Tous les soirs à la même heure,vers 18h30 environ, je vais à la plage pour regarder la mer.
Pour le son des vagues s'échouant sur le sable fin, pour le soleil couchant, pour le ciel tentée d'orange et de rose, pour les cris des mouettes et le rire lointain des enfants jouant sur le sable.Mais surtout pour elle.
Elle est là, tous les jours, elle aussi.
Je n'en sais pas beaucoup sur elle, pour ne pas dire rien du tout.Serviette bleue.
Elle a une serviette bleue.
Elle lis sur la plage, toujours le même livre. Une écharpe autrefois blanche, dont la laine usée par le temps recouvrait à peine son cou pâle.Elle est belle.
Pas belle comme dans les magasines, pas la beauté superficielle, refaite, stéréotypée et complètement absurde. Non, sa beauté à elle.
Unique et si discrète à la fois, mystérieuse et pourtant si révélatrice, éclatante mais si fragile.
Tellement elle. Je ne la connais pas mais je le sens.Elle vient toujours seule mais n'a pas l'air triste. Elle regarde les dernière personnes sur la plage avec une lueur nostalgique dans les yeux.
Après, elle replace toujours sa mèche rebelle derrière l'oreille et replonge dans sa lecture avec un léger sourire, à peine visible mais si... paisible.
Je ne lui ai jamais parlé, je suis bien trop maladroit et timide, je risquerai de la déranger.
Mais je me dis souvent qu'un soir viendra où à 18h30, elle ne sera pas là, plus là, à notre petit rendez vous secret, tellement secret qu'elle n'en est même pas au courant.Je n'aurais plus son petit sourire pour m'apaiser, ni son regard nouveau qu'elle pose sur chaques choses de ce monde, comme si elle se disait "la vie est belle".
Non, je n'aurais peut être plus ça.
Donc je me dis aussi que je devrais aller la voir pour lui souffler mon simple "Bonjour"...
Si simple mais si compliqué.Mardi, 18h30, j'arrive bien décidé à lui parler. Elle était là dans sa robe blanche légère, ses converses de la même couleur, ses yeux bleus translucides et ses cheveux bouclés noir ébènes, toute fluette. Belle.
À chaques fois que je la regarde, j'ai l'impression qu'elle est comme dans une bulle, comme si le temps s'arrêtait autour d'elle.
Juste le vent pour faire danser ses cheveux bouclés par l'air marin, juste le sable pour recouvrir ses pieds. Juste elle et la vie.
Je suis sûr qu'elle maîtrise le temps.Une mouette se pose alors juste devant moi en me regardant fixement.
Je la fixe à mon tour et pris ça comme un signe d'encouragement, qui n'en était surement pas un d'ailleurs.
Je me lève d'un bond et d'un pas qui se voulait décidé, je m'approchai d'elle, les jambes tremblantes d'appréhension.
Arrivé à sa hauteur, j'ouvris la bouche, le stress me tordant l'estomac. Il faut me comprendre, c'est le grand saut.
Conscient que j'était surement ridicule la bouche grande ouverte, je lui soufflai hâtivement mes quelques mots répétés maintes et maintes fois en l'attente de ce moment.- "S-salut, moi c'est Elliot"
Accompagnés de mon éternel sourire maladroit et bancal, la main tendue vers elle. Elle décrocha le regard de son livre puis leva lentement la tête vers moi. La bouche entrouverte, surprise et confuse à la fois, elle sembla finalement comprendre mon intention, souri, ferma doucement les yeux puis hocha la tête.
Elle était encore plus jolie de près.
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•La serviette bleue•
Short StoryIl était là, elle était là aussi. La plage témoin de leur rendez vous secret, tellement secret qu'elle n'en était même pas au courant. La difficultée pour lui, un simple mot, bonjour. Pour elle, tous les mots du monde, tout à dire. On nous dit souv...