j'avais alors 10 ans, mon grand frère était à mes côtés, dans une voiture noire, assez classe. Mon père conduisait et il parlait avec ma mère de notre destination. Nous étions en route pour la mer méditerranée, je n'y était jamais allée et je n'y suis jamais arrivée. Alors qu'on arrivait à un rond point, j'ai entendu plusieurs détonations, j'ai cru pendant quelques secondes que ce n'était que des chasseurs puis, j'ai vu mon frère s'écrouler, mon père criait à ma mère de se réveiller, il a donné un gros coup de volant sur la gauche, j'ai donc levé mon bras droit pour m'accrocher mais une balle est venue se loger dans mon avant bras. Je n'entendais que mon père qui me suppliait de ne pas l'abandonner, il n'y avait plus de détonations. Je lui ai souris une dernière fois et je me suis effondrée.
Je me suis réveillée deux ans plus tard. Mon père est resté à mon chevet pendant deux ans, il ne m'a pas abandonné mais, à mon réveil, quand je lui ai demandé où étaient ma mère et mon frère, il ne m'a pas répondu, il est partit en courant pour ne jamais revenir. Les médecins m'ont annoncé une semaine plus tard que ma mère n'avait pas survécu à ses blessures lors de l'accident mais que mon frère avait été sauvé et qu'il était actuellement injoignable. Mon père s'était suicidé en me laissant une simple lettre ou plutôt une simple phrase :
" Je suis désolé, je t'aime, ne l'oublie pas. "
Mon frère, qui avait maintenant 21 ans, pouvait vivre sa vie seul, puisqu'il ne répondait pas au téléphone et aux mails, le médecin qui s'occupait personnellement de mon cas m'a trouvé une famille d'accueil merveilleuse. Ils ressemblaient à ma famille, ils avaient un fils de 12 ans qui me rappelait mon frère, ma mère adoptive avait les mêmes yeux marrons que ma mère et mon père adoptif lui ne ressemblait pas à mon père, il faisait beaucoup d'activités sportives avec son fils. Je me souviens encore des sorties aux parcs d'attractions, nos week end de pêche et de cuisine. Ils sont partis en Angleterre après deux ans passés avec moi, j'étais obligée de rester en France puisque le psychologue que je voyais toutes les semaines trouvait que le changement serait trop dur pour mon état moral. De même, mon médecin s'était aussi opposé à ce déménagement puisqu'il s'occupait des exercices, que je ne pouvais pas réaliser, pour mon avant bras, qui était inutilisable.
Ma deuxième famille d'accueil était très différente de la première, ils ne m'avaient adopté que pour une seule raison, l'argent qui leur était versé chaque mois. Après seulement un mois passé avec eux, j'ai appelé la police mais quand l'homme a décroché, mon père adoptif se tenait devant moi, un fusil sous le bras, il m'a dit en raccrocher et je l'ai fait. Il m'a ensuite menacé en pointant le bout de son fusil sur ma gorge, en me disant que si je recommençais, il n'hésiterait pas à me tuer, je n'ai jamais réessayer.
Un an et dix mois sont passés depuis cet incident, je prenais mes cours par correspondance chez moi puisque je n'avais pas le droit d'avoir des amies pour ne pas révéler ma vie. Des fois, quand je m'ennuie, je me couche dans mon lit et je m'imagine allant avec mon frère au lycée. Mon ancienne vie me manque tellement... À chacun de mes anniversaires, je dessinais un portrait de mes parents et de mon frère pour les garder toujours auprès de moi.
Aujourd'hui, deux personnes viennent voir si tout se passe bien, elles sont déjà venues une fois et n'ont pas remarqué que mes "parents" adoptifs ne me nourrissaient pas suffisamment, qu'ils consommaient des substances illicites et que des bouteilles d'alcool étaient cachées dans une dizaine de meubles. Il était 8h du matin et les deux femmes arrivaient à 8h30. Je partis prendre ma douche rapidement, j'enfilais une robe mauve arrivant au milieu de mes cuisses. Elles faisait ressortir mes longues et fines jambes, j'accrochais mes cheveux blonds en queue de cheval qui retombait au milieu de mon dos. Je partis dans ma chambre mettre un peu de fond de teint ainsi qu'un trait d'eyelinner et du mascara. Je repartis en direction de la salle de bain pour brosser mes dents mais sur le chemin, je croisais mon "père" adoptif.
- Tu te souviens de ce que tu dois faire ? Je te promets que si tu tente quelque chose, je te retrouverais personnellement et je ferais de ta vie un enfer ! Compris ?
Je ne lui répondis pas mais hochais simplement la tête puis essayais de partir mais il me prit fermement le bras et me colla contre le mur, il mit mon bras, qu'il tenait toujours, au dessus de ma tête et commença avec son autre main à lever ma robe. Des larmes commençaient à arriver dans mes yeux.
- Si tu ne fais pas ce que je t'ai dis, j'irais plus loin que quelques atouchements.
Dès qu'il me relâcha, je partis dans la salle de bain, il me restais cinq minutes, j'essuyais mes yeux en essayant de faire le moins de dégats possibles. Après m'être brossée les dents, je sortis de la salle de bain et à ce moment là, j'entendis quelqu'un frapper à la porte. Je descendis rapidement et j'entendis les deux femmes parler avec mes "parents" adoptifs, je reconnaissais les voix des deux femmes, je ne les avais pas oublié puisque c'était les deux dernières voix que j'avais entendu après mon adoption.
Quand elles me virent, l'une d'elle me demanda de la suivre dehors tandis que l'autre demandait à mes "parents" de la suivre dans la cuisine. Je pris rapidement mes balerines et les enfilais pour ensuite suivre la femme, elle s'appelait Cathia, elle avait des cheveux bruns et des yeux verts et elle était plutôt protectrice. Elle se dirigea vers un parc donc je la suivais sans rien dire, c'est elle qui commença à parler.
- Tu sais Karen, je ne vais pas te mentir, j'ai remarqué la première fois que je suis venue les yeux rouges de tes parents, je leur ai signalé mais ils m'ont payé pour ne rien dire. Je veux que tu me réponde franchement, est-ce qu'ils te battent ou quelque chose comme ça ?
J'étais étonnée par ce qu'elle venait de m'avouer. De toute façon, je ne pouvais rien lui dire, ils l'apprendraient par je ne sais quel moyen et je paierais de ma vie. Dans 14 mois je pourrais m'en aller, je pourrais avoir une vie tranquille, seule.
- Non ils ne me battent pas, ils étaient juste stressés à cause de votre visite.
- Ok, je te crois, tu sais que des nouveaux voisins ont emmenagé à côté de chez toi ? Ils habitent la maison à gauche, tu devrais aller les voir.
- Je ne le savais pas, j'irais leur souhaiter la bienvenue si j'ai le temps aujourd'hui.
- Ok, rentrons, ils doivent nous attendre.