Chapitre 11 : La deuxième chance

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Lorsque Stark pousse la porte de l'infirmerie, toute l'ironie de la situation me frappe brusquement. Je suis face à mon géniteur, dans un lieu en lequel aucun mal n'est sensé m'arriver ; mes blessures ont reçues les meilleurs soins qu'on m'ait jamais prodigué, je porte des vêtements propres et je suis sûre que je n'ai qu'à demander pour obtenir boisson et sustentation à profusion. Un luxe, une chance dont je n'aurais même pas osé rêvé, pour lesquels j'aurais fait n'importe quoi autrefois.

Mais comme l'a dit lui-même le milliardaire : il est trop tard.

Cette vie à portée de main ne m'est plus envisageable. Car il ne s'agit plus que de moi. James est lui aussi plus proche qu'il ne l'a été depuis des années. Nulle tour vertigineuse, nul lien de sang, ni promesse d'avenir ne vaut ce qu'il m'a offert il y a douze ans, ou ce qu'il a fait pour moi quatre ans plus tard. Si je veux le trouver, c'est vers le sang et le chaos, la lutte, les privations et les insomnies qu'il me faut me tourner. Le lot d'un Soldat.

- Je doit partir, déclaré-je, légèrement tendue.

- Pas dans cet état, non.

- Je n'ai pas beaucoup de temps.

- Pour quoi faire ? S'enquit-il d'un air inquisiteur.

- Si tu as réussi à me retrouver, c'est que tu dois déjà t'en douter.

Il hoche la tête, une lueur sarcastique dans les yeux.

- Oh, c'est vrai, tu es le «Soldat Renégat». L'allié de l'autre dégénéré. Mais qu'est-ce que ça veut seulement dire «Soldat» ? Soldat de quelle armée ? Aux ordres de qui ?

- De personne. C'est ce que veut dire le «Renégat».

Une fossette creuse sa joue piquetée de barbe alors qu'il se fend d'un sourire en coin.

- J'ai mal rien qu'en te regardant, me dit-il en désignant mon bras en écharpe. Assieds-toi, au moins.

- Mes capacités de régénérations sont supérieures à celle d'un individu standard. Je n'ai plus mal.

- Améliorée ou pas, tu as besoin de repos.

- Je n'ai pas le temps.

- Oui, tu as déjà mentionné ça. Mais si tu crois que je vais te laisser rallier cet assassin...

- Le sauver.

Les mots ont franchis trop vite mes lèvres. Je pince celles-ci, les sourcils froncés. Stark écarquille les yeux.

- Le sauver ? Répète-t-il.

- Où sont mes affaires ? Interrogé-je au lieu de lui fournir l'explication qu'il désir.

- Confisquées.

Je l'incendie du regard.

- De quel droit !

- Techniquement, j'en ai tout à fait le droit, fait-il remarquer. Je suis ton père.

Ces mots nous font tiquer tous les deux. Mon froncement de sourcil s'accentue.

- Wow, je n'avais encore jamais dit ça à haute voix, marmonne le milliardaire.

Je porte les mains à mes temps pour les frotter avec exaspérations :

- Si tu as fini de déconner, tu pourrais me rendre mon sac ?

Son visage retrouve son sérieux. Ses yeux s'allument même d'un éclat réprobateur.

The Rogue SoldierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant