[En pause] Death Human Crisis

I - Fuite

Terra – Secteur 9.

Deux hommes, athlétiques et le teint pâle, se tenaient à proximité d'un engin motorisé, aux portes du désert qui jouxtait le Complexe. Leur faible liberté neurale leur permettait tout juste d'apprécier la splendeur désertique qui s'offrait à eux mais peu leur importait. Trois ans maintenant qu'ils avaient été implantés et avaient subis un reprofilage génétique. On aurait pu les prendre pour des clones, de même que les quelques centaines d'êtres humains qui travaillaient dans le Complexe.

L'un des deux partagea sa vision à distance avec l'autre. Un deux roues motorisé fonçait sur l'autoroute en contrebas.

- C'est lui.

Le deuxième homme tourna la tête dans la même direction.

- Bien. En route.

Ils montèrent à bord de leur quatre roues et ne prirent pas la peine de rejoindre la route. L'énorme engin s'engagea à travers les landes de sable comme si de rien n'était.

Il s'agissait de ne pas perdre de vue la cible.

Le Haut Fonctionnaire David Abahel gara sa moto dans la petite allée qui menait au pavillon résidentiel où il vivait avec sa famille. Déjà dix ans qu'il travaillait pour le Complexe en ayant pris soin d'éviter toute les campagnes de reconditionnement. Il ne put s'empêcher de réprimer un frisson à cette pensée. Certes, sa position lui permettait de falsifier quelques données mais la situation commençait à devenir intenable pour lui. Il était à cours de solutions de contournement.

- Papa !

Sa fille venait de surgir de l'entrée.

Il sourit devant tant de candeur. Lui qui passait sa journée entourait d'humains qui n'en étaient plus vraiment, il trouvait cela apaisant et profondément réconfortant.

- Lilith... dit-il en la prenant dans ses bras.

La fillette de dix ans se laissa faire avec bonheur. David pensa avec regret qu'il serait un jour obligé de la conduire à l'implantation... Alors que les jumeaux devraient s'y présenter d'ici quelques jours...

- Tu travailles de plus en plus tard... le réprimanda-t-elle.

- Je sais ma chérie mais ça changera bientôt.

- Tu vas changer de travail ? Demanda-t-elle avec de grands yeux ronds.

- On verra... dit-il avant de la pousser en avant dans la maison.

Un rideau de pression se matérialisa autour de l'habitation dès qu'il franchit la porte. On ne savait jamais qui pouvait prêter une oreille indiscrète.

Les jumeaux étaient en train de faire à manger tandis que Eva, leur mère, s'échinait à réparer le climatiseur.

- Mauvaise journée ? Dit-elle en levant la tête vers lui.

- Tu sais ce que c'est...

- Non pas vraiment. Je te rappelle que je n'ai pas beaucoup le droit de sortir d'ici...

Pour la préserver du reconditionnement, il avait contrefait un certificat de décès quelques années auparavant. Faute de mieux...

- Nous aurions mieux fait de partir comme ton frère et les autres au lieu de nous terrer comme des animaux apeurés.

- Je pensais que ça se passerait différemment. Que l'homme reprendrait le contrôle sur sa création...

- A quoi bon ? Par peur, nous sommes restés avec le camp des génocidaires ! Quelle honte à notre histoire ! Lâcha-t-elle en envoyant son tournevis atomique à travers la pièce.