Begarchì

Nous ne seront jamais un numéro, ni même un prénom

Il l'installa siège passager, juste à côté de lui. Elle se laissa faire mais s'enfonça tout de même bien profondément dans son siège en signe de peur. Lorsqu'il démarra elle sursauta devant le bruit du moteur de la voiture. A en juger par son apparence, ce devait être une vieille voiture de collection. Elle regarda le paysage qui défilait à tout allure pendant de longues minutes jusqu'à ce qu'un terrible mal de ventre s'installa. Immédiatement, elle se tint l'estomac et se plia en deux par peur de vomir.

-Hum, ça ne va pas?, s'inquiéta Olkpat en la voyant ainsi.

Elle fit non de la tête et attrapa la portière pour l'ouvrir. Instantanément, Olkpat se gara sur un coin de route qui était fort heureusement déserte. Elle se détacha et couru tout relâcher dans un pan d'herbe non loin.

-Ne fais plus jamais ça! On n'ouvre pas une portière de voiture pendant qu'elle roule, c'est dangereux!, gronda Olkpat.

Elle lui lança un regard noir tandis qu'il la fit remonter dans la voiture. Elle ne se sentait certes, toujours pas en forme mais au moins, Olkpat conduisait plus doucement désormais.

-C'est normal, les perfusions provoquent des nausées, tu n'as pas à t'en faire, ce n'est pas agréable mais tu vas très bien t'en remettre.

Voyant qu'elle ne reprenait pas de couleur sur sa peau si pale, et qu'elle semblait toujours souffrir il lui conseilla de fixer un point jusqu'à la fin du trajet, et de ne plus regarder ailleurs.

À sa grande surprise, elle le fixa lui. Elle plongea son regard dans les yeux noirs d'Olkpat comme si elle pouvait voir à travers. Il s'efforça de continuer à regarder la route sans ciller. Lorsque la voiture s'arrêta enfin, elle se retrouva devant une somptueuse allée. Il y avait partout des statues de créatures qu'elle ne connaissait pas. Certaines étaient si grandes qu'il était impossible de voir leur tête. Des fleurs rouges s'enroulaient presque partout où elles pouvaient. De son pas claudiquant, elle se rapprocha d'une magnifique fontaine qui représentait une très belle femme qui versait de l'eau par un vase doré. Olkpat était resté un peu à distance, il ne voulait pas lui faire peur alors qu'elle s'intéressait à son nouvel environnement. Elle effleura la surface de l'eau du bout de ses doigts et plongea la tête dedans. Olkpat couru et la ramena vers lui d'un coup. Elle avait voulu boire l'eau et se rafraîchir. Elle se tourna vers lui, l'air énervé.

-Hé, tu ne peux pas boire cette eau, elle n'est pas propre.

Il l'attrapa par son uniforme de prisonnière et l'emmena dans une gigantesque salle. Il y avait dans un coin une télévision et de nombreux livres entreposés dans de petites

bibliothèques. On pouvait voir de nombreux poufs de toutes les couleurs qui avaient l'air étrangement confortables. La pièce était vraiment chaleureuse. De part et d'autre de l'immense salle, de nombreuses portes de bois se distinguaient du mur sur lesquelles des écriteaux indiquaient la fonction de la pièce. On y voyait des inscriptions telles que «infirmerie» ou bien «salle des professeurs». Plus loin, il avait un couloir sombre et au fond de la pièce des escaliers montaient vers le self. Fort heureusement, les bâtiments de l'école étaient vides car les élèves étaient en vacances. À moitié trempée, la jeune fille laissait une traînée d'eau derrière elle. Enfin Olkpat la traîna dans l'infirmerie. Elle se secoua pour enlever l'eau à la manière d'un chien mouillé. Quelqu'un éclata de rire et elle se redressa en position de défense. En homme d'une trentaine d'années se tenait devant elle, sa blouse à moitié fermée et ses long cheveux blonds lui donnant un air de personnage séduisant sorti d'une série médicale.

-Pourquoi es-tu toute mouillée?, demanda-t-il, toujours hilare.

Pour toute réponse, elle fronça les sourcils et recula de quelques pas en direction de la porte. Olkpat l'attrapa avant qu'elle ne fut trop loin.