Chapitre 15 : Chorale

67 5 124
                                    

Nos sept amis - qui s'étaient d'ailleurs servis de torches accrochées en mur, qui étaient dans un état surprenamment excellent pour leur âge, pour s'éclairer -  parcouraient tranquillement les galeries souterraines, de nouveau complétement sereins.

Alice pépiait joyeusement, racontant tout et surtout rien à Roukika, qui se contentait de faire semblant de l'écouter en hochant deux ou trois fois la tête. Aerwynd, quant à lui, soupirait de temps en temps, tout en y allant de son petit commentaire sur le bavardage sans queue ni tête de celle qui avait définitivement gagné le titre de catastrophe ambulante.

Pepita parlait fort à côté de Miku, qui grimaçait lorsque la voix de son amie partait trop dans les aigus.

Clem avait finalement cessé de tutorer Miku - qui se débrouillait d'ailleurs mieux seule - à la lecture de la carte, et était partie dans le délire de commenter les parois de roches nues comme si elles étaient exceptionnelles. Ahi, en véritable amie, l'avait accompagnée dans cet instant qui aurait pu être d'une grande solitude pour la jeune femme, et les deux se retrouvaient maintenant à décrire la pierre à grand coups de : « Oui, oui, oui, Micheline, c'est tout à fait extraordinaire ! Jamais personne n'avait vu de si belle... pierre, finalement. » « Parce que oui, ma chère Michmich, il ne faut pas oublier que ça reste des cailloux, n'est-ce pas ? ».

Bref, tout allait très bien pour nos héros - qui est quand même un bien grand mot pour désigner une bande de jeunes adultes qui partent sans armes ni nourriture sereinement explorer des catacombes alors qu'ils viennent de s'en sortir de justesse face à des fantômes et qui n'ont pas dormi depuis la vieille et pas mangé depuis une dizaine d'heures, mais que voulez-vous, je ne suis que le narrateur.

- J'ai faim... s'aperçut tout à coup Clem.

Tiens, qu'est-ce que je disais... Et on appelle ça des "héros". Pfff...

Comme en réponse à cette révélation, les estomacs de ses six amis grondèrent soudainement, et bien en choeur.

- Tais-toi ! s'exclama Aerwynd. Il ne fallait pas me faire y penser !

- Et voilà, gémit Pepita, maintenant, j'ai faim, moi aussi.

- Désolée... s'excusa platement Clem.

- De toute façon, grimaça Roukika, ça sert à rien de se plaindre, on n'y peut rien... On n'a ni eau, ni nourriture, et je suis pas sûre que ce soir une merveilleuse idée de trop tarder dans ces catacombes...

- J'ai envie de dormir... se plaignit Alice, que sa dernière catastrophe avait épuisée.

- Et voilà, c'est parti... soupira Miku. Il manquerait plus qu'elle se mette à chanter pour oublier...

- Vous savez quoi ? enchaîna Alice, qui n'avait rien entendu mais à qui l'idée était venue. Je vais chanter pour oublier que je suis fatiguée. I JUST SPIN AROUND...

- J'en peux plus, j'en peux plus, pleurnicha Miku. Pendant qu'on était perdues dans la forêt, elle a pas arrêté... J'en peux plus...

- Moi ça me dérange pas... répliqua Pepita.

- En même temps, toi, rien te dérange, grommela Aerwynd.

- I just spin around... commença à fredonner Clem, qui chantonnait presque constamment et à qui Alice avait donné l'envie de s'y mettre.

- Mais tu vas pas commencer ! s'exclama Miku en l'entendant.

Hélas, la chanson imaginaire d'Alice gagna peu à peu les coeurs de ses amis, et tour à tour, Ahi, Pepita, Aerwynd et même Roukika se prirent au jeu de chanter en boucle cette mystérieuse phrase qu'était « I just spin around », en changeant la mélodie de temps en temps.

Les Cinq Légendes Involontaires - [Abandonné]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant