Chapitre 2 : La grande évasion

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C'était dingue comme ce petit lagiacrus ivoire mourrait d'envie de retrouver sa liberté perdue. Je ne pouvais vraiment pas le laisser comme ça. Il ouvrit de grands yeux quand je lui expliquai tout le plan, étant très attentif aux moindres détails. A la fin, il fit :

" - Et toi ? Pourquoi tu ne viens pas ?

- Hélas ..., répondis-je. Je ne serais pas aussi discret que vous. Je suis bien plus ... imposant on va dire. Si je viens, je vous ferais remarquer directement.

- Mais sans toi, on n'y arrivera pas ! C'est pour ça que les autres avant nous ont échoués ! Aller viens ! Toi aussi tu seras libre ! Me supplia le petit lézard.

- Tssssk ... sifflai-je. Ok je viens mais si vous clamsez, ce ne sera pas ma faute ! Du coup, qui de vous tous veulent tenter de partir ? "

Le lagiacrus ivoire ainsi que cinq de ses frères se redressèrent, prêts à s'évader de leur prison. Avec moi, nous étions sept. Je doutais très fortement sur nos chances de sortir. Par expérience, je savais qu'il y avait toujours cinq chasseurs autour de la grange où nous étions enfermés. Les bébés étaient vraiment trop jeunes pour se battre, c'était tout juste s'ils pouvaient charger leur carapace en électricité. Si notre évasion tournait au fiasco, je devrais affronter seul cinq chasseurs et surement plus si les autres chasseurs de la ville se rameutaient. Je priai surtout pour ne pas tomber nez à nez avec Shelkai qui avait un talent pour la chasse à des années lumières de celui des autres chasseurs.

Je soufflai un grand coup, me calmai et prenant mon courage à deux ailes, je crachai une énorme boule de feu qui explosa la porte de la grange en mille morceaux.

Ouais je sais, c'était pas le plan initial mais comme je me suis rajouté dans l'évasion, il me fallait aussi un passage pour sortir. Bon par contre, c'était bien sur l'endroit le plus surveillé de la grange et trois gardes me tombèrent directement dessus, me pointant de leurs lances en fer. Je hurlai :

" - Les mioches ! Ne trainez pas et courez vers la forêt ! Je retiens les humains ! "

Les ptiots ne se firent pas prier et coururent entre mes pattes hors de cette maudite grange. Mon cri avait réussi à stopper les soldats qui s'étaient bouchés les oreilles, mais d'un autre côté, j'avais aussi prévenu toute la ville de notre évasion ... Je sentais que j'allais vite le regretter. Et en effet, les deux autres humains chargés de nous surveiller rappliquèrent. Ils m'encerclèrent rapidement m'empêchant d'avancer.

Je ne voulais pas m'attarder par ici et plutôt que de combattre, je m'envolai. C'est alors qu'une petite douleur se fit sentir dans mon aile gauche. Je la regardai et vit une balle figée entre mes écailles. Avant que j'aie pu réagir, elle explosa, me faisant perdre l'équilibre et m'étaler lamentablement au sol. Alors que je tentais de me redresser, les gardes me plantèrent leurs lances dans ma palmure, bloquant ainsi tous mes mouvements. Je vis alors un chasseur avec un gros flingue sauter du haut du toit de la forge du village avant de pointer son arme vers ma tête.

J'étais totalement coincé. Je regardai au loin et vit d'autres chasseurs courir après les lagiacrus afin de les récupérer. Je le savais, notre évasion était vouée à l'échec ... Les humains étaient bien trop fort pour moi, et pour nous les monstres en général.

Shelkai se ramena en courant et lorsqu'il me vit prisonnier, il me jeta un regard sévère et plein de mépris. Il détourna le regard et partit aider les autres à capturer les bébés évadés.

Ce regard me mit dans une rage folle, je voulais à tout prix lui faire payer cet affront, ainsi que toute la maltraitance qu'il faisait subir aux monstres qu'il capturait depuis tant d'années ! Shelkai était allé trop loin cette fois !

Sentant une poussée d'adrénaline dans tout mon corps, je balançai une énorme boule de feu sur l'artilleur qui fut propulsé contre le mur de la forge avant de s'effondrer au sol. Puis, je repoussai deux gardes derrière moi avec un grand coup de queue puis en griffa deux autres. Je pu me libérer les ailes et me redressai rapidement. Je fonçai sur Shelkai et le croqua violemment. Il hurla de douleur avant de me frapper de ses petits poings mais bien sûr, c'était sans effet. Son épée était au sol, j'avais l'avantage.

Enflammant ma gorge, je l'expulsai en même temps qu'une sublime boule de feu, carbonisant le moindre de ses cheveux. Il retomba mollement au sol et se releva avec difficulté. Il me cria dessus, et pas besoin de parler l'humain pour savoir qu'il m'insultait. Il se massa les côtes, se craqua le cou et courut vers moi. Je tentai de lui placer une nouvelle morsure mais il fit une sublime roulade sur le côté afin d'esquiver et récupérer sa grosse épée.

Aïe, j'avais perdu mon avantage. Si à partir de maintenant je me prenais le moindre de ses coups, j'allais le regretter. L'artilleur se redressa et deux autres chasseurs rappliquèrent, rendant ce combat encore plus inégal. Je me retournai et remarquai que les quatre chasseurs qui étaient partis à la poursuite des petits léviathans avaient abandonnés et s'étaient redirigés vers moi. A treize contre un, le combat était on ne pouvait plus inégal. Les autres monstres s'étaient enfuis avec succès, il ne restait plus que moi.

Je n'avais plus rien à faire ici, je devais m'enfuir à mon tour. Je retentai de m'envoler, hurlant cette fois en même temps pour empêcher l'artilleur de m'atteindre pendant que je prenais de l'altitude. Même si je m'étais arraché les cordes vocales à hurler comme un dingue, mon plan avait fonctionné et je pus m'envoler tranquillement, fuyant vers la forêt.

Je me sentais libre, le vent entre les écailles. Je me retournai rapidement et vit la ville de Yukumo en flammes avec tous les habitants qui s'agitaient pour éteindre le brasier que j'avais créé. Tout heureux de ma bêtise, je souris comme un jeune enfant. Je n'avais jamais été aussi libre de ma vie, c'était une expérience nouvelle pour moi. Frôlant les arbres de la forêt, survolant les lacs tout en passant entre les montagnes de la région, je me sentais invincible. Cependant, je revins vite à la raison. Les petits évadés m'attendaient surement à la bordure de la forêt et ils devaient s'inquiéter ! Je m'empressai de retourner aux abords du bois, et me posait délicatement.

Marchant un petit peu entre les arbres, je ne trouvai personne. Au cas où, je poussai un long cri pour appeler les autres. J'attendis un peu, et soudain je vis, sortant d'un tronc d'arbre mort, la tête d'un bébé lagiacrus, puis un autre surgissant des fougères puis les six petits monstres qui s'étaient échappés des griffes des humains.

Nous étions tous au complet, bien vivants et en bon état. Mais surtout, nous étions libres !

L'azur du cielWhere stories live. Discover now