19 ans c'est long

Une prison naturelle

Pour moi,le jour se lève lorsque l'on ouvre mes paupières.
Avant cela, je suis dans le noir.Le noir complet.
Je ne peux rien. Remarquez cela ne change pas vraiment après.Si, peut être...je peux voir.
Je vois tous ce qu'il se passe autour de moi.Il y a beaucoup de personnes ,ils parlent,rient et parfois même ils me touchent.
Ça doit sûrement être utile.Je sais que j'ai besoin d'eux...Depuis le temps que je suis là,j'ai compris que je dépendais entièrement de ces personnes. Il y a cette femme qui vient tout les jeudis; Je le sais,car de là où je suis,je peux apercevoir le calendrier,tous les soirs une personne vient cocher le jour qui se termine.
Ça m'aide pour la gestion du temps.Je disais donc,que cette femme s'occupe très bien de moi,je crois bien que c'est ma préféré.Elle a des mains si douces.
Souvent,elle me parle,mais je ne peux pas lui répondre. D'abord parce-que je n'entends pas se qu'elle me dit,et je ne peux pas parler.
Je rêve de pouvoir lui dire à quel point je lui suis reconnaissant,la prendre dans mes bras.
Mais je ne le peux pas.
Au jour le jour ,il y a des choses qu'ils me sont impossibles de faire.C'est pour cela qu'ils sont tous là,ils sont là pour moi car j'ai besoin d'eux.Ils font beaucoup de choses et en savent autant.Mais il y a au moins une chose dont je suis sûre qu'ils ne savent pas.Ils ne peuvent pas le savoir.
Si ils le savaient,cela changerait tout.
Mes journées se résument toujours à la même chose.
J'observe beaucoup, j'essaye de capter des choses,des émotions,des paroles,des indices qui m'aideront à savoir mon état de santé.C'est pas si simple lorsque l'on a qu'un seul sens.Avec le temps,je comprends de plus en plus de choses.Le matin,parfois, j'arrive à regarder la télévision,car mon lit est anormalement tourné de tel façon qu'il devient possible pour moi de la regarder.
Les repas sont toujours très rapides,tous est liquides.
Je réfléchis beaucoup,je fais travailler mon cerveau.
Ne pensez pas,même une seule seconde,que j'ai voulus tous cela.Tous ça m'est imposé.
Je n'ai pas le choix.
N'allez pas vous imaginer,que c'est simple pour moi.
Je lutte tout les jours.
Je me bats à chaque instant,je ne lâche rien.
Mon existence se résume à cela.Vous ne savez pas ,ce que j'endure.
Vous n'avez même pas la moindre idée de ce que c'est.De toute façon vous ne pouvez pas comprendre.
Je n'ai pas toujours été dans cette situation.
Avant j'étais comme les autres gamins de mon âge.Je jouais au parc,je jouais au football,avec mes amis. J'allais aussi à l'école.
Comme tous les enfants de mon âge,parfois j'étais sage, parfois je faisais des conneries. J'adorais mes parents, car ils étaient toujours là pour moi. Quand j'y repense,j'ai pas toujours été sympa avec eux. Je le regrette. Les dimanches matins,maman nous préparais un déjeuner très copieux. Elle était experte en pancakes. On mangeait bien. Je n'étais qu'un gamin, inconscient de ses actes. Je pense très souvent à eux.
Depuis que je suis ici,ils ne sont jamais venus me voir. Je ne sais pas pourquoi. Il y a certaines parties de mon passé qui se perdent,j'ai dû mal à les retrouver. Il m'arrive d'avoir des violents maux de tête,qui durent souvent une journée entière. Dans ces moments,je souffre le martyr.
Mais je ne peux le dire à personne.
La douleur fais partie de mon quotidien,j'ai appris à vivre avec. Mais cela ne veut pas dire que je souffre moins....
Loin de là,quand je pense que je suis sur un lit,tout les jours sans pouvoir bouger même un doigt.
Quand je pense que je ne peux ni entendre,ni sentir quoique ce soit :Cela me rends fou. Je vis dans un corps que je ne contrôle plus depuis longtemps. Et le personnel autour de moi ne sais pas que je suis là,il ne sait pas que je suis conscient et que je peux voir.
Je suis seul contre moi même, moi et mes démons. J'endure la solitude depuis tellement longtemps. J'aimerais que cela cesse.Il ne se passe pas un jour sans que je pense à me suicider,mais même ça je ne peux pas le faire.