Out of control - Bobby

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– « Oh, Jiwon ! Tu pars déjà au travail ? » s'écrit Chanwoo juste derrière moi. Je me retourne rapidement pour lui faire face et le saluer d'un geste de la main. Chanwoo est mon nouveau voisin, nous habitons tous les deux dans le même immeuble, juste en face l'un de l'autre. Nous nous sommes rapidement liés d'amitié depuis que nous nous sommes croisés dans les escaliers du bâtiment. Il montait tranquillement les escaliers lorsqu'un voisin peu aimable l'a bousculé. J'avais beau insister pour que l'homme lui présente ses excuses, celui-ci a simplement ignoré mes paroles me regardant comme si j'étais le premier des fous... Cela fait déjà un mois qu'il est arrivé ici mais je n'ai jamais osé lui poser la moindre question sur son emménagement. Je sais juste qu'il vit ici avec sa grand-mère qui était auparavant complètement seule. Désormais, il me dit prendre soin d'elle et de sa santé, il sait qu'elle n'a plus beaucoup de temps à vivre. C'est un garçon vraiment adorable, je l'admire beaucoup, il semble très mature pour son jeune âge.

– « Ah tu viens de rentrer, toi ? » demandais-je d'un sourire tout en continuant de marcher à reculons. Chanwoo hoche activement la tête avant de me souhaite de passer une bonne nuit et de bien travailler. Je travaille de nuit depuis un mois. Avant ça, j'étais serveur dans un restaurant indien. J'aimais ce travail mais après mon traumatisme, j'ai choisi de couper contact avec la société, trop déçu par son comportement et l'ignorance qu'elle porte à ceux qui ne vivent pas tranquillement. J'ai eu un accident il a huit mois. Un enfoiré, sûrement complètement saoule, m'a renversé en pleine nuit et a choisi de prendre la fuite au lieu de me venir en aide. On ne l'a jamais retrouvé, à croire que les caméras de cette ville ne sont là que pour décorer nos rues et gaspiller notre argent... Je suis resté dans le coma pendant plus de quatre mois puis sans réellement savoir pourquoi mes yeux se sont ré-ouverts. J'ai du rester vivre à l'hôpital pendant environ trois mois avant d'avoir l'autorisation de sortir. Ma rééducation a été longue et douloureuse. N'ayant plus de famille, j'ai du me motiver tout seul pour réussir à m'en sortir. Les médecins me qualifiaient de cas particulier parce que je suis soit-disant mort pendant plus de dix minutes le jour de mon accident, et sans aucune raison, mon cœur s'est remis à battre sans que l'on ne s'y attende. Depuis ma remise en liberté, je travaille en tant qu'homme de ménage dans un lycée du centre-ville. J'ai toujours préféré travailler la nuit, parce qu'on a moins de pression et de bruit à supporter. J'aime me retrouver seul et entendre le son de la solitude me flotter autour. Parfois, le gardien de l'école vient me tenir compagnie, histoire de discuter un peu mais nous sommes tous les deux bien trop silencieux pour tenir une conversation de plus d'un quart d'heure. J'aime mon travail et j'aime ma vie telle quelle même si...cet accident a changé ma vision du monde. J'ai l'impression que je me dois d'accomplir quelque chose, que je dois trouver le but, le sens qui me poussera à vivre ma vie pleinement. C'est un cadeau de Dieu de m'avoir ramené sur Terre, cependant...je ne sais réellement comment profiter de cette chance. Elle me semble bien trop précieuse, bien trop importante pour que je m'essaye à la gâcher. Des millions de personnes meurent chaque jour, alors...pourquoi moi ? Qu'avais-je fais pour mériter une seconde chance, moi qui était seul et imbu de ma personne ? Malgré le fait que mon quotidien n'ait toujours aucun objectif, je prends un maximum de plaisir dans tout ce que je fais. Je me suis pris une sorte de passion pour faire les courses ou pour faire le ménage, alors je le fais avec le sourire chaque jour que je vis.

– « Tu chantes bien. » énonce une petite voix aiguë. Je sursaute ne m'attendant pas à tomber sur quelqu'un à presque trois heure du matin un mercredi soir mais surtout, dans l'établissement scolaire. La serpillière en main, je m'arrête de frotter le sol pour admirer la beauté de la jeune fille qui vient de m'interrompre. J'ai pris pour habitude de chanter lorsque je lave les classes. Peut-être parce que c'est quelque chose qui m'a toujours fasciné mais que je n'ai jamais osé faire avant mon accident.

Recueil OS |hétéro|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant