Hazel

Chapitre 2 : L'enterrement

Réunis autour de ce cercueil à moitié ancré dans la terre, nous tenons tous une rose de couleur blanche. Cette variété de fleur était la préférée de ma mère.

Autour de moi, j'entendais les pleurs incessants des membres de ma famille. Certes, je comprenais leurs douleurs mais ils n'avaient jamais été présent à ses côtés lors de son hospitalisation. Certains pleuraient alors que je ne les connaissais et j'avais l'envie de leurs demander pourquoi ils étaient ainsi puisqu'ils n'avaient pas vu ma mère depuis dix-huit ans. Cependant je me retenais, je ne voulais pas gâcher cette cérémonie, la dernière fois que je verrais le visage de ma maternelle.

C'était mon père qui parlait en cet instant mais je ne l'écoutais pas. Je touchais avec délicatesse une épine qui avait été oublié sur la tige de ma rose. Je n'entendais que les battements de mon cœur qui tapaient à tout rompre contre ma cage thoracique. J'allais devoir parler, exprimer ce que je ressentais face à la perte de ma mère.

Je vis alors Simon quitter sa place près du cercueil et je compris que c'était à mon tour de devoir prendre la parole. Je m'avançais, les yeux rivés sur les escarpins noirs que je portais et m'arrêtais sur la place qu'il occupait quelques instants plus tôt.

Je relevais mon visage et découvrais des dizaines de regards braquaient sur moi, attendant le moment où je m'exprimerais à mon tour. Ce que j'entrepris tout en regardant le cercueil de chêne où elle reposait désormais :

-Je sais que beaucoup d'entre vous me contrediront lorsque je dirais que la vie est injuste. Beaucoup d'entre vous me diront que c'était son destin, que rien n'aurait pu le changer mais je n'ai jamais perdu espoir pour autant.

J'ai été présente lorsqu'elle est entrée dans cet hôpital, j'ai attendu avec elle les résultats des nombreux examens qu'elle avait passé et l'ai rassuré. Je ne dirais pas que je suis la seule personne qui la connait véritablement, qui a été là pour elle pendant ses deux longues années mais je le pense bien fort. Alors certes, il n'y a pas eu que moi mais aussi Peter, Léna et Flore que je ne remercierais jamais assez de l'avoir soutenu. Mais la plupart d'entre vous n'ont jamais été présent, n'ont jamais demandés de ses nouvelles jusqu'à ce qu'ils apprennent qu'elle était décédée d'un cancer. Alors je vous avoue que je ris bien fort intérieurement en voyant les grosses larmes sur vos joues, des larmes de comédie comme j'appellerais.

Alors oui, de votre faute je suis en train de gâchée le discours que je devais faire sur elle mais à quoi bon répéter toujours la même chose. Si vous la connaissiez alors vous sauriez qu'elle ne voudrait que les personnes qui l'ont soutenu et qui comptaient pour elle pour ce dernier « au-revoir ». Or, la plupart d'entre vous n'ont pas leurs places ici. Alors pour finir, je dirais que j'aime ma mère et que malgré sa perte, elle restera à jamais dans mon cœur.

Je me pinçais les lèvres. Je venais de dire ce que j'avais sur le cœur et du coin de l'œil, je remarquais que les paroles que j'avais proclamé ne plaisaient pas forcément, mais je n'en avais que faire. J'étais une personne honnête et je ne pouvais faire bonne figure face à des hypocrites.

Je lâchais la rose avec douceur et elle alla se poser sur le cercueil où dormait, pour l'éternité, ma mère. C'était la dernière fois que je la voyais mais j'avais dit en sa présence ce qu'elle aurait pensé. Après tout, j'étais aussi franche qu'elle.

Les larmes me vinrent lorsque je me mis à penser à son visage me souriant de ses dents blanches. Je me refusais d'offrir cette vue à tous ce monde, à toutes ses personnes fausses. Je quittais ma place et passais à côté de mon frère qui me murmura brièvement :

-Elle n'aurai pu espérer mieux comme discours. Tes paroles étaient justes.

J'esquissais un sourire et m'arrêtais à ses côtés. Peter avait été la seule personne à qui j'avais pu me confier lorsque l'état de ma mère a commencé à dépérir. Je me souvins du nombre de fois où j'étais arrivée chez lui en trombe et en pleur. Léna avait été présente elle aussi, me rassurant et essayant de me remonter le moral.