Sun's Shadow.

Chapitre 1: Nouvelle arrivante.

Collège Sainte-Maria, de nos jours.

Cours de mathématiques. Comme à chaque fois, le prof s'esquintait à faire rentrer dans nos « crânes creux » des formules aussi tarabiscotées les unes que les autres. Je glissai un regard en direction de mon meilleur ami. Je manquai d'éclater de rire en m'apercevant qu'il s'était endormi.

-Eh, Maxence ! dis-je en le secouant.
Pour toute réponse, je récoltai un grognement. Je levai les yeux vers le plafond et le secouai un peu plus fort.
-Mmmh, Ivan, laisse-moi dormir !
-Chut, moins fort Max, ou le prof va t'entendre !
-Oh, c'est bon !
Je lui mis un coup de coude dans les côtes et il riposta avec une claque derrière la tête.
-Messieurs Cioban et Deyson, veuillez arrêter !
Mr Rexior, notre prof de maths, nous dévisageait d'un œil mauvais. Je lui adressai un sourire angélique dont moi seul avait le secret et il ajouta :
-C'est la dernière remarque que je vous fais. La prochaine fois, vous irez voir le directeur.

Max et moi, on s'est tenus plus ou moins tranquilles jusqu'à la fin du cours. Dès que la sonnerie retentit, tous les élèves se levèrent et filèrent vers la sortie.

Max regarda notre horaire et s'exclama :
-Oh cool ! On a Mythes et Légendes maintenant ! Ça devrait te plaire blondinet !
Je levai les yeux au ciel. Max a toujours eu l'art de me trouver des surnoms, et ce depuis la primaire.
-Oui ! Tu dis ça parce que j'ai des origines transylvaniennes ?
-Ouais. Tu sais que t'as pas une tête de Transylvanien ?
-Je ne le suis qu'à moitié. C'est mon père qui vient de Transylvanie.
Physiquement, je suis comme ma mère. J'ai des cheveux blond cendré et des yeux bleu foncé, comme les profondeurs abyssales. En revanche, j'ai hérité de la corpulence de mon père ; grand, mais pas spécialement musclé.

-Bon, on y va Ivan ?
-Ouais, en route !
Max m'attrapa par la manche de mon sweat-shirt et m'entraîna vers la salle de cours.

Une masse impressionnante d'élèves attendait devant le local, ce qui me surprit.
-Wow, il y en a du monde ! s'écria Maxence.
Ah, je n'étais pas le seul à être étonné !
-Je me demande pourquoi ils inscrivent ce cours au programme seulement en moitié d'année, dis-je.
-Je t'ai déjà dit qu'ils sont bizarres dans ce collège !

Après quelques minutes d'attente, notre professeur de Mythes et Légendes arriva. J'écarquillai les yeux en voyant que c'était une femme. Elle était de taille moyenne, mince avec des cheveux blond platine relevés en un chignon et des yeux marron. Elle ouvrit la porte et entra. Elle déposa sa mallette sur son bureau, l'ouvrit et fouilla dedans.
-Viens Max, on va dans le fond.
Il ne bougea pas.
-Max ?
En le regardant, je vis qu'il dévisageait la prof.
-Eh, t'es pas discret, lui chuchotais-je.
Il se tourna vers moi et afficha une moue gênée.
-Ah bon ?
-Je te jure, t'es tout sauf discret.
Il daigna enfin bouger et me suivit. On s'installa dans le fond.

-Asseyez-vous, je vous en prie. Je suis Mademoiselle Valissya, se présenta celle-ci.
Pour notre premier cours, nous allons travailler sur le mythe des vampires.
Elle avait une main derrière le dos, elle tenait quelque chose.
-Nous allons regarder un film, un très grand classique.
Elle brandit alors ce qui se révéla être un DVD.
-Il s'agit de « Dracula », inspiré du célèbre roman de Bram Stoker.

-Elle doit être fan de ce film, chuchotais-je à Max.
Il hocha la tête sans pour autant avoir l'air de m'avoir entendu. Mademoiselle Valissya parcourut la classe du regard, et s'attarda sur moi.
-Quel est ton nom jeune homme ? me demanda celle-ci.
-Ivan Cioman, répondis-je.
-C'est donc toi le jeune Transylvanien..., murmura-t-elle.
Je restai ébahi. On lui avait donc parlé de moi ?
-Excusez-moi Mademoiselle, mais comment connaissez-vous mes origines ? demandais-je, soupçonneux.
-Je suis passionnée par la Transylvanie, et on m'a dit qu'il y avait un jeune Transylvanien au lycée. J'ai juste voulu en apprendre davantage à ton sujet.
Je n'insistai pas, bien que peu convaincu par cette réponse évasive.

Elle lança le film. C'était encore une histoire d'amour. Les femmes et le romantisme ! Max, à côté de moi, ne semblait pas être très attentif au film.
-Max ?
Aucune réaction. Il ne bougea pas d'un millimètre. Évidemment. Il lorgnait toujours en direction de notre prof.
-Max !
Il remua légèrement, pour enfin me regarder.
-Quoi ? Qu'est-ce que tu as ?
-Tu n'es pas concentré, écoute au lieu de la fixer.
-Si, je suis concentré !
-Sur la prof, pas sur le film.
-Je t'assure que je regarde !
-Ah ? Et que s'est-il passé dans ce cas ?
Il réfléchit et hocha négativement la tête. J'affichai une mine triomphante et lui tirai la langue. Je récoltai à mon tour une bourrade dans les côtes, ce qui m'arracha un gémissement de douleur.

Bien qu'il fut quasiment imperceptible, Mademoiselle Valissya se tourna brusquement vers nous. Je me figeai instantanément, tant son regard était menaçant.
-C'est mon premier et dernier avertissement : je ne veux plus vous entendre, sinon, je vous donnerai une sanction que vous ne serez pas prêts d'oublier. Est-ce clair ?
-Oui Mademoiselle, répondit-on.
Elle hocha la tête, satisfaite, et se détourna.
C'est fou, durant un instant, j'ai cru qu'elle allait m'étriper.

Max la regardait toujours, comme si rien ne s'était passé. Lui qui n'avait jamais fait attention aux filles, le voilà dingue d'une prof ! En temps normal, ça m'aurait fait rire, mais ici, je ne sais pas pourquoi, j'ai un mauvais pressentiment. J'ai l'impression que Max n'est plus lui-même depuis qu'il l'a vue. Et j'avoue que ça m'inquiète...

Le cours terminé, je me hâtai vers la porte du local. Maxence trainait derrière moi, je l'attendis donc à l'extérieur. En patientant, j'observai les élèves dans le couloir. C'est alors que je vis un visage qui, jusqu'alors, m'était totalement inconnu. C'était une jolie jeune fille aux cheveux noirs comme le plumage d'un corbeau et aux yeux vert foncé. Elle était d'une pâleur extrême, ce qui faisait ressortir la brillance de son regard.

Perdu dans la contemplation de cette jeune fille, je n'avais pas entendu Maxence derrière moi.
-Ivan ?
Je sursautai et me tournai vers lui.
-Max ! Tu m'as fait une de ces peurs !
-Désolé, s'excusa mon meilleur ami.
-Ce n'est rien. Mais qu'est-ce que tu fichais à l'intérieur ?
Il ne répondit rien, mais je remarquai qu'il était plus pâle qu'à l'ordinaire. Je ne lui en fis cependant pas la remarque.

Plus qu'un seul cours, et la journée sera enfin finie. Littérature, génial. En arrivant en classe, je vis, au premier rang, la jeune fille du couloir. Je m'installai, comme à mon habitude, dans le fond de la classe avec Max. Notre prof de littérature entra alors. Elle était suivie du directeur. Celui-ci fit signe à la jeune fille de se lever. Il nous annonça que c'était une nouvelle élève et qu'elle venait d'un autre pays. Il n'avait dit qu'une seule autre chose : son nom. Elle s'appelait Roxana Dragoman.

Intérieurement, je dis ceci : «Roxana Dragoman, je te jure que j'apprendrai à te connaître. »