Weird Falls

Chapitre 3

A deux semaines du solstice, tous s'accéléraient à Weird Falls. Les décorations de Noël étaient en place dans les rues, les vitrines rayonnaient de guirlandes et les couleurs dansaient dans les airs telles des lucioles illuminant la ville de leur ballet fascinant. Tous les soirs, après une longue journée de travail, les enfants traînaient leurs parents devant les magasins, réclamaient les plus beaux jouets et agrandissaient à chaque fois leur liste au Père Noël.

Il n'y avait pas de cadeaux pour le Solstice, c'était un peu comme le 4 juillet, mais les petits n'en étaient pas moins excités. Au contraire, pour beaucoup d'entre eux, cette période de célébration trônait à la première place des moments préférés de l'année, principalement grâce à la succession de toutes les fêtes de fin d'année ou aux feux d'artifices époustouflants, mais surtout grâce à l'idée de jouer avec tous ses copains pendant des heures. Ainsi, beaucoup de familles se rassemblaient avec leurs enfants, le soir parfois, et surtout le week-end, pendant les deux semaines qui précédaient le Solstice, pour participer à la préparation de ce grand événement.

C'était également le cas pour Elcyan. Comme tous les ans, il profitait lui aussi de son temps libre pour apporter son aide : mise en place des décorations dans le parc, réception des différentes livraisons, et cette année, il avait même reçu l'autorisation d'aider à la logistique de l'événement. Il fallait dire que depuis le temps que les employés de la mairie connaissaient le petit Elcyan, il avait appris tous les trucs et astuces pour apporter une aide significative, d'autant que tout le monde était débordé. Mais aujourd'hui, comme à chaque fois, il n'était pas seul. Alice l'accompagnait.

Alice Matthews était sa meilleure amie. Ils s'étaient rencontrés en 6ème, à l'âge de 11 ans. Elcyan n'était pas allé dans le même collège que le reste de ses amis, et de ce fait, il ne connaissait plus personne. De plus, ce n'était pas le genre d'enfant très sociable et qui allait facilement vers les autres, alors les premiers jours furent plutôt teintés de solitude. C'est Alice qui alla vers lui la première. Petite fille joueuse, gentille, et très attachante, elle proposa au jeune garçon de se joindre à elle et à ses amis un midi, et ce fut ainsi le début d'une longue et grande amitié.

Pourtant, malgré leur relation très privilégiée, il ne lui révéla jamais sa nature de sorcier. Il faut savoir que dans les familles qui sont liées de près ou de loin au surnaturel, on apprenait aux enfants à ne jamais parler de ce monde sans l'autorisation des parents, sous peine de sanction très grave.

Au fil des années, la jeune fille révéla des qualités qu'Elcyan apprit tout particulièrement à apprécier. Elle était joyeuse, optimiste et enthousiaste presque tout le temps. Ses yeux pétillaient d'une joie de vivre et d'une imagination sans limite, sa gentillesse à toute épreuve adoucissait les brutes les plus épaisses et son charme naturel la rendait irrésistiblement adorable.

Alice était de taille moyenne, ses longs cheveux châtains ondulaient élégamment dans son dos, ses traits fins et son visage doucement triangulaire attirait les regards et sa silhouette ne lassait pas les autres indifférents. L'adolescence avait joué son rôle, et c'était maintenant une belle jeune femme.

Ainsi, comme ni Elcyan ni Alice ne travaillaient en ce beau samedi ensoleillé, ils partirent au parc prêter main forte aux personnes déjà présentes. Il était passé chez elle la chercher, dans sa grande maison en plein quartier chic, et ils s'étaient mis en route vers la cascade.

Cependant, au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de leur destination, la jeune femme semblait se crisper. C'était très léger, mais le sorcier le sentait alors qu'Alice cherchait à le dissimuler. Pour quelle raison pouvait-elle être anxieuse, alors qu'ils allaient, comme tous les ans depuis des années, simplement accrocher des guirlandes dans les arbres ? De plus, elle avait l'air d'avoir l'esprit ailleurs, mais l'étudiant décida que ce n'était rien, qu'il y avait une raison, et que ça lui passera.