Introduction

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Bonjour à tous,

Ici, nous allons penser ! Nous allons penser grâce aux deux démarches fondamentales de la philosophie qui sont problématiser et conceptualiser.

Dans notre vie, nous avons tous des problèmes qui sont gênes, obstacles, voir même souffrance. Imaginons un individu qui a perdu ses clefs et qui ressent immédiatement de la gêne et de l'inquiétude. Il se heurtera forcément à un problème lorsqu'il rentrera chez lui. Imaginons également une personne follement amoureuse d'une autre et qui, pour son plus grand malheur, voit cet amour non partagé ou pire encore, que la personne destinée aime déjà. Cette personne trop amoureuse ne peut s'arrêter de penser à propos de ses sentiments blessés et par conséquent de se faire souffrir. Nous tous méprisons rationnellement les problèmes, nous cherchons constamment à les résoudre voir mieux, les éviter.

La philosophie commence donc avec la pose de problèmes. On pourrait croire alors que la discipline de la pensée serait souffrance. Pourtant, comment l'Homme, qui se définit par la pensée, peut-il mépriser cette dernière ?

L'expérience psychologique de Milgram qui avait pour but d'examiner le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité légitime, analysait les individus lorsqu'ils étaient confrontés à un conflit intérieur qui devenait, pour eux, de vrais problèmes de conscience. Les procédés de cette expérience qui consistaient à faire souffrir, au nom de la science, une victime innocente jusqu'à la mort ont permis de montrer que les individus souffrent vraiment lorsqu'ils doivent choisir entre respecter l'autorité et faire souffrir une victime innocente. Pourtant, lors du jugement du dignitaire nazi Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la "solution finale" à Jérusalem, il a répondu au tribunal, lui demandant pourquoi il avait commis toutes ses atrocités sans avoir de problèmes de conscience : "J'ai été un bon citoyen, je ne regrette absolument pas mes actes, je pourrais les refaire avec plaisir".  On peut dire qu'il n'a pas pensé et par conséquent, pas souffert.

Il est possible de vivre sans penser comme ce fut le cas d'Eichmann et nous pouvons même découvrir de l'impensé dans nos comportements. La cause de l'impensé, c'est l'ensemble des habitudes que nous avons acquises sans les choisir. Par exemple : nous ne choisissons pas où nous naissons et nos conditions d'existences forgent en nous une grille de lecture du monde qui nous influence (par exemple, nos conditions d'existences comme vivre en société nous poussent à valoriser le travail et la position sociale, à notre époque). Il s'agit de penser l'impensé pour ne pas subir une grille de lecture. Simon Blackburn disait : "conceptualiser, c'est comme regarder dans ses propres lunettes". Notre grille de lecture est faite de concepts : l'Homme, la culture, la justice etc... Pour penser l'impensé, il faut donc réexaminer la définition de ces concepts fondamentaux. C'est conceptualiser !

La philosophie, c'est donc interroger nos concepts pour mettre en problèmes ce qui est en nous impensé.


Savourer l'Art de Penser - [Philosophie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant