-Et donc Mégane, que ressentez vous à l'approche de "ça" ?
-Et bien docteur, je vous dirais que je ne ressens rien, ou du moins, que pourrais je ressentir face à l'inconnu ? De la peur, de l'appréhension, de la peine ? Rien. Je ne peux pas craindre quelque chose que je ne connais pas, mais je ne peux encore moins rester sereine face à tout cet inconnu. Alors je me sens comme vide.
Et je vous avoue docteur que c'est ce qui me fait le plus peur. Me sentir vide à l'intérieur, être une coquille vide attendant au bord de l'eau qu'une vague vienne l'emporter avec elle ? Non je ne peux pas et je ne le pourrais jamais.
-Vous dites donc que vous allez aller à l'encontre de votre destin ?
-Pire, je vais le défier. Je ne veux pas que ma vie se résume à un ton monotone . Non. Et si pour cela je dois me battre et [lui coupant la parole]
-Et si vous ne réussissiez pas ? Si vous mourriez demain et non dans quelques années ? Regretteriez vous vos paroles actuelles Mégane ?
-Non docteur je ne regretterais pas, car ma vie se résumerait à une tragédie et non à une page blanche.Je me suis rarement demandée ce que je voulais être ou du moins ce que j'aurais dû être. A l'heure actuelle je me questionne sur ce que j'aurais pu être. Mon existence elle même avait-elle un but ou n'était elle que le brouillon d'une autre à venir. Je ne sais pas et à vrai dire je n'ai plus le temps de me poser ces questions.
Je roulais, encore encore et encore sans réellement savoir où j'allais, où j'aurais pu atterrir. A quoi bon, que se soit ici où là, l'inconnu resterait le même. Et puis un rien m'a fait changer de direction, m'a fait changer mes rêves en espoirs.
Passer de quelqu'un à personne fait souvent peur aux gens de la métropole. Perdre sa place, passer du rang des avantageux aux désespérés et une chose en entraînant une autre perdre sa vie pour une futilité. Mais moi, je n'avais pas peur.1 an plus tard,
Me voilà, assise sur ces bancs métalliques peu confortables enveloppés d'une chaleur prenante et d'une volée de poussière asphyxiante.
Nous étions dans ce qui se rapprochait le plus d'une camionnette, autrefois kakis sûrement, 16 sardines enfermées et tassées les unes près des autres avec pour seul moyen de survie dans cette boîte métallique 10 minuscules fenêtres penchées sur le ridicule. Il nous restait environ 15 minutes de route avant d'arriver à notre destination et surement encore pleins de haut le coeur que malheureusement Hadji venait pour la 2 deuxième fois d'expulser à travers la fenêtre. Heureusement pour lui ou pour son pantalon blanc il avait pu passer à temps sa fine tête à travers celle-ci.Hadji était un homme dans la quarantaine qui commençait déjà à avoir malgré son âge peu avancé des cheveux poivre et sel.
Dès mon arrivée à l'Hôpital de Boston, il m'avait pris sous son aile croyant trouver en moi la touche de perfection qui lui manquait. Et oui, Hadji est de ce qu'on appelle un perfectionniste: il recule les limites de l'impossible, pensant que cette limite n'existe pas, que seule la mort est réelle et pourtant ! Il réussit la plus part du temps à la contourner voir même, de faire revenir les personnes ayant traversée cette frontière. Mais certaines fois l'impossible refait surface tuant tout espoir...C'était il y a maintenant 3 ans, une petite fille était morte en salle d'opération. Elle avait 8 ans et pourtant elle se faisait opérer d'une tumeur au cerveau. Hadji était en charge de cette patiente, il avait même créé un lien pensant que si elle avait confiance en lui le taux de réussite pour l'opération augmenterait, alors il avait reculé l'opération de 3 mois afin d'instaurer ce lien entre eux deux.
Il y avait peu de chance qu'elle s'en sorte lorsque j'ai lu son dossier, et pourtant Hadji voulait réussir, il le devait pour lui mais aussi pour elle et sa famille. Il était prévu qu'on lui enlève que la moitié de cette tumeur, afin qu'elle se refasse opérer quelques années plus tard mais il s'était avéré qu'Hadji pensait autrement. Il avait, de fil en aiguille, découvert que la jeune fille voulait devenir danseuse étoile alors si on lui gardait cette tumeur son rêve allait s'envoler, car ce que la famille ne savait pas était qu'elle allait surement devenir handicapée si elle gardait la tumeur plus longtemps..
