CHAPITRE 1: Intro d'une vie

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            Félix se réveilla en sursaut lorsque la voiture rebondit sur une pierre. Cela devait bien faire deux heures qu'ils empruntaient ce chemin cahoteux, perdus au milieu des montagne. Le jeune garçon mit plusieurs secondes à se rappeler vers où il allait, avant de soupirer. Il avait failli oublier : c'était aujourd'hui qu'il allait intégrer sa nouvelle pension. Depuis la mort de sa mère, le jeune garçon était devenu pratiquement ingérable pour son père. Ce n'était pas que Félix était méchant, loin de là. En réalité, Florian, son père partait souvent dans de nombreux déplacements. Il était médecin, et aidait à subvenir en soignant les blessés de guerre dans des pays d'Asie ou d'Afrique. A la mort de Christiane, la mère de jeune garçon, Florian avait donné priorité à son travail. C'est ainsi que Félix s'était retrouvé en internat, détruit par la perte de sa mère, et seul par-dessus tout. Jamais il ne pourrait pardonner cet abandon à son père. Il l'avait supplié de le prendre avec dans ses voyages, mais Florian avait strictement refusé, sous prétexte que le danger était trop présent. Félix avait alors tout fait pour se faire exclure de l'école, allant jusqu'à insulter le directeur et ses camarades. Mais en rentrant à la maison, au lieu de se faire disputer ou punir, la seule chose qu'il put obtenir fut un regard triste et blessé de son père. Ce qui, selon lui, était bien pire, car Félix passa des heures à pleurer et regretter ses actes dans sa chambre. Il restait environ encore un mois d'école, et son père fit un pacte avec lui : ils passeraient les trois prochains mois ensemble si Félix retournait dans une pension en septembre, à la rentrée, lorsque Florian retournerait en Afrique. Félix le supplia plusieurs jours durant, de le laisser rester avec lui, mais son père resta impassible sur le sujet. Ainsi le jeune garçon finit par accepter - mais avait-il vraiment le choix ?

     Florian avait alors cherché avec application un nouvel internat pour son fils. Il avait fini par trouver le Manoir. On disait de cet institution qu'elle n'était pas trop stricte, et que pourtant en y sortant, les enfants étaient bien plus intelligents et débrouillards que la majorité des adultes. Elle avait donc une très bonne réputation, et se situait en plus dans le Wyoming, ce qui ferait changer l'air à Félix. C'était bien mieux que de rester dans la ville et la maison où avait vécu Christiane. La seule barrière était le test d'entrée. On disait dans les commentaires du site que beaucoup d'enfants y avaient échoué, et qu'il changeait chaque année, demandant intelligence, ruse et réflexion. Mais selon Florian, cela n'arrêterait pas Félix, étant très intelligent. C'est comme cela que Félix s'était retrouvé dans ce taxi, sur la route difficile menant à Menster. Le jeune garçon regardait le massif montagneux par la fenêtre, nostalgique. Il aurait pu l'admirer, s'extasier devant ce paysage blanc et féerique, mais sa tête était occupée par d'autres pensées. Notamment le test d'entrée. Il n'avait pas peur, mais était seulement intrigué. Il ne savait pas s'il devait se réjouir de réussir. Après tout, que se passerait-il s'il échouait ? Il irait dans un autre internat, dans tous les cas. Alors passer ou non lui importait peu. Depuis la mort de sa mère, il restait indifférent à tous les choix autres que celui de rester avec son père.

   Le conducteur s'éclaircit tout-à-coup la gorge, et lança à tout hasard :

« Alors comme ça, tu vas passer le test d'entrée au Manoir ?

   Félix tourna la tête et son regard passa de la fenêtre à l'homme, avant de répondre :

- Oui.

- Beaucoup d'enfants échouent, tu sais.

- Ça m'est égal d'échouer ou de réussir.

Le conducteur eut un petit sourire.

- Tu connais le deuxième nom du Manoir Wilkerson ?

- Je ne connaissais même pas le premier.

   Le conducteur ne fit pas attention à sa remarque et continua :

- On l'appelle le Manoir sans Fin. »

   Félix haussa les épaules. Sur les photos, le Manoir était minuscule, sale et délabré. Que lui racontait donc cet homme ? Cependant la discussion se termina sur ces mots. Le jeune garçon n'était pas d'humeur à la continuer.

Le Manoir sans FinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant