Chapitre 1 - Explosion

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- ... Et prends soin de toi !

Criait cette femme tirée par plusieurs soldats vers l'arrière. Elle me tendait sa grosse et pâle main comme si elle voulait que je la sauve, mais j'y pouvais rien... Un soldat me tenait dans ses bras alors qu'on s'introduisait dans une sorte de camp encerclé par des clôtures. La phosphorence opaque et aveuglante me donnait envie de dormir alors que tout autour de moi, plusieurs personnes criaient et s'affolaient en se faisant tirer de part et d'autres par des soldats. Je voyais plusieurs enfants se faire rammener de force à l'intérieur du camp alors que leurs parents suppliaient les soldats qui les poussaient de mots inaudibles. J'en pouvais plus, je m'endormis.

                                                                                      *

Je me réveilla lentement, cette musique qui se mangeait des interférences radio était toujours le responsable de mon réveil. Pas étonnant vue la qualité. Encore le premier réveillé, comme d'habitude, et cette musique... toujours la même à chaque matins : Carroll Gibbons, A Foggy Day. J'aimais cette chanson, car j'avais l'impression qu'elle décrivait l'atmosphère de chaque jours. Toujours de la brume partout, des maladies et des mauvais gaz. Il me restait encore quelques minutes, comme d'habitude. Deux soldats surveillaient l'entrée de notre dortoire. J'avais l'impression que seulement quelques secondes passèrent avant que l'alarme résonne. C'était l'heure. Les autres enfants, que j'appelle ''Les Robots'' se réveillèrent tous. Pourquoi ''Les Robots'' ? Parce qu'ils se réveillent vraiment comme des robots en sortant du lit, ils se préparent sans se plaindre, sans parler, comme des robots. Casques blancs pointillés de quelques tâches acariâtres, tenues cafardeuses et pioches, on se dirigeaient tous vers les mines où est-ce que deux soldats nous guidaient. Il y avait plusieurs autres tantes comme la nôtre, mais beaucoup plus grandes. Beaucoup de petits bâtiments et une énorme tante lumineuse tout au fond de l'allée des habitations où est-ce que le chef s'y abritait. On raconte qu'il y a des fruits, de l'eau, de la viande et des femmes toutes nues ; Dégeulasse. Comme d'habitude on entrait dans les mines faiblement éclairées où est-ce que d'autres enfants travaillaient déjà. Nous on travaillait plusieurs étages plus bas, juste au dessus des adultes. Aujourd'hui nous fûmes jumelés avec un autre groupe d'enfant. C'est là-bas que je rencontra Dylan. Un garçon très marrant qui est différent des autres. Il montrait ses sentiments et se plaignait, au moins. 

- Toujours avec du charbon, c'est énervant tu ne trouves pas ? 

Demanda-t-il gêné par les tatonnements de pioches contre la roche continuels.

- Ils veulent des minéraux plus rares, le charbon n'est qu'un petit bonus en cours de route.

- Mmh... C'est vrai, mais c'est sale comme boulot. 

- Oui ! 

- Arrêtez de jacasser les microbes ! 

Cria un des soldats en bottant le dos de Dylan avec sa botte en cuir visiblement bien taillée et travaillée.

Nous travaillâmes durant 8 heures sans arrêt. Pour les soldats, cela suffit pour le début de la journée, nous avions une pause où nous mangeions un bout de pain et un demi-verre de lait. J'avais hâte ! Même si le pain contenait des sésames et que je détestait ça. Et que le lait était caillé et jaune. Comme d'habitude nous sortâmes de la grotte, il faisait un peu plus beau, la brume s'était éloigné du camp et le Soleil était légèrement visible. Pourtant, aujourd'hui était bizarre, j'avais l'impression que c'était ma toute première journée ici. Je me rappellais constamment de cette femme qui tendait sa main vers moi et ces soldats qui tiraient les adultes à l'extérieur des clôtures protégeant le camp. Tout fut coupé par ces deux hommes. Je ne connaissais qu'un seul ; Charlie et ses courts cheveux blonds.

- Hein ?! Comme ça tu voles mon pain ?! 

- De quoi tu parles ? T'es qui ?  

Demanda du même ton que l'agresseur Charlie, mais la seule réponse d'identification de la part de l'excité à l'égard du pauvre blond fut un violent crochet du droit contre sa tempe gauche alors qu'il renverse son verre de lait en chutant au sol. Choqués, nous poursuivâmes à contempler l'incroyable scène de violence, alors que le barbare en manque de nourriture apparemment se ruait vers Charlie, un énorme champignon de nuages se vit former au loin, Une explosion nucléaire si puissante que les nuages se contractaient et se reliaient depuis un tunnel céleste de tornades le champignon atomique. Ça se voyait, ça venait de très loin. Beaucoup trop loin. Pourtant le champignon était visible. Tout le monde se vit éclairé par le projecteur de couleurs chaudes et puissantes alors qu'une énorme onde de choc en suivit quelques secondes après. Tout fut balayé. Tout ce dont je m'en souvenais était ce chariot de mine qui, déraillé, fusait vers moi, poussé par l'onde.

 Tout ce dont je m'en souvenais était ce chariot de mine qui, déraillé, fusait vers moi, poussé par l'onde

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Ces pleurs, ces cris et ces toussotements. C'était la première fois que je voyais les autres enfants éprouver une telle émotion si profonde. Un tissu reliant mon bras droit et ma nuque semblait supporter une blessure au niveau de ce même bras. Ça me faisait mal. Et Dylan ?! Où est-il ?! Il était à côté de moi au moment de l'explosion... Ils distribuaient des masques à gaz pour chaque enfants y compris le personnel. Comme quoi l'explosion avait des ''après-effets'' néfastes. Encore ''Foggy day''... Cette foutue musique. Le garde à l'entrée de la tante laissait une légère ouverture montrant l'air extrêmement gris et sale alors qu'il exercait des sortes de mouvements de mains comme quoi il fallait bouger, mais je ne bougerais pas. Pas sans Dylan.


DunkriegWhere stories live. Discover now