C H A P I T R E 6

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La bouche pâteuse, j'éprouve des difficultés à reprendre conscience. Mes sens sont alourdis au point qu'en écartant les paupières, je ne distingue rien d'autre que des masses floues et inquiétantes. Cette sensation d'être prise au piège m'est familière notamment à l'instant où je ressens une résistance autour de mes poignets liés.

Je me revois, ligotée à une chaise face à l'Alpha de Russie qui n'a pas hésité une seule seconde à m'envoyer ici. Une décision portée par un dessein que je me force encore d'ignorer à l'heure actuelle. Je ne désire pas être considérée comme un objet.

Un loup demeure un loup, même enfermé dans une cage ou dressé, il reste un prédateur.

Malheureusement, je suis entouré de personnes qui partagent ma nature ainsi que ma manière de penser. Il sera bien difficile de duper des sauvages et des vagabonds. Contrairement à la meute en Russie, j'ai appris à vivre la peur au ventre. Tout comme eux.

Je ne distingue pas mes ravisseurs, mais la situation dans laquelle je me trouve m'indique qu'ils ne se sont pas contentés de me coincer. Ils m'ont neutralisé afin de me traîner dans un nouvel endroit contre mon gré pendant mon inconscience. Mes bras sont bloqués dans mon dos dans le but d'empêcher toute tentative de transformation.

Les sens aux aguets, je ne tarde pas à identifier une odeur en plus de la mienne. Peu de temps après, mon ouïe affinée m'amène à conclure qu'un individu est juste derrière moi. Ma tête dévie légèrement sans que je ne puisse apercevoir cette silhouette. Le silence pesant m'aide à régulariser ma respiration. L'inconnu se décide à intervenir en constatant que cette situation ne provoque aucun effet de mon côté.

— D'habitude, le silence dérange. Les détenus sont nerveux, ils causent et racontent de la merde juste pour combler les blancs, relève une voix caverneuse.

De marbre, mon dos est plaqué contre le dossier du siège dans le but de m'empêcher de bouger en révélant par la même occasion un tic nerveux. Celle qui partage mon subconscient et qui d'habitude est revêche, possède à présent le même calme. Il s'approche d'une démarche confiante, sa main frôle ma peau nue quand il prend appui contre mon assise.

— Vous étiez obligés... articulé-je avec froideur.

— Tiens, finalement elle parle, susurre-t-il au creux de mon oreille.

— C'était nécessaire de me retirer le manteau ? grincé-je.

— Je t'ai enfilé des sous-vêtements parce qu'il était en miettes, tu devrais être plus reconnaissante, me nargue ce même individu pendant que son souffle chaud s'écrase contre ma nuque.

Suite à mon brusque mouvement de sursaut, il déloge son visage puis recule. Mon cœur s'accélère enfin avec colère lorsqu'il effleure ma chevelure.

— Ne me touche pas ! réagis-je.

Ses doigts se mêlent à mes mèches. Je m'emballe avec peur, en gesticulant sur ma chaise tout en essayant de me débattre.

— Lâche-moi ! hurlé-je.

Mon esprit quitte mon corps et me porte dans un souvenir bien plus lointain. Mon souffle se raréfie en distinguant une silhouette familière s'en prendre physiquement à moi. J'ai ressenti les impacts contre mon corps et ma respiration s'est accélérée comme si je percevais encore les coups. Une poigne ferme avait agrippé mes cheveux. Tétanisée, je n'étais pas parvenue à contrôler mon souffle, ma tête et ma poitrine n'allaient pas tarder à exploser. Mes organes vitaux étaient en proie à la même terreur qui a accentué ma crise d'angoisse. Il était bien plus fort que moi. Le second loup que j'ai croisé sur ma route avant d'être placée seule dans une ville russe. Il s'agissait d'un endroit de transition où les plus jeunes sont envoyés. À genoux, mes larmes ont brouillé ma vue pendant que ma figure avait heurté son entre-jambe suite à son action brutale afin d'obtenir ce qu'il désirait.

𝐍𝐎𝐑𝐓𝐇𝐄𝐑𝐍 𝐖𝐎𝐋𝐕𝐄𝐒 - (aperçu avant édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant