La Fille de Lordaeron

Austrivage

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Cette histoire est réalisée dans le cadre du Défi pour s'amuser, organisé par Fahliilyol413 pour novembre 2017.

L'objectif est, dans une histoire se déroulant dans un cadre médiéval de placer les mots Brosse à Cheveux, Éléphant Sentinelle, Montre et Livre, ainsi que trois couleurs claires.

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Bonne lecture !

Clothilde renifla bruyamment et essuya son nez à l'intérieur de son épais gant de cuir. L'air enfumé empestait la sueur, le ragoût brûlé , la vinasse renversée et les pieds échaudés.  Ce que le tenancier osaient appeler "auberge". En un sens il n'avait pas tort... Cette bâtisse seule offrait un toit et de la bière aux voyageurs dans la région. Sans doute suffisant pour faire d'elle ce que le patron prétendait qu'elle soit

La guerrière attrapa un gobelet vin. En approchant le verre de sa bouche, les effluves du liquide effleurèrent ses narine. L'odeur  infâme de la piquette lui retourna l'estomac. Prudemment, elle reposa la boisson sur le coin de la table, préférant s'en passer pour le moment. Elle lui coupait la soif, tout autant que le ragoût suspect mijotant  sur l'âtre lui coupait l'appétit.

" Alors c'est d'accord ?"

Le gnome anxieux assis en face attendait sa réponse. Les grands yeux rond percé dans son visage rouge de sueur restait fixés aux lèvres de la guerrière, impatient d'entendre les mots qui en sortiraient .  Clothilde comprenait son malaise. Cette auberge n'était pas son univers. Il n'avait poussé la porte de ce bouge, comme elle, que parce qu'il s'agissait de l'unique débit de boisson installé à Austrivage. Et Austrivage, le seul bourg amical de la région.

Clothilde feignit de n'avoir entendu la proposition du gnome. Elle l'ennuyait. Avec quelques associés, elle avait monté depuis quelque temps une petite affaire de mercenariat. Les affaires roulaient avec leurs hauts et leurs bas, mais c'est à elle qu'avait été confié la tâche de prospecter et nnégocier les contrats potentiels. Ce qui la forçait parfois à entendre des propositions des plus farfelues, comme celle là.

"D'accord pour quoi ?"

Avec un peu de chance, le gnome partirait de lui même en constatant le peu d'intérêt dont faisait preuve la guerrière. Il répéta pourtant  sans hésiter, sans s'apercevoir du manège de son interlocutrice qui roula des yeux exaspérés.

"Mon associé et moi avons été engagés par l'Aube d'Argent pour leur fournir des vivres depuis notre entrepôt de Forgefer et..."

"Demandez à l'Aube d'Argent de vous aider. J'ai entendu dire que les paladins sont très serviables..."

" S'il vous plaît, j'allais y venir... " se lamenta le gnome en haussant légèrement le ton. Clothilde resta silencieuse, ce qu'il interpréta comme une invitation à poursuivre.

" On livre des vivres et du matériel d'utilité diverse à l'Aube d'Argent. Nous avions l'habitude de convoyer nos chargements par navire, en les débarquant à Havre-Comté. Le village est protégé par la Main de Tyr, un fort sous le contrôle de la Croisade Écarlate. Je sais que les relations entre la Croisade et l'Aube d'Argent sont... tendues, mais c'était la route la plus sûre. Mieux vaut eux que le Fléau, en tout cas. Il fallait juste penser à prévoir un petit budget pour leur graisser la patte. Ils escortaient même parfois notre convoi jusqu'à la base de l'Aube d'Argent, à l'Espoir de Lumière.

Seulement la Croisade Écarlate est récemment devenue plus... extrémiste. Paranoïaque. On commençait déjà à réfléchir à une autre route, tant leur folie nous apparaissait évidente. Les pots-de-vin devenaient plus cher de convois en convois, nous aurions bientôt travaillé à perte. Et un jour, un de nos chargements a débarqué à Havre-Comté, comme prévu. Ills ont saisi les vivres, arrêté l'équipage et notre associé chargé de le convoyer. Ils les ont accusés de porter la souillure du Fléau et tout plein d'autre trucs. Ils les ont brûlé vifs. Comme ça. Tous.