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Paris, aéroport CDG

10h30. Après de longues heures de voyage nous arrivions enfin à Paris. Contrairement à ce que j'avais pensé Paris m'avait vraiment manqué. Par le hublot je reconnu le terminal d'arrivé et je me sentis comme à nouveau à la maison. Je savais que j'avais pris la bonne décision en rentrant plus tôt mais j'étais encore morte de trouille à l'idée de le revoir ou même de lui parler.
Lorsque nous sortions de l'avion je fus surprise par la chaleur de Paris, je pris alors mon temps avant de rejoindre le bus tout en contemplant le paysage pourtant d'une extrême banalité. Tout me semblait beau et parfait alors que je n'étais partis que 3 semaines, on aurait dit que je venais pour la première fois. En montant dans le bus une boule d'excitation monta en moi, dans quelques minutes j'allais retrouver Théo qui avait gentiment proposé de venir nous chercher.
En passant la dernière porte valise à la main, la première chose que j'aperçus au loin fus un groupe de mec adossé contre le mur. Le premier que je reconnu fus Doum's, difficile de le louper on l'entendais à 50 mètres. Je n'eus pas le temps de reconnaître tout le monde que déjà Théo me sauta dans les bras.

-Ça fait grave plaisir de te revoir. Fus la première chose qu'il me dit.

Je le serra fort dans mes bras et profita du moment quelques instants, s'en suivis alors de longues retrouvailles avec tous les membres du crew. C'est seulement en me détachant des bras de Sneaz que je remarqua Ken adosse contre le distributeur légèrement en retrait. Je n'avais jamais été aussi heureuse de le voir car malgré nos différents il avait fait l'effort de venir et ça, ça me touchait énormément. C'est alors sans hésiter que je m'approchai de lui discrètement pour le prendre dans mes bras. L'étreinte dura longtemps, quelques secondes ou quelques minutes où aucun de nous parlait, mais le voir, le sentir près de moi, dans mes bras me faisait le plus grand bien. Quand nous nous détachions l'un de l'autre nous nous observions quelques secondes toujours sans prononcer un mot.

-Bah alors ils se font pas la gueule vous racontez de la merde, sortis subitement Doum's.
-Doumam's je t'adore mais pour une fois juste tais toi. Lui répondis Cassandra.

Tout le monde rigola ce qui détendait un peu l'atmosphère et sur ce nous quittions le hall pour rejoindre les voitures.

Enfin de compte les retrouvailles s'étaient déroulés beaucoup mieux que je ne l'aurai imaginé. Je n'avais pas parlé avec Ken mais il semblait changé, plus posé et plus calme. Après m'avoir déposé chez moi les gars étaient partis et il était convenu que l'on se retrouve tous ce soir pour faire une petite fête.

La première chose que je vis en  arrivant chez moi fus la tonne de courriers empilés sur ma table avec au dessus un colis. Tout de suite intrigué, mes chaussures encore aux pieds je saisis la petite boite et pris la direction du salon pour l'ouvrir. En ouvrant je découvris une petite boite avec à l'intérieur un bracelet fin en or avec grave dessus « Là où on s'aime il ne fait jamais nuit ». Rien qu'en lisant cette phrase j'eus des frissons sur tous le corps. Le colis n'était pas signé et rien n'indiquait qui était l'expéditeur de ce cadeau mystère mais au fond de moi je le savais, je le sentais et cette petite attention me touchait au plus haut point. Sans attendre une minute de plus je pris mes clefs de voiture et pris la direction de chez lui. Sur le chemin une multitude de question se posait dans ma tête: était-ce une bonne idée? Après tout j'étais censé prendre mon temps avant de me jeter dans la gueule du loup. Mais qu'est ce que j'allais bien pouvoir lui dire?
Je n'eus pas le temps de répondre à cette question que j'étais déjà arrivé en bas de chez lui. Je sortis alors de ma voiture et tapa machinalement le code avant de monter jusqu'à l'étage où était son appartement.
Je pris alors une grande inspiration et sonna à la porte.
D'un coup elle s'ouvrit et Ken apparu devant moi. Nous restions immobile l'un face à l'autre et aucun mot ne sortait, on se regardait, s'analysait tout à tour. Puis d'un coup, il s'approcha de moi et me pris délicatement par la taille avant de poser ses lèvres sur les miennes. L'instant dura un instant, quelque secondes ou quelques minutes durant lesquels j'avais comme l'impression de revivre. Lorsque nos têtes se décollèrent il me murmura « Ne t'éloigne plus jamais aussi loin, aussi longtemps de moi ». 

Je le pris une dernière fois dans mes bras en guise de réponse avant de m'installer sur son canapé. Aucun de nous n'osait commencer à parler, on se regardait, se jaugeait.

- Comment vas-tu? sortais-je sans vraiment réfléchir.

- Je vais bien... mieux. Tu m'as beaucoup manqué Ada. Au début je faisais le fier et le mec fort mais je me suis rapidement rendu compte que tu me manquais. J'attendais qu'une chose c'était ton retour et maintenant que c'est arrivé je ne sais plus comment me comporter. On a tous les deux déconné grave et j'ai pas envie de revivre ça. Surtout que dans quelques semaines tu pars à New York 4 mois et je sais vraiment pas comment gérer ça. Je veux pas que tu partes aussi loin...Je veux dire que je sais que c'est une énorme opportunité pour toi que de partir à New-York mais j'ai peur, en réalité je suis tellement perdu. D'habitude je sais toujours ce que je veux ou du moins ce que je ne veux pas mais depuis qu'on s'est rencontré tout est parti en couille dans ma tête. Je ne sais jamais comment me comporter avec toi et bizarrement je finis toujours par faire n'importe quoi.

-On ne peut pas se permettre une nouvelle fois de se faire du mal. Si on décide de construire vraiment quelque chose, ce n'est pas pour se disputer et se quitter toutes les semaines.

-Et tu penses que ça marcherai... à distance?

-Je n'en n'ai aucune idée. Je sais ce que je ressens et je sais ce que je veux mais je n'ai aucune idée si cela va marcher.

-Alors... je viens avec toi.

-Quoi?

-A New-York.

-Ne dis pas n'importe quoi, tu as pleins de choses à faire.

-Je dois aller a L.A pour faire un son avec mon pote Joon, mais rien ne m'oblige à rester ensuite à L.A. Après tout je viens pour écrire, je peux très bien le faire à New-York. Et ensuite je peux décaler quelques dates de concert et..

-Ken tu ne peux pas tout envoyer en l'air, tu as pris des engagements auprès des gars et de tout le monde. Tu ne peux pas d'un coup décider sur un coup de tête de décaler des dates, alors que tu viens à peine de sortir ton album. Il y a des gens qui comptent sur toi.

-Alors quoi? Tu pars à New-York, moi à L.A et on ne se voit pas avant décembre? C'est ça que tu veux? Je croyais qu'on allait se donner une nouvelle chance mais peut-être que ce n'est pas ce que tu veux au fond de toi finalement.

-Arrêtes de faire l'enfant Ken, tu sais très bien que je veux être avec toi, mais pas dans ces conditions. Je veux nous redonner une chance mais je ne veux pas la gâcher inutilement. On est tous les deux en train d'évoluer professionnellement parlant, on touche de près nos rêves, et je ne peux pas te demander de tout mettre en parenthèse.

-Alors qu'est ce que tu proposes?

-Pars à L.A, enregistre ta réédition, fais tes concerts et réalise tes rêves. Moi de mon côté je réaliserai les miens à New-York, et quand tout ça se sera un peu calmé, quand je rentrerais à Paris...là on pourra reprendre cette discussion.

- Ça me semble tellement loin tout ça... je ne sais pas.... je...

- T'as peur de quoi Ken?

- Peur de tout, on ne sait pas tout ce qui peut se passer pendant ces quelques mois. Je peux te perdre à nouveau et peut être pour toujours... Je ne ferai pas la même erreur deux fois, je ne te laisserai pas tomber!

- Ken! Je ne suis pas Suga d'accord?! Je ne vais pas disparaître du jour au lendemain, je ne vais pas t'abandonner. Alors certes nous allons être séparés physiquement mais Ken... je ne pourrai pas t'oublier, jamais. Tu es imprégné en moi, tu as une place constante dans mon cœur et dans ma tête. Alors crois moi Ken... tu ne vas laisser tomber personne parce que je suis là, et je le serai toujours. Je comptes pas abandonner aussi facilement, je vais me battre, pour nous.

C'est sur ces mots qu'il me prit dans ses bras et posa ses lèvres sur les miennes, il me serra fort, comme si il profitait des derniers instants et dans un souffle, presque un murmure, j'entendis un "Je t'aime Ada".

Shadows Où les histoires vivent. Découvrez maintenant