Méditation Quatrième

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Méditation Quatrième.

De la vérité et des a priori.

« Je... »

A vrai dire, je n'en savais trop rien. Je savais juste que je trouvais les filles beaucoup plus douces et mignonnes que les garçons, et de ce fait beaucoup plus attirantes. Je savais que je ne me sentais jamais gênée lorsque la peau d'un mec effleurait la mienne, mais que lorsqu'il s'agissait d'une fille, je ne pouvais m'empêcher de frissonner et de me demander si je devais interpréter ceci comme un simple accident ou comme du langage corporel. Enfin, je savais que je n'étais jamais tombée amoureuse d'un garçon.

« Aucune idée, finis-je par déclarer en soupirant.

— Vraiment ? Mais par exemple, si dans la classe tu devais sortir avec une fille, laquelle ce serait ?

— Aucune ! »

Camille fronça les sourcils :

« Est-ce que tu es sûre d'être lesbienne, et pas asexuelle ou un truc comme ça ?

— Est-ce qu'il y a un mec avec qui tu voudrais sortir dans la classe ? », lui lançai-je en retour, un peu vexée par sa question.

Elle s'arrêta un instant pour réfléchir ; je connaissais d'avance sa réponse. Les garçons de la classe étaient comme tous les autres garçons de Seconde : lourds, grossiers et imbus de leur personne.

« Ok, j'avoue que je préfèrerais entrer dans un couvent plutôt que de sortir avec un des mecs de la classe.

— Voilà.

— Mais les filles de la classe ne sont pas comme les mecs !

— C'est vrai, mais il n'y en a aucune à mon goût. »

Il y eut un nouveau silence, seulement interrompu par les bruits qu'elle faisait en mâchant le dernier Prince de Lu.

« Et je peux te poser une autre question qui m'a toujours turlupinée ? Ne la prends pas mal, ok ?

— Vas-y. »

C'était étrange comme situation : pour une fois, c'était à moi qu'on posait les questions.

« Est-ce que c'est pas bizarre d'être amie avec des filles du coup ? N'y a-t-il aucune ambiguïté ?

— Je te retourne la question : est-ce que ce n'est pas bizarre d'être amie avec des garçons ? Est-ce qu'il y a ambiguïté avec chacun d'entre eux ? Est-ce que tu tombes amoureuse de chacun d'entre eux ?

— Non, répondit-elle après avoir réfléchi.

— Bah là c'est exactement pareil. Je dirai même que c'est comme si tu n'étais amie qu'avec des gays. Au pire tu peux en trouver un mignon, mais tu sais pertinemment qu'il ne se passera jamais rien. »

Camille se mit à regarder dans le vague, songeuse.

Soudain, elle sauta sur ses deux pieds en frappant dans ses mains :

« Bon allez, il est l'heure de tenter à nouveau de sortir d'ici. S'il y a UNSS, le professeur encadrant devrait être arrivé... »

Méditations pas trop physiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant