Adriel et les lumières de la lune.

二

Tes cils courts, 
tes lèvres dessinées à la va-vite comme si on s'était empressé de les faire, 
ta mâchoire carrée, 
tes cheveux se battant les uns contre les autres, 
tes fringues dégueulasses,
ton odeur de clope mélangée à des parfums de femmes, 
ta voix cassée, 
tes poings en sang. 
Impossible de ne pas s'attarder sur toi. C'mec qu'on aurait dit sans sentiments,  sans émotions.

J't'ai longuement observé , tu sais.
Assis sur le quai à contempler les vagues comme souhaitant qu'elles t'emportent avec elles.

Et toi aussi tu as observé.

Tu observais les gens qui passaient devant le port et tu comprenais.
Tu les comprenais eux et leur vie.
Eux et leur sentiments.
Eux et leurs peurs.
Tu captais la plus petite chose à la plus immense.
Sauf ce qui te concernait toi.

Tu n'entendais pas
le silence chuchoter
au creux de
ton âme.
Tu as peur
du bonheur ,
aimerais-je te dire.
Il est désolant ,
ce temps
gris foncé;
Et tes pleurs
sur son coeur
en acier.