Chapitre 4. Observations douloureuses

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12h46
J'ai toujours aussi faim. Je ne reprends les cours que dans une heure, j'ai encore assez de temps pour manger. Je descends et me réchauffe un plat de pâtes.
Une idée, une seule et unique idée trotte encore et encore dans ma tête. J'ai demander un changement, pas une catastrophe. Je ne suis pas une meurtrière, je ne tuerais pas des gens. Je n'ai aucune raison de faire quelque chose comme ça !
J'allume le micro-onde et laisse chauffer les pâtes. Un claquement de porte se fait entendre dans l'entrée suivis de bruits de pas. Je les ignore et sort une seconde assiette, d'autres couverts et dépose une seconde serviette, rien de plus. Puis je sors l'assiette de pâtes du micro-onde et m'asseoit. Au même moment ma mère entre dans la cuisine. Elle me regarde et me dévisage, certainement à cause de mes bleus et cicatrices. Elle soupir l'air de dire que je suis incorrigible, comme si tout était de ma faute et que j'avais moi même demandé à rentrer comme ça. Elle s'approche et embrasse mon front avant de sortir un saladier de salade et de s'asseoir fasse à moi.

- Comment vas-tu aujourd'hui ?
- Comme tu l'vois.
- Et à part ça ? soupir-t-elle.
- Comme toujours.

Comme toujours, oui. Comme d'habitude, comme au quotidien, comme hier, comme chaque jour d'école, comme chaque fois en faite. Toujours les mêmes questions et les mêmes réponses, comme si on était à court d'idée. Ou peut-être que, dans le fond, on connaît juste déjà les réponses. C'est comme un texte qu'on apprend par coeur, ou plutôt une pièce de théâtre. Qu'elle belle mise en scène !

- Tu sais, tu ...

Elle se coupe dans sa phrase lorsque son téléphone sonne. Elle le sort de sa poche et soupir en voyant le nom de celui qui l'appelle. Je lui adresse un signe de main pour dire que j'ai compris et que, de toute façon, j'ai fini de manger. Je dépose donc tout dans l'évier puis monte dans ma chambre tandis que ma mère décroche.
Ma mère est directrice de je ne sais trop quoi, un truc en rapport avec les cosmétiques je crois. Elle reçoit beaucoup d'appels, à toute heure et à tout moment, et elle est toujours obligée de répondre. J'attrape mon téléphone ainsi que mes écouteurs et lance la première musique qui vient. Un sourire apparaît le temps d'une seconde alors que je reconnais la musique dès ses premières notes. Wound, cover français de Sainte Sëia. Très belle chanson, et très belle voix. /( Hors histoire; Allez écouter, elle est géniale. ^^ )/
Mes yeux se ferment alors, mais je ne dors pas. A vrai dire je les rouvre souvent pour voir l'heure, histoire de ne pas être en retard. Il faut que je parte au moins une dizaine de minutes en avance. Je déteste devoir me presser.

13h33
Dans 12 minutes, les cours reprennent. Je me redresse en soupirant. Les musiques n'ont cessé de défiler à leur guise, au rythme que la playlist leur impose. Même les musiques se contentent d'obéir. Je souris, comme amusée par mes propres pensées. On m'a souvent dit que, dans la vie, il y a ceux qui dirigent, ceux qui ont choisis de suivrent, ceux qui sont obligés de suivrent et ceux qui marchent sur l'herbe et finissent par complètement oublier le chemin. J'aime beaucoup l'herbe, bien plus que les chemins de pierres et de goudron. J'aime l'herbe, comme les lapins. Sauf que je suis moins apprécié que les lapins. J'en conclus d'autre que je suis une humaine mangeuse d'herbe, ou une vache. Je ris intérieurement, toujours amusée par moi même. Faut que j'me calme, on dirait une bipolaire là. Je prend mon téléphone et mes écouteurs et les descend avant moi pour les ranger dans mon sac. Pas de musique le temps du trajet, cette fois. Voyons voir ce que ça fait de rester connecté au monde extérieur. C'est sûrement chiant. Non, pas sûrement, ça l'ai. C'est pour ça que les gens écoutent de la musique lorsqu'ils marchent ou qu'ils roulent, qu'ils ont toujours un livre à lire ou une musique à écouter. Je suis entièrement déconnecté du monde. Comme branché au mauvais programme, comme si on m'avait mise dans le mauvais fichier. Aucune place ne m'était destinée dans ce fichier ci.

Tuer ou être tuéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant