19 ans c'est long

Une sombre lumière

Cela fais très longtemps que je suis là. Je ne pourrais dire exactement combien temps. Mais je le sais maintenant, mon arrivé ici remonte à une dizaines d'années. D'ailleurs je peux aussi vous dire où je me situe. J'ai fais un accident, visiblement très grave, et, on m'a ramené à l'hôpital.

Voilà.

Les médecins et le personnel soignant pensent que je suis dans le coma. Je suppose donc que j'ai dû l'être pendant un certain temps, et puis à un moment je me suis réveillé. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas comment. Parfois j'ai l'impression qu'ils me pensent mort. J'ai vu tellement de personnes passé devant mes yeux. Certains ne passent plus. D'autres vieillissent. Je ne me fais pas d'illusions, mon corps vieillit aussi.

Je suis dans une prison. Une prison naturelle... La pire des prisons qu'il soit. Avec, pour seul lien avec le monde, mes pauvres yeux. Ce qui est le plus dure, c'est la solitude. Imaginez vous que je vois que si  ils  ouvrent mes paupières. Ne pouvant bouger mes paupières, je ne vois que ce qui est droit devant mes yeux. Je vous vois venir. Vous allez me dire que dans mon malheur j'ai eu de la chance. Ils pouvaient très bien ne pas ouvrir mes paupières chaque jour . Oui. C'est vrai. Je ne sais pas exactement pourquoi ils m'ouvrent et ferment  les yeux fréquemment, alors qu'ils me pensent dans le coma. Je suppose que la raison dois être médicale.
Je suis enfermé. Fermé, à l'intérieur de moi. Je vais devenir fou. Je suis dans le noir, dans les ténèbres. Je me vois dans une cage, avec des barreaux noirs en fers. Je ne peux pas en sortir, en tous cas je n'y arrive pas. Mes idées  sont sombres. Je vis un enfer depuis tant d'années. J'aurais préféré être aveugle. Au moins je vivrais. Au moins je serais moi.
Qu'ils me débranchent!
Que cela cesse!
J'ai assez souffert. Tous cela ne mène à rien. Aussi loin que je me souvienne, le suicide m'a toujours chuchoté à l'oreille. Sa voix est douce et rassurante. Elle me dit que ça va bien se passer. Elle me dit qu'il y a une solution. Elle me promets des jours meilleurs. De plus en plus, elle me plais. J'aimerais me suicider, j'aimerais que tous cela s'arrête et que ce soit fini pour moi. Tapis dans l'ombre, je cris de toute mes forces, toute mon âme.

Je cris, ma peine.
Je cris ma haine.
Je cris d'éffroi.
Je cris d'horreur.
Je cris ma peur.

Je hurle tous mon désespoir.
En vain. Personne ne m'entends.
Personne ne sait que je suis là. Personne ne peut m'aider.
Vous pensez que je suis faible?
Vous pensez que je ne me suis jamais battus ?
Arrêtez!!!
Vous ne vivez pas ce que je vis.
Vous ne voyez que les mots.
Vous savez pas mes maux.
Moi je me suis battu pendant des années ; Seul. Je meurs à petit feu. L'agonie est un véritable supplice lorsque l'on est conscient.
Vous ai-je déjà parlé de mes maux de tête ? Ils sont fréquents, et ils ne  préviennent pas lorsqu'ils arrivent. La douleur me prend toujours subitement, elle m'arrache les tripes. Vous n'avez pas idée à quel point je souffre à ce moment là. Je vois flou, j'ai l'impression que ma tête va exploser.
J'ai mal.
Je pleur en moi.
Je pleur de rage.
J'ai des idées sombres.
De mauvaises pensées.
J'ai de violentes nausées.
Et tous cela durent  généralement des heures entières. Alors ne me dite pas que je suis faible. Moi, la douleur elle fais parti de moi. Elle est ancrée dans mon âme.
Moi, la douleur, elle me réveille, puis elle me berce la nuit.
Alors ne me jugez pas. Car, moi je sais ce qu'est la douleur...
 
Subitement j'ai un flash. Je me vois dans une voiture. Il y a beaucoup de bruit. Je regarde à ma gauche, un garçon se trouve là. C'est mon ami.
Puis je vois mon père à l'avant, il se retourne et me dit des choses, mais je ne parviens pas à les  saisir. Il a l'air inquiet...
Ça ne devait pas se passer comme ça...