Méditation Seconde

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Méditation Seconde.

De la nature des clichés ; et qu'ils sont plus aisés à connaître que les vraies personnes.

Je vous arrête tout de suite : je ne suis pas homophobe.

Simplement, je voulais savoir s'il fallait que je mette Camille dans la case « LESBIENNE » ou dans la case « SPORTIVE ». Sinon, tout aurait été chamboulé.

Chacun devait rentrer dans sa case.

« Quoi ? s'étrangla-t-elle.

— Tes cheveux.

— Qu'est-ce qu'ils ont mes cheveux ?

— Ils sont bleus. Et courts.

— Et ?

— Bah t'as pas vu La Vie d'Adèle ? »

Camille parut déroutée quelques instants, les sourcils froncés. Ils se relevèrent soudain jusqu'au haut de son front : elle avait compris.

« Attends, c'est une plaisanterie ? »

Elle ne me laissa même pas le temps de répondre :

« Sous prétexte que j'ai les cheveux bleus et courts comme dans un film, je suis lesbienne ? Et si je les avais eu bruns et courts, tu m'aurais demandé si je suis atteinte d'un cancer des poumons aussi ? »

Techniquement non, je n'aurais pas été bête comme ça : vu toutes les heures de sport qu'elle faisait, elle ne pouvait physiquement pas avoir un cancer des poumons.

Mais je jugeai mieux de garder cette remarque pour moi, elle avait l'air assez révoltée comme ça... Je sentais son regard réprobateur sur moi, et j'avais envie d'aller me cacher dans un trou.

J'avais encore une fois mal posée ma question :

« Excuse-moi, j'ai un peu de mal avec... Le contact avec le reste du monde, tout ça. »

Camille ne répondit rien. C'était toujours pareil avec moi : mes questions étaient toujours mal prises par les autres.

Pourtant, je ne portais aucun jugement de valeur : il n'y avait rien de mal à être homosexuel. Je souhaitais juste ranger tout le monde, pour que les choses se passent bien, qu'il n'y ait aucun imprévu...

« C'est pas grave, finit-elle par déclarer en se mettant en tailleur sur le banc. Juste... Tu devrais être plus subtile quand tu poses tes questions.

— Ah oui ? demandai-je en prenant place en face d'elle, intéressée par ses conseils.

— Ouais. Et puis... Enfin, c'est mal de porter un jugement aussi rapidement sur les gens par rapport à leur physique. Surtout si ta logique est basée sur de simples analogies avec des films.

— Ce n'est pas un jugement, je ne t'en veux pas d'être lesbienne ! me défendis-je.

— Si c'est un jugement. Catégoriser les gens juste à partir des clichés auxquels ils se rapportent... C'est aussi les juger. Tu y gagnerais à chercher à les découvrir vraiment et à ne pas vouloir leur associer une fonction prédéfinie par leur apparence. Regarde Paola dans la classe par exemple. Tout le monde la prend pour une pétasse de première, qui n'a rien de plus dans son cerveau que des tutos maquillage et du dédain pour les autres. Mais si tu discutes un peu avec elle, tu découvres bien vite que c'est une fille adorable, et qu'elle n'attend que la fin du lycée pour devenir cuisinière...

— Pardon ? m'étranglai-je.

— Et oui Renée, les gens ne sont pas qu'une première impression ! »

Je le savais bien, je n'étais pas bête. Il faut aller au-delà des apparences pour trouver la véritable personne... C'est juste que parfois, c'est dur de s'imaginer que Paola était en réalité la « CUISINIÈRE » et non pas la « CRUCHE » comme elle laisserait penser au premier abord...

« Tu veux jouer ? », me proposa subitement Camille.

[jour 2 - mission réussie

merci à tous d'être déjà si nombreux à lire cette petite histoire c:

brefouille, bonne journée !

flo]

Méditations pas trop physiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant