Les deux Felder, notamment la petite Allyson, étaient émerveillés par la vision de tous ces marchands, ces artisans, ces artistes ambulants. Il faut dire qu'ils n'avaient pas été habitués par leurs parents à fréquenter des endroits si peuplés, si vivants. De fait, ils avaient rarement eu l'occasion de s'aventurer hors de leur campagne ou de la nature environnante, dont la plupart des habitants n'étaient que des créatures telles que les smogloutss, ornylennes, güdrunes et j'en passe...
Cela devait expliquer l'importante sensation d'oppression que ressentait Flint à devoir vagabonder dans ces rues complètement bondées. Tous ces inconnus qui se retrouvaient entassés comme des bœufs, réduits à devoir se donner des coups de cornes pour pouvoir se frayer un passage à travers ce troupeau incontrôlable, comme si tous étaient devenus écervelés à l'idée de pouvoir aller se repaître dans l'une des nombreuses échoppes de Twinkold.
Je n'aurai même jamais osé imaginer qu'autant de personnes puissent se retrouver ainsi massées au même endroit.
Là ! Enfin une petite ruelle où la foule semblait plus clairsemée, comme une petite bouffée d'air qui était la bienvenue dans cet étouffant centre-ville. Heureusement, l'ecclésiastique semblait du même avis :
« -Seigneur ! J'avais oublié la foule qu'il pouvait y avoir ici lors des jours de marché... Ici nous serons un peu plus au calme et retrouver un peu de discrétion ne nous fera pas de mal. D'autant plus qu'il me semble qu'il y a dans cette allée une adresse réputée pour ses brioches vauxardes !
Devant l'air interrogatif de Flint et Allyson :
Vous ne connaissez pas cette spécialité locale? Il s'agit de brioches fourrées aux fœtus de güdrunes en gelée! Et c'est ici que sont servies les plus succulentes brioches vauxardes de la région (enfin si l'on en croit les dires de frère Chan)! Ça vous convient ? »
Les enfants acquiescèrent sans grande conviction alors que Pierre n'avait de toute façon pas attendu leur réponse pour se diriger à l'intérieur du Bouraffeau. La façade de ce restaurant ne payait pas de mine. Au vu de l'état des murs, qui commençaient à se fendiller par la faute des plants de obonodek qui s'étaient développés au travers de la devanture, le bâtiment devait dater d'avant la dernière invasion zimélandienne. Mais comme on dit, l'habit ne fait pas le moine.
Cependant, le contraste avec l'intérieur était saisissant ! Il fallait effectivement être rentré au moins une fois à l'intérieur pour se rendre compte de la qualité de l'établissement. Contrairement au reste de la ville, la salle n'était pas complètement bondée. Non pas que ce restaurant semblait en manque de clients, mais la densité de clients permettait de garder un air respirable. Ceci montre bien que la plupart de ceux-ci étaient des initiés, cela permettait d'éviter d'avoir affaire à certaines parties peu fréquentables de la population.
« -Bonjour mademoiselle et messieurs, vous êtes la bienvenue au flamboyant Bouraffeau ! Je ne pense pas me tromper en disant que c'est votre première fois chez nous.
-C'est exact ! J'ai ouï dire que les meilleurs brioches vauxardes de la région étaient servis ici, répondit malicieusement Pierre
- Alors ça sera donc l'une de nos plus succulentes spécialités pour chacun d'entre vous ! Permettez que je vous installe à l'étage.
-Mais Dokey peut manger avec nous, hein ?
-Allyson ! Désolé mon enfant, mais je doute qu'un tel établissement accepte un animal de compagnie à sa table. Il n'aura qu'à patienter dans la cour pendant notre repas, répliqua Pierre
-Ne vous inquiétez pas jeune fille ! Tout le monde a sa place chez nous, votre animal aura bien entendu une place à votre table.
Dokey qui sembla avoir compris se mit à japper en signe de reconnaissance envers le maître d'hôtel.
-Oh merci ! On l'a depuis si peu de temps, vous comprenez, je ne voudrais pas qu'il puisse croire qu'on veut l'abandonner !
-Mais c'est un plaisir de pouvoir répondre à vos attentes, jeune demoiselle », répondit le vieil homme bien entretenu avec un petit sourire en coin.
Il les guida donc ensuite dans l'une des salles à l'étage, plutôt sobre comparativement à la décoration du rez-de-chaussée. Si ce n'est cette table à laquelle ils avaient été invités à s'asseoir...
Ses pieds, dont les pourtours étaient en fait des croûtes de sel, semblaient la relier directement aux cuisines qui se trouvaient aux sous-sols. La table en elle-même semblait constituée d'un mélange d'aliments en tout genre en mouvement perpétuel dans une sorte de gélatine translucide. Contrairement à ce que l'on pourrait penser au premier abord, cette vision d'un tel gloubi-boulga était étrangement très appétissante, comme si elle réussissait à envoûter les clients qui y seraient attablés.
Ils se retrouvèrent donc tous installés autour de cette envoûtante table en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ! Et il n'y a pas que pour les humains que cette dernière semblait faire effet :
-Dokey que fais-tu ? Viens à côté de moi, il reste de la place pour toi sur la banq...
Flint interrompit Allyson et en pointant du doigt l'un des pieds de la table, il pouffa:
-Je pense qu'il a réussi à se trouver une place plus intéressante que sur tes genoux.
Effectivement le petit lipograne était par terre en train d'essayer de ronger l'un des pieds de la table. Mais visiblement, il avait beau se démener comme un beau diable à l'aide de ses longues canines et de ses griffes acérées, l'épaisse croûte de sel ne semblait pas même s'effriter !
-Dokey qu'est-ce que tu fais ? Viens là !
Elle réussit à l'agripper et à le maintenir en place sur ses genoux à l'aide de légères caresses sur son pelage verdâtre pour l'apaiser.
Tu ne sais vraiment pas te tenir petit coquin. Ces gens ont été assez gentil pour te laisser rentrer avec nous et toi, à peine arrivé, tu essaies de tout saccager !
- Voyons Allyson ce n'est pas grave, il n'a pas l'habitude de sortir et heureusement il n'y a pas de dégâts. Ton objectif sera donc de réussir à l'éduquer pour que cela ne se reproduise plus, rétorqua sagement Pierre.
-Oui oui j'essayerai mais Flint devra aussi s'y mettre.. Parce que je rappelle quand même que c'est son animal de compagnie hein !
-Mais oui ne t'inquiète pas, je ferai ma part du boulot. »
Soudain, Dokey se mit à émettre des grognements en direction d'un coin de la salle. Là, comme sorti de nulle part, un petit homme enturbanné apparut accompagné de trois énormes gardes tous dotés d'impressionnantes bacchantes qui pourtant ne pouvaient rivaliser avec celles de leur maître .
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L'Épopée Felder
Fantasy« Les voyez-vous dans ce coin du ciel? Ces étoiles là-bas? Elles font partie de la constellation d'Orion. Et bien le minuscule point sur la droite de son baudrier, celui le plus lumineux, c'est là que toute l'incroyable histoire que je vais vous con...