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21 SEPTEMBRE 2017

Les bribes de souvenirs me parviennent avec difficulté. 

Je me vois arriver chez moi, poser ma seule valise dans ma chambre. Je me vois scruter dans la vitre de ma salle de bain mon visage si affaiblie et creusé par les cernes, et je me rappelle m'être demandé si tu me reconnaitrais quand on se reverra. Cela faisait plus de quatre mois que je n'avais pas put me regarder dans un miroir.

Puis je me vois courir dans la rue, le ciel est noir et le bitume est gelé sous mes pieds nus. J'ai dut sortir dans le dos de mes parents car ceux-ci ne veulent pas que je reprenne contact avec le monde exterieur avant que je me re-sois acclimater à ma vie ici.

Mais mon impatiente est trop forte, et mon excitation est trop grande, je veux te revoir.

Alors je me faufile au milieu de la nuit en dehors de la maison, je quitte la maison sur la pointe des pieds, oubliant d'enfiler mes basquettes, et je cours le plus vite possible vers chez toi.

Mon cœur tambourine, mes yeux brillent, je n'ai jamais eu autant envie de te voir. Entre les médicaments et toi, c'est toi qui provoque le plus grand manque.

Je parcoure le chemin entre nos deux maisons plus par instinct que par habitude car les rues me paraissent bizarrement semblable et différente en même temps. Mais je cours encore et encore et enfin quand je m'approche de ta maison je ralentit mon rythme, jusqu'à arriver en marchant devant ton perron.
Enfin ce qui devrait être ton perron.

Car devant moi tout ce que je vois est un grand portail bordé d'un mur d'enceinte en pierre. Je fronce les sourcils, me serais-je trompée d'endroit ?

Non pourtant je reconnait les maisons qui bordent ce long mur, ce sont bien les maisons de tes voisins. Je ne comprends pas, devant moi devrait alors se trouver ta maison.

Je m'approche du portail et l'ouvre sans rencontrer de résistance, je m'avance et referme celui-ci derrière moi, et une fois que je me retourne je ne vois qu'une chose.

Des stèles.

Partout.

Des dizaines de stèles soigneusement alignées en rangé.

Un cimetière.

Des dizaines de questions font surface dans mon esprit tandis que mon instint me pousse vers une tombe en particulier.

Je n'ai même pas le temps de me demander ce qu'il se passe que mon regard tombe sur le nom gravé dessus.

"Luna Desmont"

Le tient.

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