Le bruit incessant de l'électrocardiogramme ne cessait de bipait parmi le silence pesant la pièce où elle était allongée.
Ma mère avait le teint pâle, aussi froid que la peinture d'un des murs de sa chambre d'hôpital.
Je me souvins de la réaction que j'avais eu lorsque mon téléphone s'était mis à sonner dans la poche de mon jean, de mon visage qui s'était décomposé en voyant que mon interlocuteur n'était autre que le médecin qui s'occupait de ma maternelle.
Je n'avais pas cherché à décrocher, ni même à comprendre le sujet de cet appel et j'avais accouru dans la rue afin de rejoindre l'hôpital. Je ne m'étais pas souciée du regard des gens qui devaient se poser nombre de question en voyant avec quelle allure je me précipitais.
Je me souvins du cri qu'avait prononcé la secrétaire qui se trouvait à l'accueil dans le hall de ce vaste bâtiment lorsque j'avais traversé l'une des portes qui menaient à l'intérieur de leur lieu de travail. Je l'avais évité et avais couru jusqu'à l'ascenseur le plus proche pour gagner le couloir de la chambre de ma mère.
A présent que je me trouvais auprès d'elle, les larmes ne cessaient de couler le long de mes joues, à croire qu'elles ne pouvaient s'arrêter.
L'électrocardiogramme m'annonçait que son cœur battait faiblement et, tenant sa main dans la mienne, je sentais à peine son pouls.
Elle était atteinte d'un cancer depuis plus de deux ans et n'avait jamais baissé les bras. Ma mère était si forte, elle ne pouvait pas perdre maintenant.
Ses yeux océaniques s'ouvrirent et se posèrent sur moi tandis qu'un sourire s'élargissait sur ses lèvres.
-Tu es tellement belle, fit-elle.
Je me mordais la lèvre inférieure en entendant le faible son de sa voix. Elle savait parfaitement ce qu'il lui arrivait mais ne voulait pas m'en faire part. Je savais qu'elle voulait préserver mes derniers instants de son vivant mais je sentais mon cœur se tordre de douleur. La suite hantait mes songes mais je savais qu'en parler renforcerait mes pleurs.
-Je ne veux pas que tu partes même si je sais que ça peut paraître égoïste de ma part, murmurais-je.
Son sourire s'affaissa tandis qu'elle portait sa seconde main vers ma joue. Je me baissais légèrement afin que ce geste ne soit trop dur pour ses maigres forces et elle m'en remercia d'un faible hochement de tête tandis que ses yeux s'illuminaient qu'une joie quelconque.
-Je ne veux pas que tu sois triste, Hazel. Tu as toute ta vie devant toi alors...
-Mais tu ne seras plus là, Maman ! Je ne veux pas que t'en ailles parce que tu sais parfaitement qu'il te reste peu de temps à vivre mais tu n'oses pas me l'avouer !, m'emportais-je tandis qu'une larme coulait le long de ma joue droite.
Elle baissa les yeux sur les fils qui étaient reliés au bras qu'elle avait levé vers moi et bredouilla :
-Je ne serais certes plus présente mais je serais toujours dans ton cœur ou dans tes pensées.
Ma mère releva ses yeux vers moi mais je tentais d'y échapper. Je savais qu'elle avait raison mais elle était mon sang, la personne qui m'avait mise au monde et qui me connaissait mieux que quiconque sur cette planète. Personne ne pourrait la remplacer.
-Je t'en supplie, soufflais-je incapable de dire quoi que ce soit d'autre.
Elle pressa ma main dans la sienne, m'obligeant à lui faire face. J'étais résignée à la regarder dans ses iris bleu, résignée à voir la joie que lui procurait ma visite malgré le fait qu'elle mourrait dans quelques instants. Comment faisait-elle pour être aussi joyeuse dans de telles circonstances ?
-Tu es forte, Hazel, et tu le sais. Je sais que je ne serais plus présente dans ce monde mais je serais toujours là, auprès de toi. Tu n'as pas à douter de toi et je veux que tu sourisses à la vie, que tu sois aussi joyeuse qu'auparavant. Je ne veux pas que tu pleurs ma perte alors je t'en supplie, promet le moi.
Que me demandait-elle ? Etait-elle sérieuse en me faisant promettre cela ?
Je me mordais la lèvre inférieure en détachant mon regard du sien. Je ne pouvais pas, cela en était trop pour moi.
-Pourquoi, Maman ? Tu sais parfaitement que tu comptes pour moi et que cette promesse est impossible alors demande moi ce que tu veux mais pas ça.
Je reportais mon attention sur ses iris qui me continuaient de me scruter.
-Seul ton bonheur m'importe alors je ne te demanderais que cela, me soutint-elle.
Je secouais négativement ma tête. Je ne pouvais pas. Elle était ma mère, une personne qui m'était chère et sans qui mon monde pouvait s'écrouler avec sa mort.
Je tentais de me calmer, de respirer tranquillement et alors que j'allais lui répondre, l'électrocardiogramme s'emballa.
Je restais paralysée sur son visage, seules les larmes coulant le long de mes joues me permettaient de me faire comprendre que le temps filait toujours. Les infirmiers et le médecin arrivèrent en trombe dans la chambre. Tous me crièrent de me pousser, de leurs laisser le passage afin d'essayer de réanimer ma mère mais je ne pouvais bouger. Je sentais seulement mon cœur se détruire peu à peu face à cette perte, la perte d'un être cher que j'avais vu mourir sous mes yeux.
J'entrouvrais mes lèvres, prête à hurler quelque chose, lui demander de rester auprès de moi... Mais j'en étais incapable.
Des bras m'enlacèrent et je posais ma tête sur le torse de mon frère dont je reconnaissais l'odeur.
Elle s'en était allée, le cancer avait gagné.
YOU ARE READING
Hazel
RomanceJe n'avais jamais ressentis cela auparavant et même si ma tête m'hurlait de m'ignorer, mon cœur me disait de ne pas penser et battait à la chamade en le voyant malgré le fait qu'il avait trahi ma confiance. Je savais que nous étions des opposés mais...