Chapitre 6. Neige ensanglantée

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                          - Pdv incconu 1 -

Presque. J'y étais presque, j'étais à ça de rester en vie ! Lorsque j'ai sentis la première balle me transpercer et mon corps tomber au sol, j'ai crus que c'était la fin. Mais non, j'arrivais encore à me tortiller. J'aurais aimé avoir assez de temps pour attraper son arme et tirer cette seconde balle, ou mon téléphone et composer le numéro des secours ou de la police. Mais il ne m'en a pas laissé le temps. Pourtant j'étais à ça, vous m'entendez, à ça de rester en vie ! Mais je n'ai pas été assez rapide.
Et durant mes derniers instants de vie, j'ai pu apercevoir son visage. Qu'est-ce que j'y est vu ? Du dégoût, le même regard dégoûté que celui qu'on pourrait lancer à un insecte ou un animal mort.

- Tu me trouves pitoyable, n'est-ce pas ? Sale gosse.

Ce sont les derniers mots que j'ai eu le temps de prononcer tandis qu'il tournait les talons, abandonnant ainsi mon corps inerte dont le sang coulait sans fin.

                                 - Pdv Anna -

Je marche d'un pas toujours tranquille en direction des coups de feu. Les rues ici sont presque désertes et la neige qui recouvre le sol est presque intacte. Les maisons semblent assez pauvres et en plutôt mauvais état. L'atmosphère qui règne dans ces rues à quelque chose de particulier, d'étrange, d'interdit ... Comme si tout ici dépassait les lois et leurs limites. De par leurs fenêtres, je vois quelques regards me scruter et me dévisager. Les quelques personnes qui se trouvent dehors marchent vite, trop vite pour être pressées. Je crois qu'elles sont simplement effrayées. Par qui ? Par quoi ? La lumière. La lumière et sa pureté, son innocence, sa douceur et son arrière goût de douleur, voilà ce qui les effraie je crois. J'esquisse un bien rapide sourire. On se croirait dans une série policière ! Sauf que tout ici est cruellement réel.
Je marche encore. Il me semble que j'arrive bientôt à l'endroit d'où provenait les coups de feu. Je me retourne rapidement et observe les pas que j'ai laissé dans la neige. Je soupir puis reprends mon chemin. Le point positif de ce lieu paumé c'est qu'y a visiblement presque personne. Si quelqu'un voulait vivre sans jamais croiser personne, ici serait l'endroit parfait. Pourquoi pas moi d'ailleurs ? Soudain, j'aperçois une étrange trainée rouge dans la neige. Cette dernière est couverte de terre et du fameux liquide rougeâtre. De loin, on dirait un peu du sirop de fruits rouges . J'approche doucement, silencieuse et les mains dans les poches. Je ne saurais dire pourquoi mais j'ai une impression étrange, quelque peu pesante. Comme si une petite voix à l'intérieur de moi me criait de partir, de m'enfuir loin. Saches, chère voix, que je fais rarement ce que l'on me demande. Je fais même souvent le contraire ! Alors j'avance, le pas lent et le coeur lourd.

                           - Pdv inconnu 2 -

Je reste assieds dans un coin ombragé se trouvant en hauteur, assez loin pour ne pas être remarqué et assez près pour la voir arriver. Il a dit qu'elle viendrait sûrement mais je ne la vois pas. Il a aussi dit qu'elle n'aimait pas se presser, ce que je peux à présent constater de moi même. Je ne sais pas encore si elle va vraiment venir, mais il avait l'air si sûr lorsqu'il m'a dit qu'elle viendrait que je m'en voudrais presque de douter. Je soupir d'ennuie. Pourquoi c'est à moi de me coltiner une mission aussi ennuyante ? Je soupir encore.

- Du .. Du sang ! Putain mais c'est du sang !

Je reviens au moment présent et reste caché discrètement.

                                  - Pdv Anna -

- Du .. Du sang ! Putain mais c'est du sang !

Je sens mon coeur battre dans ma poitrine d'un rythme qui me brise. Je ne saurais pas dire ce que je ressens, mais je crois que ce n'est pas vraiment normal. Je veux dire, je ne suis pas spécialement dégoutée, la vue de ce corps sans vie et du sang qui découle de son crâne explosé et de son abdomen ne me donne pas la nausée ou le vertige. Et j'ai peur oui, mais je crois que cette peur ne me déplaît pas totalement. De d'adrénaline. Comment tu peux ressentir autant d'adrénaline devant un cadavre, pauvre monstre ! Je crois que je m'écoeure moi même, bien plus que ce cadavre en faites. Si ça se trouve, ce type méritait ce qui lui arrive ? Si ça se trouve, il a lui même tiré ? Peut être qu'il ne méritait simplement pas de vivre ? Sans coeur, comment tu peux dire ça ... Ouais, comment ? Pourquoi ? Je soupir et me griffe le poignet gauche de nervosité. Décidément, je ne me reconnais ni parler ni penser ...
J'approche du corps d'un pas assez peu sûr et déstabilisé par mon propre esprit. Je me tiens debout fasse à lui et le fixe sans oser m'approcher plus.

- Ehoh ? Vous .. Vous allez bien ?

Attends, pourquoi je pose la question ? Bien sûr que non ! Je me griffe un peu plus le poignet. Après quelques secondes qui me paraissent des plus longues, je m'accroupis fasse au corps sans vie tout en faisant attention à ne pas toucher le sang qui a forcément salit le blanc pure de la neige.
Et je reste là, comme une idiote, à fixer un cadavre sans savoir que faire. J'aurais sûrement du appelle la police, peut-être les urgences même si, je crois, il était déjà trop tard ... Mais je n'ai rien fait de tout ça. Je suis restée accroupie à fixer ce cadavre et ses détails. Vous devez me prendre pour une folle, n'est ce pas ? Vous avez peut-être malheureusement raison. Après quelques minutes qui me paraissent elles aussi être des plus longues, je finis par me redresser. Je recule d'un pas assez lent. Puis je reste plantée là pendant encore quelques petites minutes, à fixer le cadavre en me demandant ce que je devrais faire maintenant. Après ces quelques minutes de réflexions, je sors mon téléphone et soupir. Appeller la police me semble être la seule solution envisageable et utile. Je compose le numéro, les doigts tremblants. Je le sens, mon coeur dont les battements me perturbent autant que les tics-tacs d'une horloge durant la nuit. Ils ont quelque chose d'opressant. Une petite voix intérieure me crie, non, me hurle de courir loin et d'appeler la police une fois chez moi seulement. Mais, même si j'en risque peut-être ma vie, je ne suis qu'une tête de mule. Insupportable. T'es vraiment insupportable, Anna. Et j'en suis fière en plus de ça.
Il ne me reste que 3 numéros à composer, mais je m'arrête avant de les écrire. Je redresse la tête comme un petit animal lorsqu'il entend un bruit de pas près. Trop près ! Et en à peine plus d'une seconde, je réaliste que quelque chose cloche. C'est là, sous mes yeux depuis le début. Je crois que je l'avais déjà remarqué, mais je n'y avais pas prêté plus attention que ça. Ou peut-être qu'inconsiemment je voulais que ça arrive ? Quoi qu'il en soit, c'est là depuis le début. Cette ombre, cette putain d'ombre noire et flou cachée dans un coin.
Alors que je veux crier, une main se colle à ma bouche et je respire une étrange substance. Et puis tout devient noir.

                             - Pdv inconnu 2 -

Immobile et silencieux, je l'observe agir. Je ne peux m'empêcher de retenir un petit rire, jusqu'au moment où je la vois sortir son téléphone. Je regarde ses doigts hésitants pianoter sur le petit engin et, à la dernière seconde, me glisse derrière elle et l'endors. Je la porte et la dépose sur ma moto, soupirant d'un air lace et, tandis que le soleil commence à se coucher, je démarre et me dirige vers le QG.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 10, 2017 ⏰

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