Méditation Troisième

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Méditation Troisième.

Du temps ; qu'il existe.

Camille brandissait un vieux paquet de cartes.

« Jouer ? répétai-je.

— Aux cartes.

— D'accord. »

La « SPORTIVE » se mit à mélanger son paquet puis à le distribuer :

« La bataille corse, ça te va ? »

Je hochai la tête en signe d'approbation.

Nous fîmes une bonne douzaine de parties avant que Camille n'appuie sa tête contre le mur derrière elle et se mette à fixer le plafond en soupirant :

« Qu'est-ce qu'elle est longue cette pause de midi quand on est enfermé ici. »

Elle baissa les yeux vers moi et ajouta :

« Pas que tu sois de mauvaise compagnie, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais c'est long. Et ces vestiaires puent la mort. Et j'ai la dalle. »

Je me souvins alors que j'avais un paquet de Prince de Lu dans mon sac. Je me penchai, l'attrapai sous le banc, et en sortis les biscuits, l'air triomphant.

« Mon Dieu Renée, je t'aime ! », s'exclama-t-elle les yeux pleins d'étoiles.

« Au fait, non. »

Je levai les yeux de mon gâteau que j'étais en train d'inspecter, cherchant le meilleur endroit pour mettre mes incisives et décoller le biscuit supérieur afin d'ensuite pouvoir lécher tout le chocolat, pour interroger Camille du regard.

« Non, je ne suis pas lesbienne, s'expliqua-t-elle.

— Oh... »

Je ne savais pas trop quoi dire. Alors je déclarai la première chose qui me vint à l'esprit :

« Moi si. »

Camille avala sa bouchée de travers et commença à tousser. Je me levai pour la rejoindre et lui tapotai le dos, jusqu'à ce que sa quinte de toux passe. Je retournai alors à ma place, et ajoutai en fixant le bout de mes chaussures :

« Mais si ça peut te rassurer, t'es pas mon genre. »

Il y eut un long silence gêné. Pourquoi est-ce que je lui avais révélé ça au juste ? Ma foi, être enfermé quelque part avec juste un jeu de cartes et un paquet de gâteaux presque vide vous donnait l'impression que le jugement dernier était arrivé, et que de toute façon vous alliez mourir dans quelques heures. Alors pourquoi ne pas tout partager avec la dernière personne qui vous voyait vivante ? Après tout, elle allait mourir elle aussi. Et emporter tous vos secrets avec elle dans sa tombe.

Oui, vraiment, être enfermé et trouver le temps long vous faisait faire et penser des choses étranges.

« C'est quoi ton genre alors ? »

[and this is how Flouce destroyed every hope of seeing Renée and Eustache together c:]

Méditations pas trop physiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant