Ha, la drogue. Quelle manière lâche de fuir la réalité n'est ce pas ? Mais quand Léviathan veut du sang, je n'ai pas le choix. Il essaie de me contrôler, et l'ecstasy l'en empêche. C'est simple. On m'avait donné cette pilule lors d'une rave, et j'attendais cette occasion pour la prendre. Un jour, une voyante m'avait dit que le jour de mes dix sept ans serait le pire, et que le monstre prendrait le contrôle. Je ne le laisserai pas faire.
J'observais quelques secondes la pilule, et sans plus d'hésitation je l'avalais. Les effets commencèrent doucement à se faire sentir, et je sentis que l'étau que Léviathan avait sur mon esprit se desserrait doucement. J'exultais. Je me sentais si bien, si vivante...
Je me mis à rire, tandis que le spectre de mon démon s'éloignait de moi.
Mais, la joie est quelque chose d'éphémère, surtout quand elle est dur à des stupéfiants. Les heures filèrent, et doucement j'acheminais ma douloureuse redescente. La tête me tournait, j'avais une atroce envie de vomir. Je me précipitai à la salle de bain, et vomis. Je me sentais mal, et l'odeur immonde ne m'aidait pas. Prise d'une folle paranoïa, je me jetais sous la douche, froide et entièrement vêtue. Les gouttes dessinaient d'étranges symboles, des lettres se formèrent vie.
Un seul mot: Jormungangr.
Puis, tout s'arrêta. D'un coup, ma nausée disparu, tout comme mon mal de crâne et l'impression que la gravité faisait des siennes. Affolée, je regardais le sol. Où diable était ce mot? Qu'est ce que c'était ? Pourquoi je faisais une fixette dessus ? Il fallait que je me calme.
Je m'assis en tailleur au sol, et ma respiration reprit son court et son rythme habituel. Je me séchais rapidement, et osais jeter un coup d'œil dans le miroir.
Mon épais maquillage noir avait coulé de mes yeux verts, comme de tristes larmes grises. Quand à mes yeux, ils étaient injectés de sang, comme si j'avais passé la nuit à pleurer. Mes pupilles étaient dilatées,bien plus qu'en temps normal. Mon noir à lèvres avait légèrement coulé sur mon menton, mais avait étonnamment bien tenu. Mes cheveux roux, eux, ruisselaient. Ils m'arrivaient à la taille, et des mèches d'une blancheur immaculée les parsemaient par endroit.
Je soupirai, et saisis un coton. J'entrepris d'enlever le maquillage couleur jais qui avait envahi ma peau pâle, et rangeais l'immense bordel que ma personne avait flanqué dans la salle de bain. Je n'avais pas tout à fait les idées claires, voire pas du tout. Mes actions étaient désordonnées, et je finis par abandonner. Je me brossais rapidement les dents, en observant mon reflet dans le miroir. Je crachai, me rinçai la bouche.
Lorsque je relevai la tête, je reculais, médusée. Mon reflet continuait de se brosser les dents. Incapable de bouger, j'observai ce spectacle étrange. Un épais liquide noirâtre glissait de la commissure des lèvres de mon reflet. Je m'approchais un peu, histoire de savoir ce que c'était. Mais d'un coup, mon reflet cracha. Non pas du dentifrice, mais...
Du sang. C'était du sang, qui venait parsemer mes cheveux. Elle avait craché à travers le miroir. Terrorisée, je me jetai en arrière, de l'hémoglobine dans les yeux, qui coulait sur mes joues. Le reflet sortit doucement du miroir, et ses yeux, ses yeux qui avaient perdu leur pupilles tournaient, se déformaient, et construisait un monstre affreux qui jadis avait eu mes traits. Elle s'approchait de moi, ses longues mains brûlées tendues vers moi pour m'attraper. C'en était trop. Je hurlais ce nom maudit, qui partageait mon corps.
« Léviathan!! »
Alors la surface lisse du miroir devint noire, comme de l'encre, et l'immonde créature se retrouva happée dans les profondeurs de ses ténèbres.
J'étais médusée, terrorisée, épouvantée. Si le Léviathan avait fait fuir ce monstre, c'est qu'il ne le commandait pas. J'en déduis que c'était quelqu'un d'autre, autre chose que lui. Était-ce l'ecstasy, ou autre chose que je ne pouvais comprendre ?
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Léviathan
FantasiUn demon, une jeune fille, qui partagent le même corps. Lui, un immense dragon dont le corps repose au fin fond de l'océan, et dont l'âme hante le corps de la jeune femme, elle, juste une jeune fille sans accroc, sans risque, sans drame. Elle doit s...