~Partie 2

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Je remarque une porte blanche avec un petit carré en verre au milieu. Je m'accroupis et pousse sur mes jambes. Je suis victime d'un déséquilibre mais je me rattrape en collant mon épaule au mur.

Je regarde à travers la fenêtre et perçois un long couloir orné d'autres portes blanches avec des numéros inscrits sur chacune d'elle. La porte en face de moi indique le numéro 76 et celle à sa droite le numéro 78. A force de coller mon visage contre le verre, j'arrive à voir le numéro de ma porte qui n'est autre que le 77. Mais qu'est-ce que c'est ?

«Hé ho ?» Criai-je d'une voix rauque

Seul le son de l'électricité qui passe dans le plafond me répondit. Malgré l'apparence neuve du bâtiment, je sentais une odeur de moisi qui régnait dans la pièce.


Je me laissai glisser contre le mur. D'accord, tout va bien se passer, respire un bon coup. Essaie de te rappeler ce qu'il s'est passé la veille... Après quelques instants passés à me concentrer, je me mordis la lèvre inférieure pour ne pas me mettre à pleurer. Je ne me souviens de rien. Est-ce que j'ai une famille ? D'où je viens ? Qui sont mes amis ? Quel est mon age ? Quel est mon prénom ?

...Qui suis-je ?

Je passai un laps de temps indéterminé, le front sur mes genoux repliés contre moi avant d'entendre un cliquetis venant de la porte. Elle s'ouvrit sur une dame habillée d'un uniforme d'infirmière, poussant un chariot garni de morceaux de pains et de bouteilles d'eau.

Ses cheveux noirs brillants étaient coiffés impeccablement en un chignon haut sur sa tête. Quelques mèches rebelles s'échappaient pour se poser juste devant ses oreilles. 

Lorsqu'elle m'aperçut, elle me fit un sourire digne d'un mannequin en train de défiler. Elle s'arrêta devant moi et posa une bouteille et du pain à mes pieds. J'aurais pu essayer de m'enfuir par la porte qu'elle avait laissé ouverte mais j'étais trop sonnée pour tenter quoi que ce soit. Tout ça n'avait aucun sens. Elle me sortit de mes rêveries en sortant quelques mots à mon égard.

«Bien dormi, 77 ? Dit-elle en enlevant mon drap blanc

Dans l'incompréhension totale, j'eus quand même la force de poser l'une des innombrables questions qui hantaient mon esprit.

-Euh...

Je raclai ma gorge en prenant les provisions.

-On est où là ?

Je me devais de le demander mais je crois que la réponse de cette inconnue m'effraie un peu.

Elle sourit d'un air maternel.

-Nous sommes à l'hôpital psychiatrique.»

Un rire nerveux s'échappa de ma bouche. Elle est complètement cinglée. Mais quand je relève les yeux vers elle, il n' y a aucune once de plaisanteries dans son regard.

«Imaginons que ce que vous dites est vrai, qu'est-ce que j'aurai fait pour me retrouver ici ?

D'un coup son regard s'assombrit, elle paraissait fatiguée. Elle détourna les yeux vers le couloir puis reposa ses mains sur le chariot de provisions et repartit enfermant la porte à clé, sans un mot.

-Mais c'est quoi ce bordel ?!»


Je voulus jeter le pain à travers la pièce en guise de rébellion mais mon ventre hurlait de satisfaire sa faim. Même après avoir englouti le morceau, j'avais encore faim. Je me mis à boire puis j'entendis un bruit venant du couloir. Je me levai regarder par la vitre et vis l'infirmière sortir en trombe avec son chariot d'une des chambres numérotées. 

Quand elle eut fermé la salle, un visage apparu à la vitre. Un homme hurlait à la mort mais pas une syllabe ne sortait de sa bouche, à cause de l'insonorisation de sa salle probablement. Il se griffait le visage jusqu'au sang avec ses pieds, ce qui devait lui demander une dextérité extrême. La jeune femme, apeurée, courut chercher de l'aide. 

Quelques instants plus tard, des hommes s'introduisirent dans la chambre. Quand ils le sortirent dans le couloir en le tenant de toute part, sa voix résonna jusqu'à mes oreilles.

A mesure qu'il s'éloignait, le cri faisait de même.

Je me demande où est-ce qu'ils l'emmènent...Est-ce qu'ils vont le tuer ?


En repassant le moment dans ma tête, je frissonnai. Cet homme n'avait plus rien d'humain. Je ne lui ressemble pas...non. Je ne suis pas comme lui. Pas comme eux.

Le Jour Où J'ai Oublié Mon PrénomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant