Chapitre 2 - EVA

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Je n'arrive pas à dormir, je sens que quelque chose de mauvais est sur le point d'arriver ou est déjà arrivé. J'ai besoin d'aller boire de l'eau, ma gorge est totalement sèche et je rêve de boire n'importe quoi qui pourrait me faire sentir mieux. Je quitte mon lit qui habituellement est confortable et j'offre un joli doigt d'honneur dans sa direction. Comme si c'était lui le fautif. Je me dirige au rez-de-chaussée pour me chercher un truc à boire. C'est là que je vois ma mère, assise au bas des escaliers avec une tasse de café fumant à la main.

-    Maman ? Mais qu'est-ce que tu fiches ! Tu comptes camper sur les escaliers ?

Elle se retourne et affiche une mine triste et à la fois inquiète. J'ai rarement vu ma mère dans cet état. La dernière fois qu'elle était comme ça, c'était quand je me suis retrouvée à l'hôpital pour un simple malaise vagal. Ma mère s'inquiète pour rien, mais cette fois-ci, je vois autre chose dans son regard. Comme si elle aussi ressent  quelque chose d'anormal, ce pressentiment que j'ai, je suis sûre à cet instant qu'elle l'a également.

-    Ema n'est toujours pas là, elle aurait déjà dû être rentrée... je m'inquiète, ce n'est pas normal et elle ne répond plus à mes messages.

-    Maman, inutile de te stresser, va dormir elle va rentrer demain, j'en suis certaine.

À vrai dire, je n'en étais pas si sûre, ce n'est pas de son genre d'aller à des soirées et encore moins d'y rester longtemps. J'enlace ma mère afin de la consoler un peu et retourne dans ma chambre, accompagnée d'un verre d'eau. Je prends mon téléphone et m'empresse de taper un message d'une main.

De : Eva
A : Ema
Tu es où sœurette ? Maman est paniquée, Love.

J'attends sans lâcher mon téléphone des yeux. Ema répond toujours, ce n'est pas normal qu'elle ait ignoré le message de notre mère, elle va me répondre ; c'est certain. J'attends alors quelques minutes tout en allumant mon ordinateur qui affiche en grand « 04 :15 ». Une heure à laquelle je dormirais déjà si je n'étais pas si anxieuse. Je déverrouille l'écran et ma page Facebook s'affiche en premier.

Ce réseau est devenu un passe-temps.  Quand je ne sais pas quoi faire, je fais défiler mon fil d'actualité ainsi que les vidéos débiles mais qui font sourire que mes amis partagent. Il y a certes beaucoup de conneries dessus mais il reste mon endroit préféré pour me changer les idées.

Je rigole en voyant une photo de mon ami, Ron, se faire jeter une canette de soda dans la face par une fille. Ce mec a sûrement dû essayer de la draguer, c'est un chaud lapin qui saute sur tout ce qui bouge. Je commente alors « Bien fais pour toi, Einstein ! T'inquiète je t'apprendrai un jour les vraies phrases qui font flancher les filles à chaque fois ! Bis. » Je parie que c'est son pote Freddy, qui l'a pris en flag et je le remercie silencieusement de m'avoir fait rire. Là, une photo d'un chat gris mignon comme tout, je ne peux pas m'empêcher de cliquer sur le bouton « j'aime » et je passe à la photo suivante.

Ema apparaît alors, accompagnée de Elena, sa plus grande et meilleure amie. Cela me rassure un peu, elles ont dû s'amuser à en voir le sourire qu'affiche ma sœur. Je suis heureuse pour elle et pense que finalement, je m'inquiète peut-être pour rien et ma mère aussi. Je souffle de soulagement et décide d'aller me coucher, avec le sourire de ma sœur encore en tête. Je n'ai pas consulté mon téléphone mais je vois que je n'ai pas de message.

A mon réveil, j'ai l'impression d'avoir passé une nuit blanche. Je ne me souviens plus de mon rêve, peut-être que j'en ai même pas fait. Je consulte mon portable, il affiche 8h et aucun message.

Ema.. Où est-ce que tu es bon sang ?

Aujourd'hui, c'est samedi, ce qui signifie sortie pour moi. J'ai toujours cette sensation étrange et inquiétante... Je sais d'avance que cette journée ne va pas être un samedi normal pour moi.

Mon estomac gargouille et j'ai une grosse envie de nourriture, de cookie plus précisément. Je suis une grande morfale. Comme chaque matin avant d'aller engloutir quelque chose, j'entre dans la chambre de ma sœur. Vide. Elle n'est toujours pas rentrée.

Je descends et entends un ronflement, celui de ma mère. C'est bien la première fois qu'elle s'endort sur le canapé. Ce qui est étonnant c'est qu'elle le déteste, à chaque fois que nous regardons un film le dimanche soir en famille elle se plaint d'un mal de dos. « Il va vraiment falloir qu'on change ce vieux truc » c'est sa phrase favorite.

  - Maman, réveille-toi, dis-je en secouant doucement son bras.

Lorsque ses yeux s'ouvrent, j'y vois de la peur s'y refléter.

- Ta sœur est rentrée ?

Pas de bonjour, rien. Les premiers mots qu'elle prononce sont pour ma sœur, cela affiche bien sa crainte de ne plus la revoir. Je fais non de la tête et vais dans la cuisine lui chercher un jus d'orange.

-    Tiens, bois ça, et cesse de t'en faire pour Ema. J'ai vu une photo d'elle avec Elena défiler sur Facebook. Je pense qu'elle y est encore. Elle rentrera d'accord ?

-    Si ce soir elle n'est pas rentrée j'appelle la police, dit-elle en buvant son jus.

Je m'installe sur le canapé et l'envie de manger m'est passée. Je dois rester forte, pour ma mère.

Chambre 18Où les histoires vivent. Découvrez maintenant