Chapitre 4 : Le maître de la forêt

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Pris de panique devant la disparition du léviathan blanc, je le cherchai partout aux alentours tout en surveillant les autres bébés qui mangeaient goulûment leurs deux aptonoths. J'avais beau hurler tout ce que je pouvais pour le faire revenir, il était trop loin pour m'entendre. Je commençai à m'inquiéter sérieusement, imaginant les pires scénarios.

Tentant de me calmer, je retournai voir les autres petits lagiacrus bleutés qui avaient repris des forces. Je ne pouvais pas les laisser seuls dans la nature, avec tous les dangers qui rôdaient aux alentours. Je les fis alors monter sur mon dos. C'était une mauvaise idée car mine de rien, ils pesaient sacrément lourd ! J'essayai de m'envoler, mais je manquai cruellement de forces pour soulever cinq lagiacrus en plus de mon propre corps. Je restai donc au sol et me mit à fouiller partout, derrière chaque arbre, sous chaque buisson, en hurlant de toutes mes forces en espérant entendre une réponse en retour.

Durant toute la journée, je cherchai en vain ... Comment avait-il put parcourir une telle distance en seulement le temps d'une nuit ? Il avait dut bouger pendant la journée, s'éloignant surement encore plus de nous. Abattu, je m'effondrai alors par terre alors que la lune se levait lentement dans le ciel. Les petits lézards descendirent de mon dos par la même occasion et partirent se coucher rapidement sans demander leur reste. Tant mieux, c'était déjà ça de moins dont je devais m'occuper.

Soudain, alors que je m'endormais doucement, j'entendis un petit cri de détresse. Je me relevai brusquement et le cri recommença. C'était tout proche d'ici ! Je décidai de laisser les autres dormir et courut vers l'endroit d'où provenait le cri. J'aperçus alors le lagiacrus ivoire tant recherché, acculé contre un mur, face à un zinogre visiblement énervé. J'interpellai ce dernier :

" - Hé, calmez-vous, qu'est ce qui se passe ici ?

- Qui es-tu ? Grogna le loup en colère. Qu'est-ce que tu fais toi aussi sur MON territoire ?

- Je m'appelle Unakai et je viens en paix.

- Unakai ! fit le petit reptile en me voyant. Tu es venu me chercher ! Quand tu es partis je me suis mis à ta recherche et ...

- La ferme, sale mioche ! Le coupa le roi de la forêt en lui donnant un violent coup de patte. Unakai, j'ignore si ce gosse est ton allié ou non mais une chose est sure, vous êtes tous les deux sur MON territoire, et en aucun cas je ne tolérerai quelqu'un chez moi !

- Ecoutez messire Zinogre ... commençai-je.

- Je ne veux pas entendre tes explications ! Tu vas payer pour tes actes, mais avant je vais m'occuper de ton chiard ! "

A ces mots, il se jeta sur le petit monstre et tenta de l'écraser avec sa patte avant mais le lézard glissa sur le côté au dernier moment, évitant l'impact de justesse. Le zinogre enragea de plus en plus et essaya de l'écraser de nouveau mais il esquiva, encore et encore. Ne voulant pas rester passif face à cette situation, je crachai une sublime boule de feu dans le dos de la wyverne à crocs qui se retourna subitement vers moi et me foudroya du regard avant d'afficher un rictus à vous glacer le sang. Le monstre me sauta dessus et me cloua au sol sur le dos avant de me dire :

" - Alors comme ça, on veut faire des coups en traître, hein ? Tu sais ce qui serait traître ? De te laisser sur le dos, t'arracher les entrailles avant de les dévorer sous tes yeux !

- Tu aboies beaucoup mais ne mords pas, répliquai-je alors pour le provoquer. Admire plutôt ce que c'est que de se battre pour de vrai ! "

Là-dessus, je lui balançai une boule de feu à bout portant en plein dans la face, détruisant partiellement une de ses cornes. Reculant sous la surprise, le zinogre me permit de me libérer de son emprise. Je me redressai alors et m'envola rapidement avant de fondre sur lui et lui enfoncer mes serres empoisonnées en plein dans la chair de son ventre.

Le seigneur électrique grinça des dents sous la douleur du poison qui pénétrait lentement sa chair. Il hurla alors un grand coup et une nuée de petits insectes bleus vinrent vers lui et se logèrent dans sa fourrure qui se gorgea d'électricité, formant de petits éclairs çà et là. Profitant de ce petit instant d'inattention de la part de mon adversaire, je lui attrapai la queue avec mes griffes avant de m'envoler avec lui dans les cieux.

Pendant que le monstre pataugeait dans le vide, je me mis à voler au ras des arbres et le clébard se mit à avoir la bouche pleine de branches et de feuilles qui, quand elle ne rentrait pas dans sa bouche ou dans n'importe quel autre orifice de son corps, venaient le fouetter violemment. Lorsque je sentis que la bestiole s'était un peu calmée après cette avalanche de coups, je m'élevai dans les airs, au-delà des nuages. Une fois assez haut dans le firmament, le lâchai le zinogre qui tomba rapidement dans le vide en me regardant à la manière d'un chiot apeuré. Mais il était trop tard pour que je puisse faire quoi que ce soit pour lui sauver la mise. De toute façon ce n'était pas mon envie. Une fois qu'il avait déjà bien entamé sa chute, je fonçai vers lui en piqué à une vitesse folle, repliant mes ailes pour gagner encore en vitesse. Je rattrapai lentement le zinogre sans pour autant pouvoir le toucher. Je le vis chuter entre les arbres, créant un trou béant entre les feuilles à son passage, me frayant un chemin entre les branches par la même occasion. Il retomba lourdement au sol, dans le craquement sinistre de chacun de ses os brisés par l'impact avec la terre.

Je continuai à fondre sur lui, la gueule grande ouverte et lorsqu'il fut à ma portée, je le saisis à la gorge et lui écrasa le crâne contre l'herbe, détruisant ce qui restait de ses cornes et probablement de son crâne. Voyant qu'il respirait encore faiblement, je ne réfléchis pas et lui empalai sa tête en y enfonçant profondément la pointe de ma queue dans sa gueule, l'achevant pour de bon.

Les insectes quittèrent alors d'un coup sa fourrure avant de s'évader dans la nature. Je retirai ma queue pleine de sang du trou qui lui servait autrefois de gueule. Pris de dégoût, je la frottais contre l'herbe. Regardant le cadavre encore chaud du roi déchu de la forêt, je dis en ricanant :

" - Oh bah zut, tu n'as pas survécu. C'est vraiment regrettable, je commençai juste à m'amuser ... Les humains sont plus résistants que toi, c'est plus marrant de les affronter. Au moins, je suis rassuré, je sais ce que mes petits auront à manger pour ce soir. "

Là-dessus, je pris la gorge du macchabée entre mes crocs et le ramena à la marmaille qui m'attendait patiemment après avoir été réveillée par les bruits du combat. Le petit lagiacrus ivoire sortit alors de derrière un rocher et me rejoignit, des étoiles plein les yeux après avoir assisté à mon affrontement contre notre repas de ce soir. Lorsqu'il retrouva ses petits frères et petites sœurs, il courut à leur rencontre et il passa la soirée à leur raconter mes exploits encore et encore, et les mioches buvaient ses paroles et voulaient toujours les réentendre, jusqu'à ce que la fatigue les rejoignent.

Quant à moi, je finis de manger les entrailles du zinogre et me reposai un peu. Mine de rien, ce combat avait été très éprouvant pour moi et en rajoutant le stress accumulé durant toute la journée à chercher mon petit monstre blanchâtre, la fatigue devenait rapidement assez intense et dure à supporter. De plus, j'avais compris que dans la nature, c'était la loi du plus fort qui régissait. Il était bien plus simple de se faire des ennemis ici que des alliés. Toutes ces pensées m'éreintaient et le sommeil ne tarda pas à me rattraper.

La nuit fut très paisible, pour mon plus grand plaisir. Je fus réveillé au petit matin par les premiers rayons du soleil qui traversaient les feuilles des arbres. J'ouvris difficilement les yeux et alors que j'étais encore à moitié endormi à moitié endormi, je comptais mes petits monstres ... Un, deux, trois, quatre, cinq et six. Merveilleux, ils sont au complet. Je me rendormis doucement mais ces derniers me sautèrent alors dessus en me suppliant d'aller leur chercher un repas. Attristé par la dure vie de parent que je menais désormais, je me levais, les invitai à venir et nous nous mîmes en marche pour trouver notre prochain repas.

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⏰ Last updated: Oct 27, 2017 ⏰

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