la Création et les Opposés

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Voici la création du monde, telle que les chevaux la racontent...
Au début il n'y avait que roche et terre. Naquit ensuite le premier bourgeon, suivit de milliers de fleurs de toutes les couleurs. Le vent se leva pour la première fois et créa les chevaux à son image : libres, fiers, rapides . La terre, jalouse, créa les hommes à son image : solides, jaloux, possessifs. Lors de la première gelée, lorsque le soleil se coucha, les ombres créèrent les loups à leur image : discrets, sournois, forts.

Suite à la Création,
Les éléments choisirent
De faire tout en beauté,
De continuer la ronde,
La ronde de la Création.

Suite aux chevaux
Suivirent les corbeaux,
Suite aux fleurs
Suivirent les pleurs,
La peur imprégna les cœurs.

La créature,
Sans fin ni commencement,
Inconnue de tous,
Fit régner sa loi
Dans le cœur de ses proies.

Elle est depuis toujours et sera à jamais,
Plus sombre que les loups,
Plus rapide que les chevaux,
Plus forte que les hommes,
Plus vicieuse que tout.

Existe-t-elle ?
A-t-elle une enveloppe charnelle ?
C'est un mystère
Bien austère.
Père ou mère,
Fils ou fille,
Volant ou rampant,
Nageant ou marchant,
Personne n'échappe
À son sinistre enchantement.

Cette bête a un adversaire
Qui est son contraire,
Ils sont complémentaires,
L'un sanguinaire,
L'autre élémentaire.

La Créature est éternelle
Seulement grâce à l'existence
De son opposé plein d'élégance.
Elles se battent en permanence,
Proches et lointaines,
Rapides et lentes,
Toujours présentes.

Lumière et Ténèbres,
Voilà leurs attributs,
Idéaux et réalité,
Voilà ce qu'elles sont.
Un cycle elles formeront,
Jusqu'à la fin,
Voici cette ronde,
Danse éternelle et gracieuse.

Leurs enveloppes charnelles
Sont de rouge vêtues.
Elles sont deux, depuis la Création
Ou peut-être bien avant.

Elles sont discrètes et bruyantes,
Absentes mais évidentes.
Chacun les connaît
Mais personne ne le sait.

Elles sont causes et conséquences,
Espoir et désespoir,
Deux opposés
en complémentarité.

Elles nous entourent,
Elles nous oppressent,
Impalpables
Mais remarquables.

Une mince ligne,
Frontière entre les deux
Nous empêche
De changer.

Mais la Créature du Malheur
A un passage secret
Pour s'insinuer
Dans la maisonnée
De son opposé.

Une fois imprégné,
Impossible de s'échapper
De ses griffes froides
Et livides.

Fuyez ! Courez !
Mais vous serez toujours rattrapé...
Le temps est son ami,
Et pour vous votre pire ennemi...

Modeste PoésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant