Je ne connaissais même pas le nom de la femme que j'ai tuée par ce jour de neige, et d'ailleurs je ne l'ai jamais demandé par la suite.
Ça ne m'intéressait pas.
Sam m'a dit que je n'avais pas à m'en vouloir pour ce que j'avais fait, et que je pouvais être fière d'avoir fait ce qu'il y avait à faire. Je l'ai cru, j'ai continué à faire ce qu'on me demandait. Je n'ai jamais eu d'amis parce que je savais que d'un jour à l'autre ils pouvaient devenir des ennemis mortels. Alors souvent, d'un jour à l'autre c'est moi qui devenait mortelle.
Au collège, j'ai insisté pour être inscrite toujours sous le nom de Laura. Ça n'a pas plu à Sam, mais c'était mon caprice et il avait vraiment besoin de moi, alors il a accepté. Il me semble que depuis je ne lui ai pas expliqué d'où me venait cette idée.
Le fils Gunberg était dans le même établissement que moi, et on m'avait chargée d'entrer dans son cercle de confiance. Il n'était pas au courant des affaires de son père, et le pauvre enfant n'a pas pu voir venir ce que nous lui avions préparé. Au moins, disait Sam, il ne finirait pas comme moi. Quand j'ai demandé ce que voulait dire "comme moi", il m'a répondu :
"Toi, tu es un chef de guerre en devenir" mais pour être chef de guerre, je devais d'abord faire tout ce que le Clan attendait de moi.Si j'avais compris plus tôt qu'à ce moment-là il mentait, c'est moi qui l'aurais fait assassiner avant que les hommes de Gunberg ne s'en chargent, quelques années ensuite. Mais je ne m'en suis rendue compte que trop tard, longtemps après l'avoir vengé, lorsque j'ai eu atteint la majorité et accès aux testaments du Clan.
La fille Campaglione allait forcément devenir chef de guerre, en tant que dernière représentante de la famille, aussi il n'avait jamais été question qu'elle se salisse les mains à la place de son tuteur. C'est donc son frère qui a payé ma colère, et quelques fois ma conscience me rappelle qu'on ne m'a jamais ordonné de le faire.
Je crois que depuis ce jour je n'aime pas recevoir des ordres.
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Les têtes blondes
AdventureIl paraît que j'ai toujours été la méchante de l'histoire, et je veux bien le croire. Je ne suis pas non plus très recommandable, mais cela fait bien longtemps que ce n'est plus de ma faute. Il y a quelques années, j'aurais donné n'importe quoi pour...