1🌲Comment ?

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La neige est partout, recouvrant le moindre rocher, la plus petite butte de terre. Les animaux dans leur terriers attendent que le printemps revienne.

Au loin, on distingue de la lumière dans une maison. Et des bruits de voix...qui parlent forts, qui crient même.
Quelques animaux se sont approchés, curieux de ce tapage inhabituel.

- Comment cela ils font grève ? dit le Père Noël. En quel honneur ?

- C'est que ... je vous en ai parlé à plusieurs reprises...

- Il faut croire que je ne m'en rappelle pas. Alors tu vas reprendre toute l'histoire depuis le début, mon ami. Je t'écoute.

                🎁🌲🎁🌲🎁🌲

Cela a débuté, un jour d' automne. Les arbres avaient revêtu leurs habits de couleurs.
Dans une maisonnette, l'excitation était à son comble.

- Aveleen, viens déjeuner.

- Mais Maman, nous devons y aller. Le chemin est long...

- Nous avons le temps, ne t' inquiètes pas mon enfant. Tu seras à l'heure. Je connais chaque trou de ce chemin.

- Et si j'étais refusée...

- Aveleen. Tous les membres de notre famille ont été des lutins du Père Noël ! C'est une vocation chez nous. Arrête de te tracasser pour une chose qui n'arrivera pas.

Maman avait beau dire, cela m'empêchait de dormir depuis plusieurs nuits déjà. J'en rêvais ! Mes parents n'avaient hélas que moi comme enfant. Pas de grand frère ou de grande soeur pour me raconter ce que c'était qu'une journée de lutin du Père Noël.

Sur le chemin, je regardais tous les détails. Ma mère m' accompagnait aujourd'hui, mais dès demain, si toutefois j'étais prise, je devrais y aller seule.

Ma mère me montrait l'arbre en forme de T, puis l'immense sapin, et le petit chemin juste à la perpendiculaire du creux entre les deux montagnes au loin. Tous ces détails qui m'aideraient à trouver la maison.

La maison où j'allais venir tous les jours.

- Tu es bien silencieuse, Aveleen.

- Est-ce là où vit le Père Noël, mère ?

- Ah ah ! Non, personne ne sait exactement où il habite. Aller viens, il faut y aller.

Un lutin tout tordu, tout fripé nous fait entrer.  L'envie de regarder autour de moi est puissante mais comme maman, j'avance la tête baissée. Des sons me parviennent au fur et à mesure que nous avançons. Des chuchotements, parfois une voix plus forte.
Devant une porte, l'homme s' arrête et d'un simple mouvement de tête me fait signe d'entrer.

- Dites-lui à ce soir. Et toi, file avec les autres, Aveleen, dit-il.

- A ce soir, mon enfant.

La pièce était grande mais la cheminée la rendait chaleureuse.
Au pied de celle-ci, à même le sol, une douzaine d'enfants de mon âge pour la plupart, étaient assis et me regardaient. Un peu â l'écart, deux autres étaient assis sur un fauteuil. Le plus jeune, à qui j'aurais donné quatre ans, me regardais avec un sourire malicieux.

- Bonjour, je m'appelle....

- Cieran. Tu la mets mal à l' aise, dit l'autre garçon en descendant du fauteuil et me tendant sa main. Moi, c'est Ailfrid.

- Bonjour. Je m'appelle Aveleen.

- Je ne t'ai jamais vue auparavant. Ni à l'école ni ailleurs.

- Mon père m'instruit à la maison. Tous ces enfants viennent pour être...lutins ?

- Bien sûr. Nous avons tous l'âge. A part Cieran bien entendu. Tu rentres en apprentissage ?

- Oui, Ailfrid. Aveleen va faire sa première année, dit un homme qui entrait dans la pièce.

Il était grand, les manches retroussées de sa chemise laissaient apparaître des bras puissants. Son regard sur moi était bienveillant.

- Venez les enfants, il est temps de se présenter aux nouveaux. Cieran, je te veux à mes côtés et...sage si possible, dit-il en se dirigeant vers la cheminée.

Il attrapa au passage une chaise et l'installa  devant la cheminée.

- Bonjour à tous et à toutes, très heureux de vous retrouver. J'aimerai que les cinq nouveaux se présentent aux autres. Vous allez travailler ensemble pendant deux longs mois.

Sa voix était à l'image de sa corpulence, puissante. Mais ses yeux plein de malice étaient rassurants. Les enfants le regardaient avec tendresse.

- Aveleen, tu veux commencer ?

- Euh...Je suis Aveleen. J'ai douze ans...Que dois-je dire d'autre ?

- C'est déjà pas mal. Ailfrid tu seras son guide.

Les quatre autres nouveaux, tous des garçons, se sont présentés à leur tour et quatre guides leur ont été désignés.

- Voilà. Il est temps de se mettre au travail. Rejoignez vos ateliers. Cieran, tu restes avec moi et cet après-midi, tu rejoindras ton frère. A la moindre bêtise, tu rentres chez toi, est-ce bien compris ?

- Oui, Balthazar.

La grève des lutinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant