CHAPITRE I

42 3 0
                                    



- ...et puis, tout devient flou. Et je me réveille.

Je fixe le plafond et revois son image dans ma tête. Elle paraissait si réelle. Pourtant, si immatérielle à la fois. Je tente de piocher d'avantage dans mes souvenirs tout en écoutant Dr Norman prendre des notes. Je me suis toujours demandée ce qu'elle pouvait bien écrire à mon sujet... c'est vrai que je suis une patiente assez... originale si on peut dire. Elle me tire de mes pensées :

-Si je comprends bien, dis-moi si je me trompe, c'est cette même personne que tu vois depuis des années dans tes rêves?

-Oui c'est bien elle.

-Dis-moi en plus. Que sais-tu d'elle ?

- Mmh... pas grand-chose à vrai dire. Je sais que c'est une femme d'à peu près mon âge... même si elle paraît plus.

Elle paraissait tellement calme et sereine...

- A quoi ressemble-t-elle ?

- Elle est magnifique... je chuchote.

- Pardon, qu'est-ce que tu as dit ? Je n'ai pas entendu...

- Euh non rien. C'est juste que j'ai du mal à la décrire. C'est comme si je la connaissais... mais je ne la connais pas. Et je n'ai toujours pas réussi à voir son visage... ou en tout cas je ne m'en souviens plus.

Dr Norman prend d'avantage de notes pendant que je rêvasse. Je repense à elle. J'aimerais tant la connaître. Et pourquoi cette impression ? Comme si nous étions liées...

- Patricia tu m'entends ?

- Euh, pardon excusez-moi vous disiez ?

- Je te demandais si tu n'avais toujours pas entendu les voix de nouveau ?

- Non. Elles sont parties quand je leur ai demandé. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire n'est-ce pas ?

- Oui tu as très bien fait.

- Pourquoi vous continuez à m'en parler ? C'était il y a très longtemps...

En fait, j'avais huit ans. J'ai dû leur dire au revoir pour ne pas me retrouver à l'hôpital psychiatrique.

- Oui c'est vrai. Mais il est aussi vrai que c'est depuis que tu ne les entends plus que tu as ces rêves.

- Vous pensez qu'il y a un lien ?

- Oui je pense. Je n'ai pas encore trouvé lequel. Fais-moi signe si tu le trouves avant moi. (Je lui réponds par un sourire) Bon, je crois que nous en avons fini pour aujourd'hui. Il ne faudrait pas que tu arrives en retard à ton cours d'histoire.

- Oui bien sûr.

Je me lève du fauteuil tout en essayant de reprendre mes esprits. J'observe la pièce pour me ramener les pieds sur terre. Elle est remplie de livres, de documents et de dossiers jusqu'au plafond. Son bureau reste désordonné malgré ses efforts : des papiers sont empilés et forment une montagne. J'aime me poser des questions existentielles sur la gravité en les observant tenir miraculeusement sans tomber. J'adore cette pièce. Elle est apaisante. On s'y sent bien et en sécurité.

- En tout cas, sache que tu t'en sors très bien pour ce premier jour. Je suis fière de toi, me lance-t-elle en souriant. A lundi prochain.

- Merci, à lundi.

Je chope mon sac de cours installé sur le pas de la porte, l'ouvre, pose un dernier regard sur la Docteure qui me sourit et sort. J'aime beaucoup la voir. C'est devenu comme un rituel d'y aller toutes les semaines. Et puis je suis obligée de la voir à cause de mon problème de concentration. Je ne suis pas sûre que ça m'aide là-dessus, mais bon. J'ai commencé à y aller l'année dernière, plus pour rassurer ma mère qu'autre chose pour être honnête....

Trisha : la Terre en dangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant