Chapitre 5

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Je restais sur mes gardes alors que la personne était de plus en plus proche. Je me relevais morte d'inquiétude, j'avais une petite tendance à être trouillarde. La première chose que je vis chez lui c'étaient ses jolies mèches noisettes, en descendant un peu on pouvait voir ses yeux verts tirant sur le bleu et puis ses lèvres, toutes fines mais qui semblaient si douces. Un frisson me parcourut, mon coeur battait fort et je ne savais pas où me placer. Je rajustais ma robe et je baissais le regard, heureusement qu'il faisait déjà sombre pour qu'on ne voit pas la rougeur sur mes joues. Il avança un peu plus vers moi, il me frôla avant de s'appuyer sur la barrière de la cabane. Il observa un petit moment le ciel et se tourna vers moi, le regard interrogateur.

-C'est quoi ton joli nom ?

Je rêve où il avait bien dit "joli nom" ? Mon coeur s'accélérait de plus en plus mais je lui répondis immédiatement

-Moi c'est Alice et toi ? lui dis-je simplement mais tout en souriant

-Quel joli ciel étoilé, dommage que je n'ai pas pris mon appareil photo !

Je me rapprochais de lui, je regardais le ciel mais le trouvant plutôt normal je me concentrais sur ce charmant inconnu sans nom

-Que vient faire un rêveur ici ? demandais-je

-ça se voit tant que ça que j'ai l'âme d'un rêveur ?

-Disons que la plupart des garçons n'ont pas la tête dans les étoiles, ils sont plus occupés à essayer de chopper la plus belle fille en soirée !

-Te voilà rassurée, je n'en fais pas parti sinon je serais déjà en train d'essayer de te chopper comme tu dis, il rit légèrement avant de regarder autour de lui avec un sourire en coin, cette cabane est charmante !

-Oui je l'avais construite avec mon frère, c'était un refuge pour nous deux mais il a très vite cesser de venir

-Et donc si je comprends bien, tu t'es réfugiée ici pour échapper à ces choppeurs entre guillemet ?

-Ah ah ! Ils ne sont pas intéressés par une fille comme moi tu sais, tout le monde doit me prendre pour une malade mentale ici...

-Je vois, ils n'aiment pas ceux qui sont différents..

-Tu n'as toujours pas répondu à ma question, je vais devoir t'appeler Inconnu ?

-Tu n'as cas m'appeler Inconnu, ça me va ! Sur ce, je vais devoir m'en aller charmante Alice ! J'espère bientôt te revoir !

Il partit si vite, je n'eus pas le temps de lui dire au revoir. J'étais restée plantée là quelques minutes, le temps de reprendre mes esprits, cet Inconnu m'avait tourmentée. Je me suis quand même décidée à descendre, la musique avait augmentée et il y avait de plus en plus d'adolescents. Je marchais lentement vers la maison, notre jardin si fleuri ressemblait à un champ de bataille seulement les soldats n'avaient pas la même allure. En poussant la porte, les néons m'aveuglèrent, la musique me rendit sourde et l'odeur de l'alcool m'envahissait les narines. Je ne savais pas comment réagiraient les parents en découvrant tout ça. Toute cette foule commençait à m'angoisser, je me sentais oppressée, je ne savais plus où poser mon regard sans en avoir le vertige. Je cherchais mon frère, je m'appuyais à des gens en manquant de tomber, des frissons m'envahissaient, j'avais terriblement chaud. Il était là au milieu du salon avec une bière dans la main, il dansait chaudement avec cette peste lui servant de petite amie. Peut-être que je n'aurais pas du m'interposer, ça aurait changer ma vie, en bien en mal ? Je lui pris le poignet et je hurlais d'arrêter tout, maintenant. La peste s'en mêla assez vite en me poussant, elle était morte de rire

-Et ben Alice tu t'amuses pas ? m'interrogea-t-elle

-Qui t'a autorisé à me pousser ?

-tu cherches à montrer aux autres que tu es folle ? C'est déjà fait tu sais ! Tout le monde sait que dans ta tête ça va pas bien, que tu vas bientôt aller en asile espèce de tarée !

-Je ne suis pas tarée ! Juste différente de vous ! Bien sûr que je n'ai pas envie de ressembler à une espèce de tchoin comme vous !

La rage était montée en elle, elle me poussa violemment au sol et jeta tout le contenu de son verre sur moi en criant. Je pensais que mon frère allait me défendre mais il resta sans bouger. Les autres autour de nous trouvaient ça tellement marrant qu'ils décidèrent de l'imiter. C'est comme cela que je me retrouvais recroquevillée avec des centaines de verres lancés sur moi, je voyais le flash des téléphones qui capturaient cet instant qui avait changé ma vie. Ils riaient, j'étais leur amusement de la soirée, une distraction. Les larmes me montaient aux yeux, à chaque fois que j'essayais de me relever quelqu'un me repoussait ou alors je glissais à cause des verres renversés. Je ne sais combien de temps j'étais restée là, avec mes bras protégeant ma tête, je m'étais formé une bulle, celle-là était différente, elle était mélangée à l'humiliation, à l'angoisse, à la haine. Dedans j'essayais de me calmer, je rêvais d'une vie heureuse, je partais à l'aventure je découvrais pleins d'univers. J'imaginais des paysages d'automne comme d'hivers, des senteurs fruitées comme des senteurs amères, le bleu de la mer comme la chaleur du soleil. Quand je me relevais enfin, j'avais quelques douleurs au ventre, certains m'avaient donné des coups. Je filais dans ma chambre en m'adossant à ma porte, des larmes coulèrent, mon frère avait laissé faire tout ça, l'emprise de l'alcool sûrement. Je me sentais trahie. Comment j'étais censée trouver mon monde maintenant ? Mon premier réflexe fut d'appeler Pierre, il était toujours calme, il me rassura très vite. En raccrochant, mes larmes avaient cessé de couler mais j'avais toujours une boule au ventre, un mélange de toutes sortes d'émotions désagréables. Il allait venir me chercher dans quinze minutes, il avait dit exactement "quinze petites minutes" pour moi elles paraissaient interminables. J'avais pris une décision, bonne ou mauvaise, je rassemblais plusieurs affaires dans un grand sac à dos, je me changeais optant pour un jean et un sweat confortable. J'avais attaché mes cheveux et je m'étais passé un coup d'eau sur la figure. Je pris une feuille et un stylo, venait le moment d'expliquer mes intentions à ma petite famille, je n'avais quand même pas jugé bon de préciser pourquoi. Alors que j'allais partir, le clignotant de mon téléphone me rappela qu'il ne me serait d'aucune utilité. Je le laissa sur la feuille sur mon lit, que j'avais pris soin de refaire. Je passais la porte d'entrée sans aucuns remords, la tête haute, je bousculais même les gens sur mon passage. Pierre s'était garé devant mon portail, je marchais vers sa voiture doucement, j'avais le temps, le temps de tout découvrir, de nouveaux paysages, de nouvelles senteurs, de nouvelles saveurs, de nouveaux mondes et surtout... mon monde !

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 27, 2017 ⏰

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