L'opération s'était déroulée à merveille à vrai dire, les chirurgiens avaient réussi à extraire plus de la moitié de cette tumeur mais au bout d'un certain temps, quelques uns devenaient réticents à l'idée de la lui enlever entièrement puisque ce n'était pas le but de cette opération... Alors Hadji avait utilisé sa réputation de "sauveur" afin de convaincre l'équipe entière et cela avait marchée! C'est vrai qui ne ferait pas confiance à un médecin n'ayant aucune mort sur les épaules, personne non ?Je suppose que vous imaginez la suite, elle n'a pas survécu et cela à détruit Hadji au point qu'il arrêta sa carrière pendant un certain temps.. Il dirigeait donc les services voyant la mort chaque jour sans pouvoir l'arrêter, sans dénier lever un œil vers ces autres familles dépitées à leur tour.
Et puis je suis arrivée.
En réalité je ne savais pas qui il était ou du moins je ne savais pas qu'il était Hadji, ce Hadji. Et puis quelques mois après mon arrivée il y eut deux accidents: un bus scolaire de 10-12 jeunes primaires avait été renversé sur la chaussée suite à de forte pluie et un carambolage entre trois hommes d'une vingtaine d'année. A votre avis quels patients ont été pris les premiers ? Les premiers arrivés ? Les enfants ? Les adultes ?
Peut importe en réalité qui vous choisissez, il faut prendre celui qui est le plus dans un état critique: il s'avérait que c'était l'un des jeunes conducteurs, celui qui avait été au centre des deux voitures. Mais pourtant tout le monde c'était précipité vers les enfants..C'était la folie dans l'hôpital, tout le monde courrait dans tous les sens, nous avions un manque de place mais surtout de médecins. Sur les 5 médecins de gardes tous étaient parti voir les enfants et le conducteur n'avait rien eu, fort heureusement pour lui car il avait été invisible au près de mes collègues.
Alors que je diagnostiquais l'un des hommes de la voiture, mon supérieur hurlait mon nom dans tout le hall afin que je laisse ce patient et que j'emmène une petite faire une radio pour une cheville qui devait surement être foulée au vue de sa forme. Nous n'étions qu'à une dizaine de mettre et pourtant seul sa voie résonnait dans la pièce tandis que les autres patients commençaient à se mettre en cercle autour de nous suivie des infirmières.
Malgré mon arrivée récente, j'avais su montrer mes capacités médicales aux autres ce qui faisait que 2 infirmières m'aidaient avec mon patient agonisant à mes côtés sans se préoccuper de l'avis des autres. Nous l'avions fait monté sur un lit puisque je supposais une hémorragie interne près de son foie, il devait absolument se faire opérer d'urgence ! Alors qu'une ronde se faisait entre nous, que les autres regardaient attentivement les dires de l'autre médecin sans s'occuper des patients, le mien venait de faire une chute de tension. Son hémorragie devait surement se répandre dans son corps mais nous n'avions plus de bloc opératoire de libre et il allait mourir sous peu.. Alors dans l'urgence même, je mis des gants, pris un scalpel et fit une légère entaille au niveau de son hémorragie toujours sous les cries des autres patients et infirmières regardant la scène mais aussi sous les hurlements de mon directeur me demandant d'arrêter ce que j'étais entrain de faire au risque d'une morte subite de mon patient.
Et puis montant sur le brancard où se trouvait mon patient et sans répondre aux interrogations de mes infirmières je fis entrer mes doigts dans l'entaille à la recherche de l'artère étant l'origine de cette hémorragie. Un silence de mort régnait dans la salle laissant ma concentration à son apogée. Et alors après avoir trouvé cette artère, de mon index, je la mis sur mon pousse empêchant de même à la circulation du sang dans le reste du corps: je bouchais le trou sans trop de pression pour ne pas qu'elle explose sous mon doigt. Les téléspectateurs ébahis nous laissèrent enfin passer vers les blocs opératoires toujours sous le regard haineux de l'autre médecin.Et c'est ainsi qu'Hadji m'eut dans sa ligne de mire et qu'on me surnomma au fil du temps "doigts de fées".
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Mes mémoires
Novela JuvenilJe pose des mots dans le vide dans le but de le combler, je décris des sentiments dans le but de les oublier. C'est pas de l'art, à ça non, et ca aurait pu être beau mais tout est question d'objectivité dans ce monde de trop pleins d'lucidité. Mai...