Madame la Maire [Réécriture]

Chapitre 12

Quinze jours avaient passé. Deux semaines d'un étrange ballet entre Louise et moi, où les rendez-vous professionnels s'enchaînaient dans une ambiance teintée d'un mélange d'électricité et de retenue.

Depuis notre altercation, quelque chose avait changé. J'avais tenté de calmer le jeu, bien que l'envie de tester ses limites me titillât encore. Mes phrases, souvent ponctuées de sous-entendus calculés, semblaient la désarçonner. Louise, si froide et maîtresse d'elle-même en toute circonstance, se trouvait parfois déstabilisée, et je prenais un plaisir coupable à l'observer dans ces moments-là. Chaque matin, je choisissais soigneusement ma tenue. Je voulais être impeccable, mais aussi irrésistible. Louise semblait consciente de ce jeu, mais elle ne le relevait jamais explicitement.

Sa distance avait légèrement évolué. Elle n'était plus aussi froide qu'au départ, mais quelque chose dans son attitude laissait deviner une lutte intérieure. Était-ce de la méfiance, du désir, ou simplement un agacement qu'elle s'efforçait de dissimuler ?

Ce soir-là, j'arrivai chez Louise pour une énième réunion concernant les travaux. Le chantier avançait bien : les ouvriers avaient terminé la salle de bain et une partie de la terrasse. À mon arrivée, la maison était étrangement calme. Les bruits des outils avaient cessé, les ouvriers déjà partis.

Louise m'accueillit avec son habituel mélange de courtoisie et de réserve. Nous passâmes en revue les avancées pièce par pièce. La cuisine, à peine esquissée, promettait d'être spectaculaire, avec ses lignes épurées et ses matériaux haut de gamme. Le salon, déjà réaménagé, reflétait un goût certain pour l'élégance moderne.

— Et maintenant, je vous laisse admirer la salle de bain, dit Louise avec un sourire rare, presque détendu.

Elle m'entraîna à l'étage.

La pièce, baignée dans une lumière douce, était un véritable chef-d'œuvre. Les murs bleu profond se mêlaient aux carreaux gris argenté pour créer une ambiance apaisante, presque onirique. Une baignoire d'angle trônait sous une large fenêtre, encadrée de plantes suspendues. Deux vasques en céramique blanche étaient posées sur un meuble en bois brut, tandis qu'une douche à l'italienne, immense, occupait le fond de la pièce.

Louise semblait ravie, son regard s'attardant sur les moindres détails.

— Une vraie réussite, dis-je en admirant la douche.

— Vous trouvez ? répondit-elle avec une pointe d'incertitude dans la voix, comme si mon avis comptait plus qu'elle ne voulait l'admettre.

Je hochai la tête, approchant de l'installation.

— Et comme je vous l'avais expliqué, la douche est équipée de jets massants et de lumières intégrées.

— Lumières intégrées ? s'étonna-t-elle.

— Oui, différents tons : blanc froid, chaud, ou même des nuances colorées pour une ambiance relaxante.

— Et ça se commande comment ? Avec une télécommande ?

Je souris, amusée par son ignorance. Louise, malgré son assurance, avait cette façon charmante de révéler parfois une certaine maladresse.

— Non, venez, je vais vous montrer.

Je m'avançai dans la douche, pointant du doigt un panneau de contrôle élégant encastré dans le mur.

— Ici, ces boutons permettent d'activer les jets et de changer les couleurs. Regardez.

J'appuyai sur l'un des boutons au hasard, pensant désactiver les lumières. Mais au lieu de cela, les jets massants s'enclenchèrent soudainement, projetant de fines gouttelettes dans toutes les directions.