Chapitre 3

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L'homme enfila son pardessus, recouvrant son costume hors de prix, attrapa sa pochette en cuir avant de fermer doucement la porte de son appartement derrière lui. Un tour de clé dans la serrure, et le voilà parti en direction de l'ascenseur. Arrivé au sous-sol, il se dirigea vers une Audi flambant neuve, qui répondit à la pression de ses doigts sur les clés par un éclairage des feux et un petit bruit satisfaisant de déverrouillage. Ouvrant la portière, il prit place sur le siège en cuir. 

A l'heure des transports en commun, des taxis, des Uber ou des chauffeurs pour les plus fortunés, il avait toujours gardé une préférence pour la conduite, et les belles voitures. Il prenait toujours autant de plaisir, chaque matin, à s'installer devant le volant, et faire ronronner le moteur jusqu'à son lieu de travail. Il passa une main dans ses cheveux, constamment ébouriffés. Il avait depuis longtemps cessé de perdre du temps à essayer de les dompter, et c'était, d'après ce que les femmes qu'il avait pu conquérir avaient pu lui dire, tout ce qui faisait son charme. 

D'ailleurs, il n'en manquait pas, de charme. En plus de sa tignasse châtain clair, il possédait une paire d'yeux bleus perçants capable de faire fléchir n'importe quelle femme de la ville. Avec son corps svelte et élancé, ses abdos étirant sa chemise, et son sourire ravageur, il avait la pleine conscience de ses atouts et savait s'en servir pour s'offrir tous les objets de ses convoitises. Mais le physique ne faisant pas tout, il possédait également un esprit vif et intelligent, qui lui avait d'ailleurs permis de décrocher un tout nouveau poste dans la plus grande entreprise financière européenne, la Kartley Company. 

Sortant son bolide du garage, il s'engagea dans le trafic londonien, écoutant d'une oreille la radio qui diffusait les dernières informations. 

- Toujours la même chose, la politique et la météo, maugréa-t-il en cherchant une nouvelle station de radio. La sonnerie de son téléphone retentit, et le nom de son nouveau collaborateur s'afficha sur l'écran d'accueil de sa voiture. L'homme décrocha aussitôt. 

- Oui Alex, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Demanda-t-il en s'engageant dans une ruelle moins encombrée par le trafic que le grand boulevard sur lequel il était bloqué depuis quelques minutes. 

- Bonjour Gabriel, je t'appelais seulement pour m'assurer que tu n'avais pas oublié la réunion de 9h, j'aurais aimé qu'on se voit un peu avant pour revoir le dossier et se mettre d'accord sur quelques petits points. Tu arrives bientôt au bureau ? 

- Je n'avais pas oublié, je suis dans les bouchons mais je pense arriver dans dix minutes. Je te retrouve dans ton bureau et on se met au point, répondit Gabriel. 

- Parfait, à tout de suite alors, dit Alex avant de raccrocher.

Gabriel reporta son attention sur la route, et slaloma entre les voitures quelques minutes avant d'atteindre un grand building au coeur du quartier financier de Londres. Avec l'aide de son badge, il s'engagea dans le parking souterrain, avant de se garer sur une place numérotée. Attrapant son téléphone et sa pochette, il se dirigea ensuite vers l'ascenseur en verre, et appuya sur le numéro 34. L'engin se mit aussitôt en marche, et après quelques arrêts, il atteint rapidement l'étage de son bureau, et de celui de son collaborateur. 

Il s'engagea dans le large couloir déjà bondé de monde, malgré l'heure matinale, et toqua à la porte où le nom de Alexandre Leroy était inscrit, sur une petite plaquette étincelante. Il pénétra dans le bureau, et s'assit dans un des fauteuils en face de son collaborateur. Celui-ci leva les yeux du dossier dans lequel il était plongé, et adressa un sourire à son interlocuteur, avant de lui serrer la main avec fermeté.

- Bonjour Gabriel, merci d'être passé par mon bureau avant la réunion de ce matin. Avant qu'on se plonge dans les détails un peu plus techniques, je voulais savoir si tout se passait bien pour toi. Ca va faire deux semaines que tu es arrivé, et j'aimerais m'assurer qu'il n'y ait pas le moindre problème dans ton intégration, ou dans les dossiers que l'on t'a confié, expliqua Alex, en braquant un regard franc et direct sur son collaborateur. 

- Salut Alex, tout se passe bien pour moi, il n'y a pas de raison de t'inquiéter. Les dossiers sur lesquels je travaille en ce moment sont relativement simple, ça me permet de travailler sur mes contacts en même temps que sur le fonctionnement de l'entreprise. Tout fonctionne bien, je n'ai pas de problème à te signaler, répondit Gabriel en souriant. 

- Parfait alors, je te rappelle aussi que nous avons le gala de charité de l'entreprise jeudi prochain. Comme nous t'avons présenté comme notre nouvelle recrue de l'année, il est important que tu sois là, précisa Alex d'un air soucieux. 

- Je serai là, l'assura le jeune homme en sortant un dossier volumineux de sa pochette en cuir. 

- Bon, on va pouvoir passer aux choses sérieuses alors. Comme tu le sais, ce dossier est particulièrement délicat. Il s'agit d'un client... 

La matinée fila à une vitesse folle. A midi, Alex s'éclipsa de son bureau, devant retrouver sa soeur  au restaurant. Gabriel se commanda un repas, qu'il engloutit devant son écran d'ordinateur, afin de prendre de l'avance sur des dossiers urgents. A 13h, le jeune homme se redressa, fit rouler ses épaules et réprima un bâillement. Estimant qu'il pouvait bien s'accorder une petite pause, il quitta son fauteuil pour prendre le chemin de l'ascenseur. Une fois dehors, il se mit en quête d'un endroit où il pourrait s'offrir un expresso bien serré. C'était sans aucun doute l'une des choses qui lui manquait le plus depuis son départ de France. Apercevant un restaurant français, il traversa la rue et poussa la porte de l'établissement. Il percuta alors une jeune femme de plein fouet, et vit le contenu de son sac se répandre sur le sol. Gabriel s'accroupit aussitôt pour rattraper un tube de rouge à lèvres qui continuait sa course en direction de la porte. Il se redressa et le tendit à sa propriétaire. 

- Je crois que cela vous appartient, dit-il en accrochant le regard de la jeune femme. Il se sentit brusquement perturbé par les yeux ambrés qui lui rendaient son regard.

- Oui, merci, je suis désolée, je ne vous avais pas vu et... commença-t-elle à lui répondre en bredouillant, sans aucun doute aussi décontenancée que lui. 

Gabriel se reprit et adressa à la jeune inconnue un de ses sourires dont il avait le secret. Il avait la curieuse impression de l'avoir déjà rencontré, mais où, et quand ? Il n'aurait quand même pas pu effacer de sa mémoire une jeune femme aussi séduisante. Tout en se baissant à nouveau afin d'attraper le téléphone de la belle inconnue, il lui répondit. 

- Il n'y a vraiment pas de mal, la faute est partagée, je ne faisais pas vraiment attention non plus, oh et je crois que quelqu'un cherche à vous joindre.

Il sourit une nouvelle fois après que la jeune femme se soit excusée une nouvelle fois, et se dirigea vers le fond de l'établissement. Prenant place à une table disponible, il commanda un café et reporta son regard pensif en direction des baies vitrées du restaurant. Il aperçu les reflets auburn dans les cheveux de la mystérieuse inconnue, mais qui ne lui semblait pas tant inconnue que ça, et qui s'éloignait d'un pas vif accrochée à son téléphone. 


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