Begarchì

Puisqu'il fallait commencer

Olkpat avait l'habitude de travailler, même le dimanche. C'est pour cela qu'il n'eut pas été surpris qu'on lui demande d'accomplir une mission, même en ce jour de repos. La journée avait été longue, il avait dû épauler la police dans une affaire d'agression sans grand intérêt. Il l'avait accomplie, bien évidemment, avec brio. Et pendant que les policiers le remerciaient en le regardant d'un air admiratif, les yeux pétillants, il se contenta de les saluer brièvement pour repartir à son vrai travail. Il était professeur à l'école Anýpsosi qui à défaut de ne pas être la plus réputée du pays, avait au moins la gloire de l'accueillir comme enseignant. La ville de Gallíachóra était la plus grande du pays alors, forcément, les tensions y étaient omniprésentes, et comme Olkpat était connu tant pour ses recherches fructueuses que ses habiletés magiques, il était souvent demandé un peu partout. Sur le chemin du retour, il ne se téléporta pas jusqu'à l'école. D'une part parce que cela était interdit, mais surtout car marcher ne lui était pas déplaisant, et qu'il aimait prendre ce temps pour réfléchir. À condition de prendre des routes et des rues peu fréquentés, bien entendu. Car oui, lorsque l'on est au yeux de tous, un grand homme vénérable, un concentré de force et d'intelligence, la renommée à vite fait d'empêcher son détenteur de vivre paisiblement. Il enfila son long manteau noir, et de sa démarche si sûre, entreprit sa promenade au retour d'un travail achevé. Il soupira lorsqu'il vit que le chemin habituel qu'il empruntait était bouché. «Incident explosif de classe 2» indiquait le panneau. «Les gens feraient mieux d'écrire simplement qu'un jeune alchimiste improvisé n'a pas su contrôler des éléments chimiques instables.», pensa-t-il. Il fit demi-tour, en prenant bien soin de fermer son trench, de façon à ne pas être reconnu de qui que ce soit susceptible d'être trop collant. Il opta pour une charmante ruelle qu'il ne connaissait pas. Quelque petits magasins montraient fièrement leurs vitrines de nouveautés, tout en gardant la beauté des anciennes devantures de bois. Des roses trémières poussaient aléatoirement de-ci de-là au bord du trottoir, et Olkpat se félicita d'avoir découvert un si joli lieu, même si cela lui rallongerait un peu sa marche. Dix minutes bonnes minutes étaient écoulées alors qu'il marchait vers la fin d'une banale journée lorsqu'un événement des plus incroyables se produisit. Il ne savait pas encore que ce jour allait changer son existence et bouleverser sa vie. Sinon, il l'aurait sûrement chéri... Et un tout petit peu maudit.

Le ciel bleu devint blanc. Un éclair s'abattit dans la rue, tout devint aveuglant. Les gens autour criaient, d'autres fuyaient. Olkpat, très intéressé, ne bougea pas en regardant le spectacle. Il avait cette chance de savoir relativiser et il savait aussi que la peur des gens était irrationnelle, qu'ils criaient car ils ne comprenaient pas ce qui se passait dans la petite avenue aux roses trémières. Ses yeux changèrent de couleur, il fallait qu'il y voit mieux, et la magie le traversa en moins d'une seconde. Un champs s'éleva dans les airs, une onde traversa la rue. Les vitres du magasin explosèrent et d'un coup tout s'arrêta. Le ciel avait reprit sa couleur initiale, et à part la devanture du magasin, rien n'avait été endommagé, pas même les fleurs aux alentours. Au centre du phénomène, quelque chose était au sol. Olkpat s'approcha, et tout se passa très vite. Il créa un champs de protection d'un tour de main, et une barrière pour que personne ne voit ce qu'il s'y passa. Une fois sûr d'être à l'abri des regards et des dérangements il plongea sur ce qui était apparu de nulle part. Une jeune fille nue était inconsciente, presque aussi blanche que l'explosion. Il ne lui donna pas plus de dix huit ans et essaya de la réveiller.

-Mademoiselle, réveillez-vous!

Elle ne respirait pas. Il entreprit un massage cardiaque tout en lui envoyant de petites impulsions électriques du bout des doigts. Elle ouvrit les yeux.