Le lendemain matin les habitants se lèvèrent de bonne heure pour aller travailler. C'était le début d'Anouth, la saison des cultures. Les champs du pays de Masir permettaient la production d'orge, de blé, d'avoine, de sorgho, de papyrus, et de lin. Les nourrisseurs se regroupèrent à l'entrée du village et commencèrent à marcher vers les champs. Âqen et Amasis suivaient avec leur père Djéser.
- Papa, qu'est ce qu'on va faire aujourd'hui ? demanda Âqen.
- Aujourd'hui nous allons semer du blé.
- Et après ?
- Âqen, cela va nous prendre plusieurs dizaines de jours répondit Djéser avec amusement. Regarde ce grain, il permettra d'obtenir un champ de blé magnifique qui servira à produire de la farine qui servira à son tour à faire du pain, des biscuits, et également à nourrir les animaux.
- On en fait quoi, on le mange ? Questionna le jeune garçon en éclatant de rire.
- Non il faut semer le blé en gardant une petite distance entre chaque graine.
- On peut le faire n'importe où ?
- Toutes les cultures sont faites sur les rives du Vhil, c'est le meilleur endroit.
- Et après ? le questionnèrent-ils avides de savoir.
- Il faut attendre que les graines se développent petit à petit jusqu'au retour de la saison la plus chaude afin que les frêles tiges de blé se fortifient et forment une touffe. Ensuite, vient le temps où la tige s'allonge pour atteindre sa taille maximale.
- Et après ?
- Enfin, l'épi de blé commence à se former.
- Après on le mange ? insista Âqen
- Pas du tout, lorsque la tige sèche et que l'épi se courbe vers le bas, c'est le moment de la moisson où il nous faudra séparer les grains. Pour décortiquer du blé en petite quantité, il suffit de malaxer l'épi entre tes doigts, en remontant de la base jusqu'au sommet. Cela éjectera les grains.
- Ça va être long !
- Oui, mais pour aller plus vite, il faut étendre un drap solide sur un sol plat et propre, y mettre les épis et repliez le drap. Ensuite il faut taper sur le drap avec un bâton. Et lorsqu'on ouvrira le drap, tu pourras trouverez le mélange des grains, de paille et de restes d'épis.
Djéser s'arrêta de marcher et déposa son sac de graines, puis plongea ses mains à l'intérieur. Il les ressortit pleines de vie.
- Pour l'instant, prenez-en une poignée dans un petit bol et prenez chacun un petit bâton. Vous en planterez un à chaque intervalle.
- Difficile à croire qu'il y ait tant de vie dans une si petite chose dit Âqen avec fascination. Quand je serais plus grand, je serais nourrisseur dit-il en emportant avec lui son petit trésor.
- Quand tu seras grand, tu pourras choisir.
- On fait çà pendant combien de temps ? demanda Amasis.
- Pour longtemps, mais pour l'instant jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel. Venez avec moi, je vais vous montrer comment faire. Vous commencerez à vous entrainer dans un petit champ spécialement réservé pour les débutants.
- On ne reste pas travailler avec toi ?
- Non Amasis, vous devez marcher dans cette direction, il y a un enfant plus âgé qui sera là pour prendre le temps de vous expliquer. Quand vous serez prêts, ce sera votre tour d'expliquer aux plus jeunes et le garçon pourra rejoindre les champs.
- Quand nous serons prêts ?
- Oui, quand vous saurez enseigner à un plus jeune, c'est que vous serez prêts. Vous voyez cet arbre ?
- Oui.
- Marchez dans cette direction et vous trouverez le jeune homme.
Djéser prit ses deux enfants dans ses bras et les embrassa sur le front. Ils lui sourirent puis partirent en courant dans la direction indiquée. Djéser les regarda s'éloigner un moment le cœur rempli de joie.
- Je reviendrais vous voir dès que le soleil sera haut dans le ciel. Cria-t-il.
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La tribu des hommes libres
PoetryDans la tribu chamanique du pays de Masir, le peuple vis sereinement dans les traditions, la paix et l'harmonie. Mais quand le chamane s'improvise tyran, le parfait équilibre menace de s'écrouler. Très vite celui-ci s'organise pour étendre sa domina...