Âqen et Amasis avaient bien travaillé, les graines avaient été correctement mises en terre en suivant les méthodes de leur jeune entraineur. Pourtant de leur travail, ils n'avaient aucune preuve, ni aucune récompense accessible, si ce n'est le délicieux repas qu'il leur était à présent offert, et la fierté qui se dégageait du sourire de leur père. Ils mangeaient tranquillement une petite ration de légumes, tandis qu'Âqen narrait fièrement le déroulement de ses premières aventures à dompter la terre. Djéser écoutait avec la plus grande attention les explications et les ressentis de son plus jeune fils.
- Si tu savais comme j'ai hâte de voir apparaitre le blé. Nous le cachons précieusement sous la terre en attendant qu'il se développe. Simplement. Comme çà. Comment un tel miracle est-il possible ?
- Je ne sais pas Âqen, c'est le secret de la nature. Elle nous offre ses trésors sans rien demander en retour, si ce n'est un peu d'attention. C'est pourquoi nous devons prendre soin d'elle, et ne pas trop lui demander.
Djéser se tourna ensuite vers Amasis qui ne semblait pas si emballé.
- Je suppose que pour toi cette expérience n'est pas aussi formidable.
- Non, ce travail n'est pas fait pour moi.
- Alors, tu dois travailler plus dur que ton frère pour apprendre rapidement et pouvoir ensuite découvrir autre chose.
- Mais père...
- Tout le monde doit savoir se nourrir et nourrir les siens. Une fois que tu auras appris cela, tu pourras découvrir autre chose.
Amasis acquiesça timidement.
- Moi je resterai toujours dans les cultures affirma quant à lui Âqen.
- Non. Tu devras toi aussi allez découvrir les autres métiers dès que tu seras formé à celui de nourrisseur expliqua Djéser.
- Mais pourquoi, je sais déjà....
- Comme ton frère, tu devras apprendre à assurer les fonctions de protecteur, nourrisseur et artisan. Puis à l'âge de vingt et une révolutions, durant la cérémonie de l'éveil, tu pourras enfin choisir ta place avec assez de recul. Reprenez donc un peu de fèves et de choux, vous aurez besoin de toutes vos forces pour affronter cette première journée.
Une fois le repas terminé, ils se remirent au travail. Amasis retourna dans son rang avec une nouvelle motivation. De tous les autres enfants qui étaient présents à l'entrainement, il devait être le meilleur pour avancer au plus tôt la date de son départ. Chaque jour, il travailla donc jusqu'à l'épuisement. Son unique motivation était de quitter les champs au plus vite et ce fut donc avec une certaine ironie que les dieux lui permirent de progresser rapidement tout en perturbant quelque peu ses plans. Il n'avait suffi que d'un seul regard vers la droite, durant un bref instant où il reprenait son souffle, pour que ses yeux croisent ceux de Ludua. Il ne la connaissait pas encore, à vrai dire, il ne connaissait aucune fille et ne s'en souciait pas le moins du monde. Mais depuis cet instant, son esprit était sans cesse absorbé par cette pensée. Il fallait qu'il la regarde. Qu'il la regarde autant que possible. Parfois leurs regards se croisaient furtivement et il l'entendait ensuite glousser avec Tila, sa voisine de rang. Ils passèrent de nombreux jours à s'observer jusqu'au moment où, à force d'alterner les rangs, ils se retrouvèrent à travailler côte à côte.
- Pourquoi penses-tu qu'il aille si vite ? demanda Tila à son amie.
- Je pense qu'il court pour nous impressionner, mais c'est peine perdue, répondit Ludua.
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La tribu des hommes libres
PoetryDans la tribu chamanique du pays de Masir, le peuple vis sereinement dans les traditions, la paix et l'harmonie. Mais quand le chamane s'improvise tyran, le parfait équilibre menace de s'écrouler. Très vite celui-ci s'organise pour étendre sa domina...